La Banque Africaine d’Import-Export (Afreximbank) a célébré en grande pompe son 30ème anniversaire du 18 au 20 juin 2023 à Accra, au Ghana, là où elle avait réalisé sa première transaction sur le cacao ghanéen. Ce retour dans la capitale ghanéenne, tout un symbole, ouvre des perspectives optimistes dans la marche du commerce intra-africain, avec pour l’occasion, des outils clés en main pour une mise en œuvre réussie de la Zone de libre-échange continental africain (Zlecaf).
Le président de la Banque Africaine d’Import-Export (Afreximbank) a annoncé la mise en œuvre prochaine de la domestication de tous les paiements intra-africains et leur extension à la Communauté caribéenne (Caricom) qui bientôt va adopter le Système panafricain de paiement et de règlement (Papps) comme infrastructure de paiement préférée.
Cette annonce du Pr Benedict Oramah faite à l’ouverture officielle des festivités du 30ème anniversaire de l’institution ce lundi 19 juin 2023 à Accra, a fait exulter des panafricanistes comme Wole Soyinka qui a effectué le déplacement d’Accra pour rappeler à la jeune génération l’esprit qui animait les concepteurs du développement du continent par ses ressources et sa souveraineté monétaire.
Beaucoup d’observateurs ayant pris part à ces assises de la capitale ghanéenne se disent optimistes et y voient un début de la concrétisation de la Zone de libre-échange continentale (Zlecaf) et l’ouverture vers les autres diasporas africaines. Ceci est d’autant plus vrai que l’Association des banques centrales africaines travaille d’arrache-pied pour une intégration complète des économies africaines et CARICOM.
Le patron d’Afreximbank se réjouit du fait que le système Panafricain de paiement et de règlement (Papss) soit opérationnel. Ce qui, à son avis, permettra au continent d’économiser cinq milliards de dollars américains en transferts intra-africains.
Ils y avaient greffé la nécessité de développer les échanges intra- africains par l’organisation et la participation aux foires et expositions africaines et par l’octroi de facilités de transport et de transit, sans oublier la nécessité de libérer progressivement les monnaies nationales de toutes les attaches extérieures non techniques et de créer une zone monétaire panafricaine.
C’est dans ce cadre que l’institution panafricaine d’import-export a organisé et participé à introduire des foires commerciales intra-africaines biennales (Iatf , notamment en 2018 en partenariat avec l’Union africaine).
Elle a également préfinancé l’organisation des salons, dont deux se sont tenus au Caire, en Egypte et à Durban, en Afrique du Sud, attirant un total d’environ 40 mille visiteurs et environ 75 milliards de dollars de transactions.
Avec l’adhésion du secrétariat de la ZLECAf au partenariat après sa création, souligne M. Oramah, l’Iatf, baptisée le marché de la zone de libre-échange, est devenu le plus grand rassemblement d’entreprises et de commerçants africains. D’ailleurs, il annonce que la troisième édition se tiendrait au Caire du 9 au 15 novembre 2023.
Selon lui, parce que l’Afrique avait Afreximbank, qu’un système régional intégré de garantie de transit pour le continent a vu le jour, pour faciliter la circulation des marchandises à travers les 110 frontières qui cloisonnent l’Afrique.
Dans le cadre du programme, poursuit-il, les marchandises pourraient traverser plusieurs frontières africaines sous une seule obligation de transit, ce qui réduirait considérablement les retards aux frontières et les coûts de transit.
Le plaidoyer de Dangoté, Nana Akufo-Addo, Mahamadou Issoufou, Didier Drogba…
Après 30ème années d’exercice d’Afreximbank, une nouvelle fenêtre s’ouvre ainsi sur les échanges intra-africains.
Compte tenu du contexte actuel marqué par des crises comme la Covid-19, la guerre en Ukraine, entre autres, des figures africaines jugent nécessaire la réussite de la ZLECAf.
Aliko Dangote estime que « l’Afrique doit impérativement réussir la ZLECAf ». Le président de Dangote Group pense que cette initiative africaine qui commence à porter ses fruits est la voie du salut pour atteindre les Objectifs de développement et de résilience économique à l’aide du commerce.
L’ancien président du Niger, Mahamadou Issoufou, toujours engagé dans les combats en faveur de l’Afrique, s’est félicité du coup d’accélérateur que la ZLECAf va donner à l’ambition de réaliser une souveraineté alimentaire dans le continent. « Il est temps ( clame-t-il) « que le continent puisse se nourrir, et qu’une concentration sur l’agriculture et l’agro-industrialisation conduirait également à la création d’emplois ».
