Un Égyptien, qui s’était pris en photo en train de piloter un canot de migrants traversant la Manche, a été condamné vendredi à trois ans et deux mois de prison ferme. Un tribunal britannique l’a jugé coupable d’aide à l’immigration illégale.
Reda Hamoud Abdurabou, un Égyptien de 25 ans, a été condamné vendredi 1er septembre à trois ans et deux mois de prison, par le tribunal de Salisbury, dans le sud de l’Angleterre. Le jeune homme a été reconnu coupable d’aide à l’immigration illégale et de tentative d’entrée illégale dans le pays.
Il a été arrêté à son arrivée au Royaume-Uni après avoir traversé illégalement la Manche en juillet 2022. Les autorités britanniques ont retrouvé sur son téléphone des selfies le montrant en train de piloter le canot pneumatique.
L’Égyptien « a pris en charge une petite embarcation dangereusement surchargée, dans laquelle se trouvait une cinquantaine de migrants », a écrit le ministère de l’Intérieur dans un communiqué. « Les photos ont été prises peu avant l’interception du bateau pneumatique par les forces aux frontières et montrent [Reda Hamoud] Abdurabou posant avec sa main sur la barre tandis qu’il dirige le bateau vers le Royaume-Uni », a ajouté le ministère.
« Mettre des vies en danger en faisant traverser la Manche à des hommes, des femmes et des enfants dans des canots pneumatiques ne sera pas toléré et nous continuerons à travailler sans relâche pour mettre fin à ces traversées totalement inutiles et veiller à ce que les responsables soient mis derrière les barreaux », a commenté le secrétaire à l’Immigration, Robert Jenrick.
Des condamnations de ce type qui s’enchaînent
Ce genre de condamnation s’enchaîne depuis un an au Royaume-Uni, avec l’adoption du Nationality and Borders Act (Naba). Le texte, signé en juin 2022, est venu amender et renforcer une loi datant de 1971, criminalisant l’entrée illégale sur le territoire britannique. De plus en plus d’exilés sont ainsi accusés d’entrée illégale en étant considérés comme pilotes des canots.
Selon un article universitaire, près de 200 personnes ont été inculpées depuis février 2023 en Angleterre sur la base de la nouvelle législation.
Pour qu’une personne soit accusée d’avoir piloté une embarcation, il suffit d’avoir été identifié comme ayant eu « la main sur la barre du canot même temporairement », a constaté Victoria Taylor, auteure de l’article et membre du laboratoire de recherche Border Criminologies.
Dans au moins une des affaires observées au tribunal par le réseau de chercheurs dont elle fait partie, « la simple « proximité » de la barre du canot a été suffisante pour justifier l’inculpation ». Et ce, malgré les dénégations du prévenu.
Cette voie prise par les autorités britanniques n’est pas sans rappeler celle appliquée – à un degré supérieur, pour le moment – par la Grèce. Régulièrement, des migrants sont condamnés à des peines de prison dépassant la centaine d’années ; bien qu’en pratique, le temps passé derrière les barreaux soit limité à 20 ans dans la législation grecque.
Le Premier ministre conservateur Rishi Sunak a fait de la lutte contre l’immigration illégale sa priorité, et a promis d’arrêter les traversées de la Manche, qui ont fortement augmenté ces dernières années. Mais, malgré un durcissement de la législation, qui interdit désormais aux migrants parvenus illégalement sur le sol britannique d’y demander l’asile, le gouvernement peine à enrayer ce phénomène.
Un nouveau record a été établi samedi 2 septembre : près de 900 migrants ont débarqué au Royaume-Uni via la Manche en une seule journée.
Depuis le début de l’année, plus de 21 000 exilés sont arrivés sur les côtes anglaises en traversant la Manche. Un nombre qui suggère une légère baisse de rythme par rapport au plus de 45 000 arrivées détectées l’an dernier, selon le bilan quotidien publié par le gouvernement.
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