Brest est encore tétanisée par le meurtre par arme blanche du commissaire-priseur Gilles Grannec, mardi 29 août au matin, par un particulier voulant faire expertiser un tableau à son propre domicile. Me Grannec, spécialiste de la peinture bretonne était très connu et apprécié dans la région. À cette heure, les motifs de l’homicide sont inconnus.
Ce mercredi, au lendemain du drame qui a frappé le centre-ville de Brest (Finistère), la Cité du Ponant est encore murée dans un silence de plomb. Mardi, vers 10h30 du matin, le premier étage de l’un des beaux immeubles de la rue d’Aiguillon a été le théâtre d’un homicide violent dont on ignore encore le mobile. C’est le meurtrier qui aurait appelé lui-même les services de police, intervenus au plus vite dès l’appel. Ils n’ont pu que constater le décès, de Me Gilles Grannec, 55 ans, marié, deux enfants, commissaire-priseur très connu dans le secteur, dont le corps semble avoir été lardé de coups de couteaux…
« On n’en revient pas, racontent, encore sous le choc, les deux gérantes de la Maison de la maroquinerie, grande enseigne située juste en dessous de l’appartement en question, qui ont pu regarder la police scientifique à l’œuvre. On a entendu des bruits sourds, puis comme des « boums », comme si des meubles étaient violemment renversés, voire jetés ».
« Gilles, c’était une personne super sympa »
Le scénario de cette affaire reste pour l’heure mystérieux. Me Grannec était venu expertiser un tableau chez ce particulier, selon ses collègues. Le commissaire-priseur, spécialiste des peintres ayant séjourné en Bretagne, et plus particulièrement autour de l’école de Pont-Aven, était à la tête, de la salle des ventes de la rue du Château, dont les portes demeurent fermées depuis la tragédie. La société était également implantée à Douarnenez et à Lorient -où une étude a été récemment ouverte. « Gilles, c’était une personne super sympa, juste, humaine, joyeuse et dynamique, glisse un habitant d’une commune voisine qui le connaissait bien. Tu nous manqueras… On est arrivé dans un monde de fous… Quelle tristesse ! »
« Il avait toujours le mot pour plaisanter, glisse une connaissance. Toujours le sourire, il va nous manquer. Toutes nos condoléances… ». « Affable », « doux », « à l’écoute », « gentil », « sincère », les jolis mots ne manquent pas aux Finistériens l’ayant connu ou côtoyé. Comme cette famille brestoise, amie avec la famille Grannec depuis près de 30 ans. À tel point que leur fils cadet était aujourd’hui devenu commissaire-priseur dans une autre région. « Et il ne le serait jamais devenu sans son « mentor »… Gilles », glisse, émue, cette proche au côté de son époux. « Il avait une réelle passion pour son métier. C’était quelqu’un d’adorable, de simple et de très drôle. Nous sommes dévastés, il n’y a pas d’autre mot ».
Me Grannec résidait avec sa famille à Rosnoën, à l’entrée de la presqu’île de Crozon, où il était conseiller municipal, aux côtés de l’actuel maire, Mickaël Kernéis. « Il fréquentait souvent le marché de Daoulas, le dimanche, confie une habitante de la commune. J’avais déjà fait expertiser un tableau par ses soins. C’était toujours un plaisir de le croiser et d’échanger avec lui ». À Brest, pour tout le quartier où s’est déroulé ce crime violent, c’est l’incompréhension la plus totale. « Que s’est-il passé ? Soupire un voisin. C’était sûrement un déséquilibré ? Ou il y aurait une histoire derrière une œuvre ou le tableau en question ? »
Le profil du suspect
Le meurtrier présumé était décrit par le voisinage comme « solitaire » – mais, pour autant, « aimable », « discret », « poli », « plutôt sympathique ». Sur les réseaux sociaux, son profil professionnel semble, d’apparence, sérieux et posé. De prime abord, bien loin de l’image d’un potentiel déséquilibré. Le suspect serait né à Nice en 1959 d’un père breton (originaire d’une commune près de Brest). Ancien élève d’HEC, il dispose « d’une expérience de 20 ans dans des postes à caractère commercial ou de direction générale, dans des sociétés à taille humaine, prestataires de services aux entreprises, dans un contexte très international et notamment allemand (parle sept langues vivantes, français et allemand langues maternelles).
Ancien spécialiste du lancement d’activité, du redressement d’activité », se décrit-il sur les réseaux sociaux. Quant à son activité principale actuelle, il détaille « Indépendant en profession libérale – Traducteur et interprète, écrivain ». Dans le passé, avec son ancienne compagne, il aurait vécu plusieurs années en Allemagne, et il aurait conservé un lien professionnel fort avec ce pays. Traducteur et interprète indépendant (de l’allemand/anglais vers le français) « dans les domaines de la finance et de la gestion des entreprises, de la comptabilité et l’audit, des domaines marketing et juridique, banque et finance, entreprises industrielles dans les secteurs de la mécanique et de la machine-outil, de l’automobile sous-traitance comprise, du BTP et des industries connexes du bâtiment », il contribue, par ailleurs, à des « revues » et se considère « écrivain ».
Fervent défenseur de la culture et de l’identité bretonnes, il a déjà contribué au festival Étonnants Voyageurs, à Saint-Malo, en 2017, le temps d’une conférence. Il est également contributeur d’un web média breton controversé proche de l’extrême droite.
leparisien