Saint-Denis de la Réunion (AFP) – Plus de 5.000 oursins bleus noirs (echinothrix diadema) ont été retrouvés morts sur les plages de l’ouest de l’île de La Réunion depuis le mois de juillet, une surmortalité qui pourrait être due à un parasite, mais les scientifiques restent prudents.
La première alerte a été donnée le 24 juillet par des plongeurs, après l’observation d’une centaine d’oursins morts au large de la côte ouest.
« Le pic a été atteint le week-end du 15 août », précise à l’AFP Brice Cauvin, de la Réserve naturelle marine de La Réunion.
Les oursins morts ont été retrouvés « sur toute la partie nord du récif coralien, qui s’étend sur six à huit kilomètres de long », note-t-il.
Cette surmortalité frappe une seule des 41 espèces d’oursins vivant dans les eaux réunionnaises.
Ces invertébrés agissant comme des régulateurs de l’écosystème en se nourrissant d’algues poussant sur les coraux, la situation inquiète les scientifiques.
« La multiplication des morts peut entraîner un dérèglement de l’écosystème et la prolifération des algues », détaille Jean-Pascal Quod, biologiste marin spécialiste en océanologie médicale.
Cette surmortalité arrive alors que les récifs coraliens de cette île française de l’océan Indien sont de plus en plus menacés par « la pollution au nitrate et au phosphate », « un déséquilibre écologique avec des algues qui privent de lumière les coraux », déplore Brice Cauvin.
Les scientifiques n’ont pas encore déterminé les raisons de cette surmortalité.
Mais « la présence du parasite « Philaster sp », identifié pour la première fois dans l’île, a été confirmée après analyse des oursins morts » note Jean-Pascal Quod.
Cette présence, une première à La Réunion, constitue « l’hypothèse la plus probable pour expliquer cette surmortalité », estime le scientifique.
Mais « tant que nous n’aurons pas fait les travaux de biologie moléculaire, nous ne pourrons pas garantir que c’est bien ce parasite qui est le responsable principal de ces morts », insiste-t-il.
Identifié dans plusieurs régions et pays, notamment aux Antilles et en Israël, ce parasite « met en péril l’immunité de l’oursin en provoquant un dérèglement de sa physiologie. L’oursin perd de la vitalité, ses épines tombent et il finit par mourir », décrit Jean-Pascal Quod.
« On ignore pour l’instant comment le parasite est arrivé dans l’île: cela peut venir des vidanges des réservoirs d’eau de bateaux, d’algues, de micro-plastiques », liste-t-il.
Si la responsabilisé du parasite dans la surmortalité était confirmée, « aucune solution n’existe pour le combattre », relève le biologiste. « Il faudra accepter cette pathologie, il faudra que les oursins s’adaptent », prévient-il.
AFP