Ce « champion de la ZLECAf » a ainsi félicité Afreximbank pour son soutien au projet de la zone de libre-échange. Il rappelle que la ZLECAF qui a un volet fourniture de personnel indispensable, et le Fonds d’ajustement de la ZLECAf pour aider les pays à s’adapter à l’initiative continentale et à améliorer leur capacité à être compétitifs dans le nouveau régime commercial, a bénéficié d’un appui de la banque à hauteur de 1 milliard de dollars.
D’ailleurs, le président de la République du Ghana requinqué par l’initiative a promis de soumettre à ses pairs africains la question de renforcer la coordination entre les institutions financières africaines pour mieux répondre aux aspirations des populations.
Dans cette foulée, le chef de l’État du Ghana appelle la Commission de l’Union africaine à faire de sorte qu’Afreximbank soit admise à un statut spécial à l’UA en reconnaissance de son rôle et de ses contributions au continent.
La facilité de liquidité et de durabilité (LSF) pour l’attractivité des obligations africaines
Dans la marche pour le développement du commerce intra-africain, la rencontre d’Accra a vécu la présentation de la facilité de Liquidité et de durabilité (Lsf).
Selon les services d’Afreximbank, la LSF vise à uniformiser les règles du jeu en matière d’investissement en Afrique, en garantissant que les investisseurs en euro-obligations africaines bénéficient de la même infrastructure financière que les pays les plus développés.
L’objectif est de rendre les obligations africaines plus attractives en augmentant la liquidité et la profondeur du marché des obligations souveraines, afin de contribuer ainsi à réduire les taux d’intérêt et le coût de la dette.
Cet instrument traitera exclusivement avec des contreparties établies dans des juridictions reconnues, de très haute qualité et à la réputation avérée, y compris des compagnies d’assurance, des banques, des fonds de pension, des sociétés de gestion d’actifs et des fonds d’investissement publics et privés.
Il effectuera des transactions en utilisant la documentation standard de l’industrie. Il agira de manière indépendante et non en tant que teneur de marché ou en tant que preneur de dépôt, fonds ou fournisseur de services d’investissement.
Il cherchera à contribuer à créer un cercle vertueux pour l’Afrique en soutenant la liquidité des euro-obligations souveraines africaines et en encourageant les investissements verts et liés aux Objectifs de développement durable (Odd).
Quand Afreximbank entre dans le monde l’assurance
Après 30 ans d’exercice dans le secteur bancaire, la Banque africaine d’import-export, Afreximbank, investit un nouveau créneau et explore le secteur des assurances. C’est dans ce cadre que Afrexim Insurance Management Company « AfrexInsure » a été lancée le 18 juin 2023, dans la capitale ghanéenne en marge du 30ème anniversaire de l’institution.
Les observateurs interpellés sur la pertinence de ce choix pensent que cette nouvelle dynamique s’impose dans un contexte marqué par la rareté des ressources. Une situation imposée par la kyrielle de crises qui ont pour noms Covid-19, crise ukrainienne, changements climatiques, sécurité alimentaire…
Cette posture d’Afreximbank sonne comme une démarche pour s’adapter en adoptant une logique de diversification des sources de revenus. Ceci explique d’ailleurs la floraison de nouveaux véhicules de financement qu’offrent le secteur financier et celui des assurances.
Cette nouvelle fenêtre ouverte va ainsi permettre à cette institution panafricaine de mieux jouer son rôle dans la marche vers la réalisation des objectifs fixés à travers l’établissement de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).
De l’avis du Pr Benedict Oramah, président du conseil d’administration d’Afreximbank, même si l’ambition de créer un marché africain intégré dans le cadre de la ZLECAF aidera à démanteler un certain nombre d’obstacles au commerce intra-africain, tels que les droits de douane et les barrières non tarifaires, une contrainte majeure continue de limiter l’expansion du commerce africain à savoir, des produits d’assurance adaptés.
Pour lui, l’option de lancer « AfrexInsure » qui est un outil clé de gestion du commerce permettant aux entreprises de poursuivre des stratégies commerciales ambitieuses en réduisant les risques, aura une influence significative sur la stimulation du commerce africain.
Ce produit d’assurance et de réassurance sur mesure pour l’Afrique appelé à contribuer à la réduction du risque de transactions ou d’investissements, veut faire avancer la stratégie commerciale pour ceux qui sont engagés dans le commerce intra-africain et permettre aux partenaires mondiaux de promouvoir leurs intérêts et ambitions commerciaux en Afrique.
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