Michel Drucker et Dany Saval : « Notre force, c’est notre famille unie »

Michel Drucker et sa femme Dany Saval en vacances dans leur propiété d'Eygalières le 1er Juillet 1998.

Depuis cinquante ans, elle veille sur lui. Cinq mois après une seconde opération du cœur, l’infatigable animateur revient à la télévision. Pour la première fois, sa femme sort de l’ombre et évoque avec lui cette convalescence, mais aussi leur garde rapprochée et leurs nouveaux horizons.

Pour ce fou de sport, c’est le combat le plus dur de sa carrière. Le 27 août, Michel Drucker retrouve le canapé rouge de Vivement dimanche*. « On a beau dire que notre métier, ça ne se perd pas, ça fait des mois que je n’ai pas parlé au public. Et je me sens mieux mais je vais quand même avoir 81 ans« , rappelle l’animateur en nous accueillant au sommet de son triplex parisien, dans son petit bureau-salle de sport avec vue où il se remet en condition, après une endocardite infectieuse de la valve mitrale qui lui a valu une nouvelle opération à cœur ouvert.

Pour cette première, il sera entouré de Laurent Gerra, Michèle Bernier et Anne Roumanoff. Des fidèles de trente ans. Fidélité, durée : deux mots qui résument le « taulier de la télé« . Deux étages plus bas, nous croisons Claude, l’homme qui veille sur son quotidien depuis le début des années 80. Et retrouvons Dany Saval, la femme qui partage sa vie depuis 1972. Tout a été tellement chamboulé ces derniers mois qu’elle a accepté ce qu’elle avait toujours refusé : une interview en couple.

GALA : Michel, après votre opération de mars dernier, vous aviez perdu 10 kilos et votre pronostic vital était engagé…
MICHEL DRUCKER
 : Je n’avais pas faim, rien ne passait. Les médecins m’ont dit : « Si vous ne vous alimentez pas, vous allez mourir. »

GALA : Dany, vous avez eu peur qu’il ne s’en sorte pas ?
DANY SAVAL
 : Non, parce que personne ne m’a dit la vérité. Ma fille Stéfanie, qui allait le voir tous les midis, avait dû demander aux médecins de me la cacher. Moi, je venais le soir avec Claude lui porter son dîner, vers 18 h, où l’on ne croisait plus personne.

M. D. : Moi, honnêtement, j’ai cru que j’étais cuit. J’ai mis un mois à pouvoir m’asseoir dans un fauteuil, et deux mois à aller sous la douche. Quand j’ai pu y aller seul, j’ai enfin osé essuyer la buée sur la glace et je n’ai pas reconnu l’homme que je voyais : j’étais devenu un fantôme. Sans Dany, sans Stéfanie, qui a su gentiment me bousculer pour que je remange, je ne m’en serais jamais sorti.

GALA : Votre fille, pendant votre convalescence à la clinique Bizet, a eu l’idée d’afficher sur le mur de votre chambre un « peloton des copains ». De quoi s’agissait-il ?
M. D.
 : Stéfanie a été formidable, elle a mis sa brillante carrière de décoratrice de théâtre entre parenthèses pour s’occuper de moi. Elle avait demandé à une cinquantaine de copains du métier d’envoyer des photos dont elle a tapissé l’un des murs : Sophie Marceau, Jean-Claude Killy, Muriel Robin, Nikos… Un autre était dédié à ma famille et un troisième à mes anges gardiens : le professeur Albert Hagège, de l’Hôpital Georges Pompidou, Paul Achouh, le chirurgien qui m’a opéré, et Marc Dufour, mon médecin rééducateur.

D. S. : Il y avait même une photo de sa chienne Isia. Comme ça, quand il se réveillait le matin, Michel avait autour de lui tous ceux qui l’aiment et lui disaient : « Tu vas t’en sortir, on est tous près de toi. »

GALA : Est-ce à Rebecca, votre petite-fille de 27 ans, qu’on doit ces vidéos qui ont rassuré vos fans sur Instagram ?
M. D
. : A elle et Stéfanie, car je ne connaissais rien à Instagram. Rebecca a aussi un œil sur mon look. Elle a travaillé pendant quatre ans aux relations publiques d’Azzedine Alaïa. Pendant le shooting pour Gala, elle me disait « papy, mets ceci, mets cela ». C’est elle aussi qui m’a converti aux baskets Jordan.

