En Espagne, quatre employés ont continué de travailler pendant plus de 2 heures à côté du corps sans vie de leur collègue victime d’un arrêt cardiaque. L’entreprise nie toute pression et évoque un cas isolé.
C’est une scène digne d’un film d’horreur qui s’est déroulée fin juin dans les locaux de Konecta, une multi-nationale espagnole spécialisée dans les centres d’appels.
Selon le journal El País repris par nos confrères du Parisien, plusieurs employés ont continué de travailler alors qu’une de leur collègue venait de faire une crise cardiaque à côté de son bureau. Quatre d’entre eux seraient même restés plus de deux heures, ignorant le cadavre recouvert d’un drap.
Une situation chaotique
La victime, Inma, était âgée de 57 ans et travaillait depuis 15 ans pour la société. Aux alentours de 12h30, elle a fait un malaise et s’est effondrée sur le sol. Les secours sont intervenus rapidement mais ils n’ont malheureusement pas réussi à la réanimer. Les témoins cités par El País ont décrit une situation chaotique où certains collègues se sont levés sous le choc tandis que d’autres « ne levaient même pas les yeux ».
Un employé aurait même demandé à rentrer chez lui mais sa hiérarchie lui aurait refusé arguant que son travail était « un service essentiel ». Ce n’est qu’à 14 heures, soit plus d’une heure après le décès d’Inma, qu’une responsable du groupe Konecta est arrivée sur place et a ordonné aux employés encore présents de quitter les lieux.
Mais à 15h10, Miguel Ángel Salinas, délégué CGT (Confederación general del trabajo) à la prévention des risques professionnels, a constaté avec stupeur que 4 employés étaient encore en train de travailler à quelques mètres du corps sans vie de leur collègue. Il leur a demandé s’ils se sentaient bien. L’un d’eux lui aurait répondu : « Je finis ça et je m’en vais ».
Des conditions précaires et stressantes
Cette affaire a suscité une vive indignation en Espagne où les conditions de travail dans les centres d’appels sont souvent dénoncées comme précaires et stressantes. Interrogé par El País, un porte-parole de Konecta a assuré que « personne n’a été forcé de travailler à côté du cadavre » et que « c’est un cas isolé qui ne reflète pas la réalité de l’entreprise ».
Il a aussi affirmé que la société en question avait pris des mesures pour soutenir les proches de la défunte et les employés affectés par le drame. Selon le porte-parole, l’entreprise aurait aussi autorisé le télétravail pour ceux qui le souhaitaient et un service psychologique a été mis en place. « Nous prenons grand soin des personnes qui travaillent pour nous. Ils sont pris en charge et appréciés », a-t-il déclaré.
La CGT, quant à elle, a dénoncé une situation « inhumaine » et « intolérable ». Elle a accusé Konecta de mettre une pression excessive sur ses employés et de les traiter comme des machines. Elle a réclamé une enquête sur les circonstances du décès d’Inma et sur les responsabilités éventuelles de l’entreprise.
El Pais