Les incendies de forêt dévastateurs en Grèce cet été ont touché plus de 150.000 hectares, notamment le parc national de Dadia (nord), a estimé jeudi le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis, imputant à nouveau ces sinistres à « la crise climatique ».
Environ 600 pompiers épaulés par dix avions et sept hélicoptères luttent jeudi contre cet incendie qui s’est déclaré le 19 août dans cette forêt dense composée de pins et de chênes et habitat ou lieu d’hibernation des rapaces, protégés par le réseau européen de Natura 2000.
La Commission européenne a récemment envoyé 11 avions et un hélicoptère, ainsi que 407 pompiers, pour aider la Grèce à lutter contre le « feu le plus important jamais enregistré dans l’UE ».
Un autre incendie déclenché la semaine dernière au mont Parnès près d’Athènes a brûlé jusqu’ici plus de 6.000 hectares, selon Copernicus, et les pompiers sont toujours sur le pied de guerre dans cette région où des foyers restent actifs.
Un Canadair largue sa cargaison d’eau au-dessus de la forêt de Dadia, en Grèce, touchée par un incendie
En juillet, quand la Grèce avait été frappée par une canicule prolongée avec des températures ayant atteint 46 degrés Celsius dans le sud de son territoire, de multiples incendies de forêt s’étaient déclarés dont les plus graves sur les îles touristiques de Rhodes en mer Egée (est) et de Corfou en mer Ionienne (nord-ouest).
D’après les données fournies par Copernicus, plus de 50.000 hectares avaient alors été atteints sur ces îles par les flammes qui ont entraîné l’évacuation de milliers de vacanciers et de villageois.
« Pourquoi tant de zones ont été brûlées cet été en Grèce ? », s’est demandé jeudi le chef du gouvernement au cours d’un débat au Parlement sur ces sinistres, soulignant que, selon les premières estimations, « les dommages sont importants » et que plus de 150.000 hectares ont été touchés.
– « Mégafeux » –
Les incendies de forêt ont fait au moins 25 morts depuis le début de l’été dont 20 migrants présumés dont les corps calcinés ont été découverts près d’Alexandroupolis, le chef-lieu de la région d’Evros, du nom d’un fleuve marquant la frontière gréco-turque et passage habituel de migrants tentant de passer en Europe.
Le Parlement a observé une minute de silence au début du débat à la mémoire de ces personnes ayant ainsi péri.
Des experts parlent d’un « désastre écologique » et économique en évoquant le conséquences des feux de forêt dans la région d’Evros, une des plus pauvres de Grèce.
Faisant face à de vives critiques des partis de l’opposition de gauche qui dénoncent un manque de coordination des autorités compétentes dans la lutte contre les incendies, M. Mitsotakis a rappelé que la Grèce avait été frappée par « des conditions extrêmes » due à « la crise climatique » et aux « mégafeux ».
Il y a eu « des vents extrêmement inhabituels à Evros », « de petits foyers qui ont pris des dimensions cauchemardesques », a expliqué le Premier ministre, soulignant qu' »il y a au cet été des semaines avec plus de 500 incendies » et que le pays a été à plusieurs reprises « au plus haut niveau d’alerte dans de nombreuses régions ».
Rappelant les feux dévastateurs de 2021 au cours desquels plus de 100.000 hectares sont partis en fumée, surtout sur l’île d’Eubée près d’Athènes, Syriza (gauche), le principal parti d’opposition, a jugé que M. Mitsotakis, au pouvoir depuis quatre ans, était « responsable de cette catastrophe naturelle inédite ».
« Après quatre ans de gouvernance, il n’y a pas de temps ni d’espace pour les excuses », a dit Socratis Famellos, le président du groupe parlementaire de Syriza.
M. Mitsotakis a promis des indemnisations pour les agriculteurs et les personnes dont les logements ont subi de dégâts dans les régions touchées.
Des mesures en vue du reboisement des zones ravagées et des travaux pour faire face aux inondations ont en outre été annoncés mardi par le gouvernement.
AFP