Débordées par les récentes arrivées de migrants des dernières semaines, les îles Canaries demandent plus de moyens de la part de l’État. Près de 3 000 exilés ont été secourus pour le seul mois d’août dans l’archipel espagnol.
Presque 3 000. Selon le décompte du gouvernement des îles Canaries, 2 692 personnes sont arrivées dans l’archipel espagnol pour le seul mois d’août 2023. Soit plus du double par rapport au même mois en 2022 (1 075 personnes). Une augmentation « critique » selon les ONG qui craignent une saison automnale compliquée sans le concours de l’État : sur certaines îles, notamment à el Hierro et Lanzarote, les structures et les moyens humains manquent pour accueillir dignement les exilés.
Selon le journal local espagnol « La Voz de Tenerife », la situation est même urgente : « Les ONG travaillant dans la région avertissent que la situation est très préoccupante et qu’à l’heure actuelle, elles ne peuvent pas prédire l’ampleur de la crise qui débutera en septembre », peut-on lire dans l’article. Ce lundi 4 septembre, plus de 160 migrants ont été secourus au large de l’île de Grande Canarie.
Sur El Hierro, par exemple, il n’existe que deux centres d’accueil – surpeuplés – où adultes et mineurs sont obligés de cohabiter en attendant leur transfert vers d’autres îles espagnoles. Face à cette situation, les Canaries exigent que Madrid réagisse « immédiatement » pour éviter une nouvelle crise migratoire dans l’archipel.
Plus de 8 000 arrivées aux Canaries depuis le début de l’année
Depuis le début de l’été, la route des Canaries, particulièrement dangereuse, a explosé. Chaque semaine ou presque, des dizaines de migrants ont débarqué dans l’archipel depuis les côtes africaines à bord d’embarcations informelles. En quelques exemples, ce sont 450 personnes secourues le 21 et 22 août au large des îles espagnoles. Ce sont aussi 22 personnes arrivées en pleine canicule au sud de Tenerife le 13 août. Et près de 200 autres qui ont débarqué à Lanzarote le 8 août.
Selon les chiffres du ministère espagnol de l’Intérieur communiqués fin juillet, plus de 16 000 migrants sont arrivés clandestinement en Espagne depuis le début de l’année. La moitié, plus de 8 000, ont débarqué aux Canaries.
Cette augmentation s’explique notamment par les récents départs depuis les côtes du Sénégal. De plus en plus de Sénégalais fuient la situation économique du pays – miné par l’inflation et la raréfaction des ressources halieutiques – et prennent la mer en direction des Canaries, distantes d’environ 1 500 kilomètres. D’autres raisons poussent aussi les migrants à prendre la route des Canaries, notamment la multiplication des contrôles en mer Méditerranée.
Naufrages fréquents
Cette route migratoire en plein océan Atlantique reste particulièrement dangereuse. Les naufrages y sont fréquents, et ce, quel que soit le pays de départ, Maroc ou Sénégal.
Le 14 août, une pirogue en provenance du Sénégal a chaviré. Au moins 60 personnes sont toujours portées disparues. Seuls 38 exilés ont été retrouvés vivants. Trois semaines plus tôt, le 24 juillet, au moins quatre personnes – dont une femme – sont mortes dans le naufrage de leur canot au large de Dakhla, dans le sud du Maroc. Les victimes étaient originaires de la province de Khénifra, dans le centre du Maroc, et étaient âgées de 21 à 48 ans.
De janvier à juin 2023, 951 personnes sont mortes en tentant de rejoindre les Canaries ou le sud de la péninsule ibérique, soit une toutes les quatre heures et demie, d’après l’ONG Caminando Fronteras.
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