D. S. : Ah ! Oui, les baskets ! [Elle éclate de rire.]

M. D. : Aujourd’hui, elle démarre une carrière de comédienne et, comme tous les membres de la famille, comme mes nièces Léa et Marie, elle veut réussir seule. Cet été, elle travaille à Eygalières dans un restaurant, à l’accueil des clients.

« Nous sommes encore plus proches qu’avant »

GALA : C’est dans ce village de Provence que vous possédez une propriété depuis une trentaine d’années, et avez encore passé votre été. Dany, maintenant que Michel est malheureusement privé de vélo, de pilotage, est-ce que vous l’avez « retrouvé » ?
D. S
. : Eygalières, c’est notre paradis. C’est aussi celui de la soixantaine d’animaux que j’y ai recueillis avec mon association, LI-ZA** : ânes, chèvres, poules, chiens, chats… A ses débuts, Michel m’avait dit « si un jour je réussis, je t’offrirai un terrain pour tes animaux. » Il a fait plus que tenir sa promesse puisqu’il m’a aussi offert une maison, voisine de la nôtre, où logent la gardienne et les animaux. Tous les soirs, vers 18 h 30, j’ai l’habitude d’aller donner des gâteries à nos pensionnaires. Eh bien, cette année, Michel m’accompagnait chaque fois, il adorait ça.

M. D. : Le matin, quand Dany dormait encore et que je partais faire mon heure de marche avant les grandes chaleurs, je passais aussi leur dire bonjour. C’est apaisant, de regarder les animaux. Mais j’ai aussi découvert… ma maison. Pendant un mois et demi, j’ai pris le temps de parcourir cette propriété, de regarder autour de moi la nature, les arbres. Pour la Toussaint, on a déjà prévu de revenir huit jours pour ramasser les olives. Ma maladie, ça a tout changé.

D. S. : Nous sommes encore plus proches qu’avant.

GALA : Et vous avez eu des visites ?
M. D.
 : On n’a vu presque personne car ça avait beau être les vacances, ma convalescence m’imposait une discipline « militaire ». Olivier Minne est venu la veille de notre départ, il a une maison à 30 km. Michel Leeb et sa femme, qui allaient voir des amis dans la région, m’ont demandé à passer. Gérard Holtz aussi. Mais sinon, on était seuls avec Dany, Stéfanie, Rebecca. Et cette solitude m’a laissé beaucoup de temps pour réfléchir à mon avenir…

GALA : Le 28 juillet, c’était les 50 ans de votre mariage à Las Vegas. Avez-vous célébré cette date ?
D. S. 
: Non, on n’est pas très anniversaires…

M. D : Dany et moi, on a le même âge, et la même angoisse du temps qui passe. A nos âges, comme disait Thierry Le Luron dans un sketch sur Line Renaud et Loulou Gasté, « il y a plus de bougies que de gâteau » !

D. S. : Et en fait, on s’est rencontrés l’année d’avant, en 1972. Je vivais alors à Los Angeles, j’étais sous contrat avec la Paramount et Disney. Mais Claude François m’avait demandé de venir en France jouer des sketchs dans une émission qu’il coprésentait et s’intitulait Avec le cœur.

M. D. : Titre prémonitoire !

D. S. : La veille du premier enregistrement, il a réuni tout le monde autour d’une grande table ovale. J’étais à un bout avec Jean Lefèbvre, Claude à l’autre avec un gars qui n’arrêtait pas de me regarder. J’ai demandé à Jean « qui c’est ? » Il m’a répondu « Mais enfin, tu ne connais pas Michel Drucker ? » J’habitais les Etats-Unis et ne regardais pas la télé française. Michel m’a raccompagnée en voiture et, le soir-même, il m’a rappelée en me disant « vous êtes la femme de ma vie ». Quand j’y repense… qu’est-ce qui t’a pris ? [Rires.]

