Temu : c’est quoi ce nouveau site chinois qui cartonne en France ?

La plateforme Temu vient de se hisser en tête des téléchargements d’applications gratuites en France. On décrypte le phénomène.

Depuis déjà plusieurs jours, l’application gratuite la plus téléchargée en France n’est ni TikTok ni le dernier jeu à la mode. Il s’agit de Temu, une plateforme marchande aux ambitions colossales, qui propose aux internautes de s’offrir à peu près tout et n’importe quoi, à des prix défiant toute concurrence. Derrière son slogan “Shop like a billionnaire”, le site entend remplacer AliExpress dans le cœur des consommateurs en brandissant un argument imparable : ses prix sont si bas, qu’il est possible de tout acheter, sans se ruiner.

Comme sur AliExpress et Wish avant son éviction de France, Temu mise sur des tarifs ultra-agressifs pour séduire son audience. Sur la page d’accueil du site, les “promos de rentrée” jusqu’à -90% se heurtent aux ventes flash et aux déstockages. Les mannequins aux corps retouchés à la truelle exhibent fièrement gratte-dos en plastique, gadgets improbables et accessoires douteux, vendus à partir de quelques centimes d’euros. Derrière la plateforme, on retrouve le groupe Pinduoduo, installé en Chine depuis 2015 et principal concurrent d’Alibaba (la maison mère d’AliExpress).

Un succès international inédit
Contrairement à AliExpress, dont l’usage reste encore timide hors de son pays natal, Temu a réussi un coup de maître, en jouant sur les réseaux sociaux et les placements de produits pour s’exporter massivement à l’international. À l’image de TikTok et Shein, l’entreprise chinoise s’est transformée en quelques mois en véritable succès occidental. En 2022, elle devient l’application la plus téléchargée des États-Unis, avant de récidiver en France à l’été 2023.

Mais controversé
Malgré la mauvaise presse dont souffrent bon nombre d’entreprises chinoises (notamment sur la question des données personnelles), Temu a réussi à s’imposer chez les internautes français. Comme ses compatriotes, il n’a cependant pas fallu attendre longtemps pour que les premières inquiétudes se fassent ressentir.

Comme Shein avant lui, Temu est accusé outre-Atlantique “d’exploiter les failles commerciales pour importer des marchandises sans payer de droits d’importation ou sans soumettre les cargaisons à des contrôles en matière de droits de l’homme“, estime la commission spéciale de la Chambre des représentants. En attendant de savoir comment l’entreprise gère les informations sensibles de ses clients (adresse, téléphone, mails, mais aussi numéro de carte bleue…), Temu a désormais pignon sur rue.

En plus de devoir montrer patte blanche, Temu va devoir devenir rentable. L’entreprise a misé gros sur son exportation internationale, et va rapidement devoir diversifier son catalogue, en proposant par exemple des smartphones ou objets connectés de grandes marques pour compenser sa position tarifaire trop agressive, qui peinera à s’équilibrer sur le long terme. Car c’est bien sur la durée que l’entreprise doit s’imposer, pour espérer rivaliser avec Amazon et AliExpress.

Le Monde

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