Au moins 11 personnes sont mortes mardi dans des pluies diluviennes en Turquie et en Bulgarie mais aussi en Grèce, à peine sortie d’un été d’incendies dévastateurs, selon les autorités de ces pays mercredi.
En Turquie, selon le dernier bilan en date, au moins six personnes sont mortes mardi soir dont deux à Istanbul où la pluie avait cessé mercredi matin.
Les services d’urgence ont également déploré quatre morts dans la province de Kirklareli (Nord-Ouest) où deux autres personnes restent portées disparues.
Le ministre de l’Intérieur Ali Yerlikaya a fait état de 31 blessés dont huit encore hospitalisés à Istanbul où des rues ont été transformées en torrents. Une station de métro a été partiellement inondée et des dizaines de personnes ont dû être évacuées d’une bibliothèque municipale, selon les médias.
En Bulgarie voisine, où la pluie avait également cessé mercredi à la mi-journée, au moins trois personnes sont mortes mardi et deux sont portées disparues sur la côte de la mer Noire. Des milliers de touristes ont été affectés.
Il est tombé en 24 heures l’équivalent de plusieurs mois de pluie, du jamais vu depuis 1994, selon le responsable des secours Alexandar Djartov.
La ville de Tsarevo, la plus durement touchée, a décrété une journée de deuil.
– 4.000 personnes touchées –
Un ouvrier du bâtiment âgé de 61 ans est mort noyé et le corps d’un autre homme, repéré par drone, a été récupéré, selon le chef de la police régionale Emil Pavlov.
Une femme a été emportée par la mer en furie, sans que l’on sache à ce stade s’il s’agit d’une des deux personnes portées disparues.
« Environ 4.000 personnes sont touchées », a déclaré la ministre bulgare du Tourisme Zaritsa Dinkova qui s’est rendue sur place, évoquant des difficultés pour les évacuer.
Si le littoral de la mer Noire est rarement frappé par des inondations, la Bulgarie voit ces phénomènes s’accroître sur fond de dérèglement climatique.
Le ministre de l’Environnement Julian Popov a mis en garde sur la télévision Nova contre le danger posé par « le mauvais état des infrastructures et le trop grand nombre de constructions sur la côte ».
En Grèce, frontalière de la Turquie et de la Bulgarie, une tempête nommée « Daniel » fait rage depuis lundi soir. Deux personnes sont mortes mardi et deux autres sont portées disparues. La Protection civile grecque a averti que les pluies torrentielles continueraient mercredi avant un recul jeudi.
« C’est le phénomène le plus extrême en termes de quantité d’eau tombée en l’espace de 24H depuis que la Grèce possède des archives sur le sujet », a estimé mardi le ministre de la Protection civile, Vassilis Kikilias.
« Il s’agit d’un phénomène extrême », a surenchéri le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis lors d’un entretien mardi avec la présidente de la République hellénique, Katerina Sakellaropolou.
– « Personne pour nous aider » –
« La quantité d’eau tombée en 24 heures représente l’ensemble de la pluie habituelle pendant tout l’automne », a indiqué le météorologue Panayotis Giannopoulos mardi à la télévision publique Ert.
Les pluies torrentielles ont surtout affecté le département de Magnésie (centre) et son chef-lieu, la ville portuaire de Volos, à 331 km au nord d’Athènes.
Une femme de 87 ans portée disparue depuis mardi « a été retrouvée mercredi morte dans le village de Paltsi en Magnésie portant le nombre total des victimes de ces fortes pluies à deux », a indiqué mercredi Yannis Artopios, le porte-parole des pompiers, à l’Ert.
Mardi, un homme de 51 ans emporté par la crue d’un torrent avait été retrouvé mort près de Volos.
Outre la Magnésie et l’île voisine de Skiathos, les départements de Trikala et de Karditsa, plus au Nord, sont également touchés et les autorités y ont limité les déplacements.
Les bâtiments et les rues de Volos et des villages voisins ont été inondés par les rivières et torrents en crue.
Volos est privé d’électricité depuis mardi soir et dans les villages proches du mont Pilion de nombreux bâtiments et rues ont été gravement endommagés par des inondations et glissements de terrain, selon un journaliste de l’AFP sur place
« Je n’ai jamais vu un phénomène pareil, de milliers de magasins et des bâtiments ont été inondés à Volos et personne n’est là pour nous aider », s’est indigné auprès de l’AFP un habitant de la ville, Vassilis Tsalamouras, 58 ans.
Le service météorologique national (EMY) avait lancé une mise en garde lundi et le gouvernement assure que « les autorités sont en état d’alerte ». Les précipitations à Volos ont atteint mardi 200mm et 600mm dans le village voisin de Zagora, au pied du mont Pélion, selon l’EMY.
Cette tempête intervient après des incendies dévastateurs cet été en Grèce (au moins 26 morts) dont l’un, qualifié de « plus gros jamais enregistré » dans l’Union européenne, a ravagé pendant deux semaines en août le parc national de Dadia dans l’Evros (Nord).
Avec le réchauffement de la planète, l’atmosphère contient plus de vapeur d’eau (environ 7% pour chaque degré supplémentaire), augmentant les risques d’épisodes de fortes précipitations. Associées à d’autres facteurs cruciaux comme l’urbanisation et l’aménagement du territoire, celles-ci favorisent les inondations, catastrophes particulièrement coûteuses.
AFP