Pour faire face à l’inflation du prix des fournitures scolaires, les parents d’élèves, à quelques jours de la rentrée, misent plus que jamais sur la récupération et la comparaison attentive entre les enseignes, expliquent-ils à l’AFP
« Je ne suis pas fixée sur un magasin: je suis comme un papillon, je vais là où c’est moins cher pour chaque article », plaisante Khedidja Rizk dans les rayons d’un magasin hard-discount Action du XIXe arrondissement de Paris. La mère de famille de 39 ans confie « rationner »: « J’ai acheté de nouveaux crayons de couleur, mais je ne lui donne que les couleurs qu’il a utilisées jusqu’au bout. »
Du haut de ses 10 ans, son fils, absorbé dans le choix d’une gourde, n’impose son choix que sur un article qu’il juge non négociable: son nouveau sac à dos de marque.
Cette année, son cartable coûte plus cher. Si l’inflation a ralenti à 4,3% en juillet selon l’Insee, elle touche les fournitures scolaires. Leur prix moyen payé en caisse fin juillet a grimpé de 8,9% par rapport à l’année précédente dans les grandes surfaces alimentaires, où sont achetés 9 articles sur 10, analyse le cabinet GfK, qui mentionne la flambée des cours du papier comme une des causes.
En plus de comparer davantage les prix et de privilégier les promotions, les familles ont aussi tout simplement réduit leurs achats de rentrée en juillet, de 12,4% en volume, et de 3,9% en valeur (139,4 millions d’euros de chiffre d’affaires) en comparaison de 2022, constate GfK.
« Plus qu’avant, on réutilise les fournitures de l’an passé: cette année, on n’a changé aucun stylo », déclare ainsi Anne-Lise Férat, 37 ans. Elle est vite interrompue par ses deux garçons de 7 et 10 ans, qui rentrent respectivement en CE2 et CM2, excités d’avoir trouvé de nouveaux classeurs dans un magasin de la marque de fournitures Bureau Vallée, à Dijon (Côte-d’Or).
-Strict nécessaire-
Abdel Gaougaou, lui aussi, a fait jouer la concurrence: « On commence par les magasins les moins chers », explique-t-il, penché dans les bacs de pochettes plastiques du magasin Action de Chenôve, en banlieue de Dijon. « Désormais, on ne va dans les magasins spécialisés que si on n’a pas trouvé. Avec le budget serré qu’on a… », explique le père de famille de 54 ans, venu avec sa fille collégienne.
Adrien Peyroles, qui dirige l’enseigne spécialisée Bureau Vallée indique à l’AFP avoir constaté une fréquentation en hausse de 11,5%, pour un panier moyen avoisinant les 40 euros, en baisse de 5% entre la dernière semaine de juin et le 20 août, par rapport à la même période de l’année précédente.
En parallèle, « la seconde main devient de plus en plus un réflexe anti-crise », assure Armando Pastor, directeur marketing de la plateforme d’e-commerce Rakuten. Il observe « une hausse du nombre d’articles de seconde main vendus cette année à la rentrée par rapport à l’année dernière sur la même période » en ce qui concerne la papeterie (+11%), ou les équipements de bureau comme les agrafeuses (+10%).
Plusieurs villes vont plus loin en distribuant des kits de fournitures scolaires gratuits, comme Lille (Nord), Marseille (Bouches-du-Rhône), ou encore des municipalités de la région Ile-de-France comme Clichy-sous-Bois ou Vitry-sur-Seine.
Des opérations d’achats groupés, où les familles passent commande auprès d’un même fournisseur pour réduire les coûts, existent également à l’échelle des départements et d’organisations comme la Fédération des Conseils de Parents d’Elèves (FCPE).
« Chaque établissement scolaire devrait fournir à ses élèves le matériel nécessaire de la maternelle au lycée dans toutes les matières », comme c’est déjà le cas pour les manuels scolaires, milite Grégoire Ensel, président de la FCPE, interrogé par l’AFP. Il imagine par exemple un forfait par élève versé par l’Etat.
Un projet de « trousseau » scolaire gratuit avait bien été évoqué l’année dernière par le gouvernement, mais à ce stade, il reste au point mort.
AFP