Les dirigeants d’Asie du Sud-Est rencontrent mercredi leurs homologues américains, chinois et japonais au cours d’une série de réunions de haut niveau sur fond de rivalités entre grandes puissances et de tensions en mer de Chine.
Objectif : paix. L’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean) tient à Jakarta plusieurs sommets successifs avec la Chine, le Japon, la Corée du Sud et les États-Unis, offrant ainsi l’occasion aux grandes puissances de faire pression sur le bloc de 10 pays.
La vice-présidente américaine Kamala Harris remplace le président Joe Biden à cette occasion, et le premier ministre chinois Li Qiang le président Xi Jinping.
« Nous cherchons les terrains d’entente tout en laissant de côté les divergences. Nous avons en commun le but de rechercher sans relâche la paix », a déclaré le dirigeant chinois en ouverture du sommet, se félicitant de la solidité des liens économiques.
« Tant que nous resterons sur le bon chemin, peu importe les tempêtes, la coopération Chine-Asean sera plus forte que jamais », a-t-il ajouté.
Enjeux géopolitiques
Les réunions de mercredi auront une portée plus régionale avant le sommet de l’Asie de l’Est jeudi qui devrait couvrir des enjeux géopolitiques majeurs avec 18 pays présents, et auquel participera le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
Le Premier ministre japonais Fumio Kishida et le président sud-coréen Yoon Suk-yeol seront également présents.
Ils rencontreront Li Qiang au cours d’un sommet de l’Asean+3 lors duquel le conflit entre la Chine et le Japon sur le rejet des eaux usées traitées de la centrale nucléaire de Fukushima pourrait à nouveau créer des vagues.
L’Indonésie, pays hôte, a déclaré mardi lors d’un sommet des dirigeants de l’Asean que les pays du groupe ne devaient pas servir d’intermédiaire aux grandes puissances, alors que les États-Unis et la Chine continuent de s’opposer sur les questions de Taïwan, de la mer de Chine méridionale et de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
La table ronde, incluant Sergueï Lavrov et Kamala Harris, devrait être la première rencontre de haut niveau entre les États-Unis et la Russie depuis la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Asean à Jakarta en juillet, au cours de laquelle des responsables américains et européens ont condamné à nouveau l’invasion de l’Ukraine.
Les réunions de mercredi devraient s’achever par une série de déclarations communes sur une collaboration dans les domaines diplomatique, économique et alimentaire plus étroite entre les grandes puissances et l’Asean, a indiqué à l’AFP un diplomate présent aux réunions de mercredi.
Corée du Nord, Birmanie
D’autres questions régionales, telles que les lancements de missiles balistiques par la Corée du Nord, devraient aussi figurer en bonne place. Le Sud-Coréen Yoon a appelé l’Asean à « unir ses forces » avec Séoul pour contrer les menaces nucléaires de Pyongyang, dans un entretien publié mardi.
La Birmanie sera aussi un sujet lors des rencontres avec la Chine, un allié diplomatique clé de la junte.
Mardi, les dirigeants d’Asie du Sud-Est ont fermement condamné les violences et les attaques contre les civils en Birmanie, accusant directement la junte.
La Chine a déclenché l’alarme chez plusieurs membres de l’Asean – Malaisie, Vietnam et Philippines – la semaine dernière en publiant une nouvelle carte officielle revendiquant la souveraineté sur la majorité de la mer de Chine méridionale.
Le président philippin Ferdinand Marcos a mis en garde dans un communiqué mardi soir contre les ambitions « hégémoniques » dans la zone maritime stratégique, où les tensions se multiplient, soulignant que le moindre incident pourrait avoir « de très graves conséquences pour tous ».
Les déclarations conjointes à l’issue des réunions « contiendront des références à la mer de Chine méridionale et à la Birmanie », selon un diplomate d’Asie du Sud-Est qui s’est entretenu avec l’AFP.
Mais les membres du groupe régional vont éviter de confronter directement Pékin.
« Je prévois que la priorité à l’économie sera maintenue et que les dirigeants éviteront d’aborder des sujets de confrontation comme la nouvelle carte chinoise », a indiqué Aleksius Jemadu, un expert des Affaires internationales à l’Université Pelita Harapan de Jakarta.
« Ils ne vont pas menacer leurs relations avec les grandes puissances ».
france24