Un éboulement spectaculaire de rochers en vallée de Maurienne (Savoie) après un épisode caniculaire suivi de fortes pluies a entrainé une suspension du trafic ferroviaire et des poids lourds sur un axe majeur entre la France et l’Italie du Nord.
Le retour à la normale pourrait prendre plusieurs jours, selon les autorités, et le secteur demeurait sous surveillance lundi dans l’attente du déblayage.
Dimanche vers 17H15, « plusieurs blocs de rochers représentant un volume d’environ 700 m3 » ont percuté l’écran de protection installée sur la RD 1006, dans un « secteur particulièrement surveillé » sur la commune de Saint-André, à La Praz, a expliqué la préfecture de Savoie dans un communiqué.
L’éboulement est survenu lors d’un « épisode pluvieux avec des ruissellements importants qui a suivi un épisode caniculaire dans toutes les Alpes », a expliqué Denis Roy, responsable du centre de montagne Alpes du Nord de Météo France.
Sur des images diffusées sur les réseaux sociaux, on peut voir un important panache de poussière basculer d’une falaise et s’abattre sur la départementale jouxtant la voie ferrée et l’autoroute A43 en contrebas.
Fort heureusement, la RD 1006 avait été fermée une demi-heure avant l’éboulement après une « chute de bloc unitaire », a précisé à l’AFP Jean-Philippe Laplanche, directeur départemental des infrastructures. Le département était en alerte jaune orage et on est « très vigilant sur ce type d’événement » qui peut affecter les infrastructures, a-t-il dit en soulignant que ces phénomènes « s’accélèrent avec le changement climatique ».
La circulation des trains sur la ligne Chambéry-Turin a été interrompue, tout comme celle des TER en vallée de Maurienne, a indiqué la SNCF.
« C’est fermé au moins jusqu’à mercredi inclus » mais on « s’attend à ce que ça dure plus longtemps », a indiqué la SNCF à l’AFP. Trenitalia a également annoncé l’annulation de ses liaisons entre Modane et Paris jusqu’à mercredi inclus.
« Le site est toujours interdit d’accès par la préfecture car il y a encore des risques d’éboulement. Dès qu’on pourra y accéder, on pourra établir un diagnostic » des géologues de la préfecture et de la DDE, pour vérifier les risques » puis « vérifier les dégâts », a ajouté la SNCF, précisant ensuite qu’un survol de la zone par hélicoptère avait dû être annulé à cause des conditions météo.
– Météo « propice » aux éboulements –
Outre la départementale, fermée à toute circulation entre l’intersection RD 1006 / RD 215 et l’échangeur du Freney, l’A43 a également été fermée entre les bretelles 29 et 30 dans les deux sens pour une durée indéterminée, « le temps de dégager les débris qui se sont déposés sur l’autoroute à la suite de cet éboulement » selon la préfecture.
Une déviation a été mise en place pour les véhicules légers. Le tunnel routier transfrontalier du Fréjus a été fermé pour les véhicules de plus de 3,5 tonnes, les poids lourds et autocars ont été invités à « transiter par le tunnel du Mont-Blanc ou par l’autoroute A8 », note la préfecture.
La société concessionnaire française Autoroutes et Tunnel du Mont-Blanc (ATMB) y relevait à la mi-journée 2h15 d’attente au péage côté français et 3H00 côté italien.
« Cette succession de chaud suivi de fortes pluies » peut avoir causé l’instabilité de la roche, explique Serge Taboulot, président de l’Institut des risques majeurs à Grenoble, rappelant la série d’éboulements survenus ces derniers jours en haute montagne.
« La montagne s’est toujours écroulée mais il y a des périodes plus propices que d’autres, comme cette canicule un peu hors norme », a-t-il ajouté.
Après une dizaine de jours marqués par une exceptionnelle canicule, la Savoie se trouve, comme la Haute-Savoie et l’Isère, en alerte jaune pluie-inondations. Jusqu’à 40mm de précipitations sont prévus en cumulé lundi sur le secteur de l’éboulement et « à cette heure, le risque est toujours présent », a indiqué la préfecture à l’AFP à la mi-journée.
Le 2 juillet 2019, une coulée de lave torrentielle de 1.000 m3 avait enseveli les rails sur 60 mètres, au niveau de Saint-Michel de Maurienne, provoquant l’interruption du trafic ferroviaire France-Italie via Modane pendant trois semaines.
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