Les demandes d’asile enregistrées au premier semestre dans les pays de l’Union européenne, la Norvège et la Suisse ont augmenté de 28% par rapport à la même période de l’année dernière. Les Syriens, Afghans, Vénézuéliens, Turcs et Colombiens sont les principaux demandeurs, comptant pour 44% des requêtes.
Du 1er janvier au 30 juin, quelque 519 000 demandes d’asile ont été déposées dans les pays de l’Union européenne (UE), en Norvège et en Suisse, a annoncé mardi 5 septembre dans un communiqué l’Agence de l’UE pour l’asile (AUEA). Soit une hausse de 28% par rapport au premier semestre 2022.
Et « d’après les tendances actuelles, les demandes pourraient excéder un million d’ici la fin de l’année », estime l’AUEA. À titre de comparaison, le nombre de dossiers déposés pour l’ensemble de 2022 s’élevait à 994 945.
In the first half of 2023, 🇪🇺 countries received 519 000 applications for asylum – a 28% increase compared to the first half of 2022.
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— EU Agency for Asylum – EUAA (@EUAsylumAgency) September 5, 2023
La principale nationalité des demandeurs d’asile sont les Syriens, comme les années précédentes. Au premier semestre 2023, ils ont déposé 67 000 demandes, soit une augmentation de 47% par rapport à la même période de l’année précédente.
Vient ensuite les Afghans, les Vénézuéliens, les Turcs et les Colombiens. Ces cinq nationalités comptent pour 44% des requêtes d’asile au sein de l’UE.
Un taux de protection de 41%
Le taux de protection accordé en première instance (protection subsidiaire et statut de réfugié) dans l’UE est resté sensiblement le même qu’en 2022, avec 41% de réponses favorables.
Le premier semestre 2023 a également été marqué par une augmentation « notable » des demandes d’asile provenant de ressortissants ivoiriens et guinéens, avec 9 300 dossiers pour les premiers et 8 700 pour les seconds, précise encore l’AUEA. « Les candidatures ivoiriennes ont plus que doublé, tandis que les candidatures guinéennes ont augmenté de 60% », note l’Agence. Cette donnée reste cependant à nuancer : les demandes de ces deux nationalités ne représentent que 3,5% du chiffre global.
L’État qui accueille le plus ces deux nationalités est historiquement la France. Mais une grande partie de l’augmentation a cependant lieu en Italie, premier pays d’arrivées en Europe pour les exilés arrivés par la mer Méditerranée.
Des chiffres à nuancer
En ce qui concerne l’ensemble des demandes d’asile, l’Allemagne reste le pays qui a reçu le plus de dossiers avec 30% du total, soit près de deux fois plus que l’Espagne (17%) et la France (16%).
« En 2022, l’Allemagne était déjà le pays qui accueillait le plus de demandeurs d’asile, notamment venus du Proche et du Moyen Orient, ainsi que d’Iran et d’Afghanistan », rappelle François Héran, spécialiste de l’immigration et professeur au collège de France, joint par InfoMigrants.
L’Espagne, quant à elle, reçoit le plus de dossiers provenant de ressortissants vénézuéliens et colombiens. « L’Espagne a une longue tradition d’accueil des personnes venant de pays hispanophones. Plus de 80% des demandes d’asile viennent de l’Amérique latine », explique encore François Héran. Les Vénézuéliens sont par ailleurs exemptés de visas vers l’Espagne et y obtiennent quasi systématiquement la protection.
En ce qui concerne la France, elle prend en charge une majorité de demandeurs originaires d’Afrique centrale et de l’Ouest.
Pour François Héran, ces chiffres dévoilés par l’AUEA peuvent être mal interprétés. Selon lui, il faut analyser ces données proportionnellement au nombre d’habitants dans chaque pays européen. Ainsi, l’Allemagne n’est pas le premier pays d’accueil des demandeurs d’asile en Europe, et la part de ces personnes dans les États membres ne représente qu’une infime partie de la population.
« Si on se rapporte à une population pour 10 000 habitants, le pays qui enregistre le plus de demandes d’asile sur l’ensemble de l’année 2022 est Chypre avec 45 dossiers, viennent ensuite l’Autriche et la Grèce. La France arrive loin derrière, au huitième rang, avec presque 22 demandes pour 10 000 habitants. C’est donc très peu », estime le professeur au collège de France.
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