M. D. : J’étais visionnaire. Ce que je ne savais pas, c’est que Claude avait aussi des vues sur elle, il m’a fait la gueule pendant deux ans. Dany n’a jamais été une groupie. A l’époque, elle connaissait même le métier mieux que moi…

D. S. : J’avais tourné des films et mis de l’argent de côté, j’avais une maison en Californie, une en Normandie. Michel, lui, n’avait rien. Il vivait dans un studio et il s’est installé dans l’appartement que je louais à Paris. Je t’ai même prêté de l’argent… que tu ne m’as pas rendu ! [Elle éclate de rire.]

GALA : Vous étiez une comédienne de 30 ans promise à un bel avenir. C’était une sacrée preuve d’amour, de passer dans l’ombre pour qu’il prenne à son tour la lumière, non ?
D. S.
 : Mais non, je ne me suis pas sacrifiée. D’ailleurs, je n’ai jamais regretté d’avoir arrêté ma carrière. Mon rêve, c’était de devenir danseuse étoile. Je suis montée sur scène dès 8 ans. A 16 ans, je dansais dans un ballet au Moulin-Rouge qui a été engagé par la télévision américaine. Mais j’étais mineure et n’ai pas pu le suivre. Issue d’une famille modeste et nombreuse, je me retrouvais d’un coup sans travail. C’est comme ça que j’ai commencé comme figurante au cinéma, par nécessité.

« Elle me prend depuis toujours pour un gamin totalement immature »

GALA : Quand vous avez rencontré Michel, vous aviez donc déjà une longue expérience et pas vraiment la vocation ?
D. S
. : C’est ça, je n’étais pas une grande passionnée. Pour que Michel puisse se donner à fond dans un tel métier, il fallait qu’il ait une vie personnelle équilibrée. Si j’avais continué les tournages, je me serais absentée des jours entiers, et il est incapable de vivre seul, il a besoin qu’on s’occupe de tout pour lui.

M. D. : [faussement contrarié] Elle me prend depuis toujours pour un gamin totalement immature. Mais c’est vrai que je lui téléphone dix fois par jour et que je l’appelle « maman » !

D. S. : Moi aussi, je t’appelle « papa ».

GALA : Michel, vous évoquiez votre réflexion sur l’avenir. Vous avez déclaré qu’après les prochains JO de Paris où vous animerez un talk-show avec Léa Salamé, vous songerez à tirer votre révérence en 2025. Dany, après ses ennuis de santé, vous le poussez à lever le pied ?
D. S
. : Non.

M. D. : Comment ça, non ? Ça fait trois ans que tu me dis « quand est-ce que tu t’arrêtes ? »

D. S. : Mais je ne te pousse pas, je te pose juste la question. Disons que je pense qu’à un moment donné, arrivé à un certain âge, c’est raisonnable d’arrêter. Le problème de Michel, c’est qu’il aime le public. Et il ne pense qu’à une chose – et j’espère qu’il pourra le faire – c’est reprendre son spectacle parce que le public est là, devant lui. Il ne peut pas s’en passer.

GALA : Mais s’il arrête demain, vous ne redoutez pas de l’avoir avec vous toute la journée ?
D. S.
 : Non parce qu’on vit déjà chacun notre vie au même endroit. A Paris, l’appartement a trois étages et à Eygalières, la maison est grande.

M. D. : Et moi, je suis moins angoissé à l’idée de quitter ce métier depuis que j’ai passé ce mois et demi en Provence avec toute la famille. Vous ne pouvez pas savoir le bonheur que ça a été.

D. S. : Notre force, c’est notre famille unie.

GALA : Y a-t-il un rêve que le travail vous a empêché de réaliser ?
M. D.
 : Passer plus de temps à Eygalières, justement.

D. S. : Maintenant qu’il a découvert sa maison, et apprécié des choses qu’il ne faisait pas avant, Michel m’en parle tout le temps. L’idéal serait de se partager, de vivre moitié à Paris et moitié dans le Sud.

GALA : Michel, qu’aimeriez-vous dire à la « femme de votre vie » ?
M. D.
 : Merci, Dany. Sans toi, je n’aurais pas fait la même carrière. Et sans toi, sans Stéfanie, sans mon frère Jacques qui appelait le pr Hagège tous les jours, sans ma nièce Marie que je n’avais pas vue depuis longtemps et qui a été présente à mes côtés, sans ce confort sentimental et affectif, j’y laissais ma peau…

gala

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