Une taxe carbone mondiale et une réforme des institutions financières internationales pour financer l’action climatique en Afrique. C’est ce que préconise la « Déclaration de Nairobi » adoptée, mercredi 6 septembre, à l’issue du premier sommet africain sur le climat, l’Africa Climate Summit 2023. Ce texte doit permettre au continent de parler d’une seule voix lors des prochaines discussions sur le climat. Mais les négociations entre États africains pour aboutir à ce texte ont été ardues.
Tout comme les discours qui ont été tenus à Nairobi, la déclaration commence par souligner tout le potentiel de l’Afrique pour faire partie des solutions dans la lutte contre le changement climatique. Les chefs d’État et de gouvernement africains s’engagent notamment à développer les énergies renouvelables, l’agriculture ou encore encourager les industries vertes, rapporte Albane Thirouard, notre correspondante à Nairobi.
Mais ils insistent aussi largement sur le besoin de financement. Le texte demande à la communauté internationale d’honorer ses promesses, comme les 100 milliards de dollars par an promis en 2014 ou la mise en place d’un mécanisme de pertes et dommages annoncé lors de la COP27.
Une transition énergétique à coûts abordables
La « Déclaration de Nairobi » était au départ inspirée par la présidence du Kenya, un pays modèle de transition verte sur le continent. Elle appelait à intensifier les investissements dans les énergies renouvelables, une opportunité pour l’Afrique, selon le chef de l’État kényan, William Ruto. Ce dernier a annoncé que 23 milliards de dollars d’investissements avaient été promis au cours de ces trois jours de sommet, dont 4, 5 milliards des Émirats arabes unis qui accueilleront la prochaine COP.
À l’arrivée, le texte final de l’Africa Climate Summit 2023 est plus exigeant, précise Claire Fages, du service Afrique de RFI. Les États africains demandent l’instauration d’une taxe carbone mondiale, la création de nouveaux droits de tirage spéciaux du FMI pour le « climat », à la hauteur de ceux qui avaient été alloués aux pays pauvres face au Covid-19, et plus généralement que l’Afrique, de nouveau étranglée par la dette, ait accès à des financements à un coût abordable pour sa transition énergétique et son adaptation au changement climatique.
Les puits de carbone et de biodiversité
La déclaration mentionne désormais le fait que 600 millions d’Africains n’ont toujours pas accès à l’électricité et à un mode de cuisson propre. On peut y voir la main des États africains producteurs de gaz qui défendent cette énergie fossile, moins nocive, affirment-ils, que le charbon de bois.
Les forêts du bassin du Congo, qui avaient été oubliées dans la première version, ont obtenu un paragraphe sur leurs réserves de puits de carbone et de biodiversité, de même que les océans, où les États africains veulent leur part des ressources, notamment minérales, des fonds marins.
Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a annoncé que cette déclaration avait été adoptée unanimement après « trois journées d’intenses débats et d’échanges » Il a applaudi le succès du sommet, tout comme le président kényan William Ruto, et proposé que l’Africa Climate Summit se tienne désormais tous les deux ans.
RFI