Arthrose : la queue des lézards ouvre de nouvelles voies de traitement

Des chercheurs ont identifié les cellules et les mécanismes clefs de la régénération de la queue des lézards. Leur capacité à reconstruire leur cartilage offre de nouvelles perspectives de traitements pour l’arthrose.

Les lézards font partie des seuls vertébrés à pouvoir régénérer leur cartilage sans qu’il ne s’ossifie. Une capacité qui permet à leur queue de repousser quand ils la perdent. Des chercheurs de l’université de médecine de Keck ont identifié deux types de cellules impliquées dans ce processus et ont même réussi à induire la régénérescence cellulaire. Leurs résultats ont été publiés dans la revue Nature Communications.

A terme, ils pourraient inspirer des traitements contre l’arthrose, une maladie dégénérative qui touche 9 à 10 millions de français et pour laquelle il n’existe encore aucun remède.

Le mystère de la queue du lézard
Quand il se sent menacé par un prédateur, le lézard peut abandonner sa queue, et celle-ci repousse par la suite. « C’est une sorte de super-pouvoir qu’ont les lézards. Ils peuvent régénérer de grandes quantités de cartilage, qui ne deviennent pas de l’os », souligne Thomas Lozito, premier auteur de l’étude, dans son communiqué de presse. La quasi-totalité de son squelette est en effet constitué de cartilage.

Jusqu’à présent, les chercheurs n’avaient pas mis en évidence les cellules et les signaux impliquées dans cette repousse. Cependant, ils avaient montré que ce processus n’était pas sans risque pour l’animal, puisqu’il engendre un stress oxydant chez le lézard. Une nouvelle étude s’est penchée sur le mécanisme à l’échelle cellulaire pour tenter de trouver un moyen de traduire et maîtriser cette régénération du cartilage chez les humains.

Induire la régénération cellulaire
Pour cela, les chercheurs ont étudié les changements dans l’activité des gènes à l’intérieur de certaines cellules. Parmi celles pour lesquelles l’expression génétique était particulièrement variable : les fibroblastes et les septoclastes. « Ces deux types de cellules travaillent donc ensemble et sont aux fondements du principe de régénération », analyse l’auteur. D’un côté, les fibroblastes construisent le tissu. Tandis que les septoclastes, des cellules immunitaires, inhibent la cicatrisation (fibrose), ce qui permet à la queue de repousser.

Mais peut-on induire ce phénomène à d’autres membres que la queue ? Les biologistes ont tenté de provoquer la reconstruction de cartilage dans les pattes du lézard, qui, contrairement à la queue, ne repoussent pas. Résultat : l’implantation de septoclastes a, en effet, permis aux pattes de se régénérer. Si ces tous premiers résultats sont encourageants, reste à présent à étudier l’ARN de ces cellules car c’est lui qui transporte l’information et favorise la croissance cellulaire.

Ces recherches à venir permettraient de mieux comprendre les mécanismes sous-jacents à la régénération, notamment la communication intercellulaire. Les chercheurs espèrent ainsi pouvoir tester l’implantation de septoclastes chez les mammifères, en commençant par les souris pour induire chez eux la capacité à produire du cartilage.

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