Dans le sud de l’Angleterre, les pompiers se préparent à des incendies plus fréquents

Dans un centre d’entraînement de l’armée dans le Surrey, dans le sud-est de l’Angleterre, une petite équipe de pompiers s’entraîne à lutter contre un nouvel ennemi: le réchauffement climatique, qui accroît le risque des feux de forêts.

Les pompiers de ce comté ont investi dans de nouveaux équipements et se forment à de nouvelles techniques de lutte contre le feu pour répondre à cette menace qui grandit à mesure que le climat du Royaume-Uni devient plus sec.

L’été dernier, au moment où le pays a connu des températures et une sécheresse record, cette région a subi un des pires feux de forêt de son histoire. Et certains incendies s’y produisent désormais aussi en dehors de la période estivale.

« Nous traitons désormais les feux de forêts comme des incidents banals », explique à l’AFP Matt Oakley, enquêteur spécialisé dans les incendies dans le Surrey, pendant que des collègues inspectent leurs nouveaux équipements sur ce site, ravagé l’an dernier par un incendie.

« Et les conditions vont devenir de plus en plus extrêmes dans les deux prochaines décennies », affirme-t-il.

Une équipe de pompiers dans un centre d'entraînement de l'armée dans le Surrey, dans le sud-est de l'Angleterre, le 24 août 2023 (AFP - Daniel LEAL)
Une équipe de pompiers dans un centre d’entraînement de l’armée dans le Surrey, dans le sud-est de l’Angleterre

Dans une étude publiée le mois dernier, l’agence nationale de météorologie (Met Office) a averti que les températures très élevées qu’a connu le pays à l’été 2022 seraient beaucoup plus fréquentes et intenses à cause du réchauffement climatique.

Les risques d’incendies vont donc s’accroître un peu partout dans le pays.

Au pic de la vague de chaleur de l’an dernier, un incendie a ainsi dévasté 40 hectares à l’est de Londres, endommageant 17 maisons ainsi que d’autres bâtiments et des véhicules. Une catastrophe inédite dans le pays, où on considérait jusqu’ici que les feux de forêts étaient l’apanage du sud de l’Europe ou de l’Australie.

Mais pour Matt Oakley, qui conseille d’autres services de soldats du feu ailleurs au Royaume-Uni, ce qui s’est passé dans l’est de Londres « peut se produire presque partout » où ville et végétation se côtoient.

« Nous sommes une île très peuplée… la nature et la population interagissent, et dans cette situation la possibilité d’un incendie est toujours là », insiste-t-il.

Depuis l’an dernier, les pompiers du Surrey ont investi 1 million de livres (1,17 million d’euro) supplémentaires dans la prévention des incendies et les moyens de lutte contre le feu.

Le service, qui possède quatre stations de lutte contre les feux de forêt sur les 1.679 km2 du comté, y organise désormais régulièrement des exercices.

Il dispose de quatre véhicules spécialisés capables de projeter 1.500 litres d’eau par minute à 60 mètres de distance, et de 25 camions équipés pour la lutte contre les incendies.

Les hommes eux ont été dotés de nouvelles vestes, lunettes et casques adaptés aux conditions extrêmes.

Et le service a développé des dizaines de « plans de gestion des risques » pour les différentes parties de ce comté boisé.

– Prévention –

Si le climat plus tempéré de cet été à réduit le risque de départ de feux, les pompiers du Surrey voient avec inquiétude le développement massif de la végétation du fait des récentes pluies.

« Quand cela sèche, ça fait plus (de matière) susceptible de brûler », explique Davi Nolan, commandant d’une unité.

« Nous avons simplement augmenté le risque pour les années à venir », insiste-t-il, ajoutant que des feux d’herbes se produisaient désormais même au coeur de l’hiver.

Une caméra thermique pointée devant un barbecue jetable dans le cadre d'un entraînement des pompiers dans le Surrey, dans le sud-est de l'Angleterre, le 24 août 2023

 (AFP - Daniel LEAL)
Une caméra thermique pointée devant un barbecue jetable dans le cadre d’un entraînement des pompiers dans le Surrey, dans le sud-est de l’Angleterre

Les pompiers mettent aussi l’accent sur la prévention, expliquant aux propriétaires l’importance de réaliser des coupe-feu dans leurs bois.

Marli Holland fait aussi le tour des écoles et d’autres lieux pour éduquer aux risques d’incendie.

Sur le site militaire, l’équipe déploie maintenant une caméra thermique pour mettre en évidence l’effet prolongé d’un barbecue sur le sol.

La température indique 170°C encore une demi-heure après que le barbecue a été enlevé.

« Si vous pouvez prendre un pique-nique plutôt que faire un barbecue, vous éliminez le risque. Ne faites pas de feux de camps et ramenez vos déchets chez vous. Ce message simple peut, on l’espère, réduire le risque des incendies », explique Marli Holland.

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