Nigeria : rejet de la requête du parti travailliste contestant les résultats de la présidentielle

La justice du Nigeria a rejeté mercredi la contestation par l’opposition des résultats de la présidentielle de février qui a porté au pouvoir Bola Ahmed Tinubu, en poste depuis mai. Le parti démocratique du peuple (PDP) et le parti travailliste (LP) dénoncent fraudes et irrégularités. La justice s’est prononcé sur la requête du LP, tandis que la décision concernant celle du PDP est encore attendue.

Une cour d’appel au Nigeria a rejeté, mercredi 6 septembre, la requête de l’un des deux principaux partis d’opposition contestant les résultats de la présidentielle de février qui a porté au pouvoir Bola Ahmed Tinubu.

Les cinq juges de la cour d’appel d’Abuja délibèrent depuis des mois sur une série de poursuites engagées par le principal parti d’opposition, le parti démocratique du peuple (PDP), et le parti travailliste (LP), qui dénoncent fraudes et irrégularités.

Le parti travailliste a été débouté de sa requête qui portait sur des accusations de fraudes et d’infractions par les autorités électorales, ainsi que sur des allégations d’inéligibilité de Bola Tinubu. « Cette requête est déclarée sans fondement », a indiqué l’un des juges après plus de six heures de lecture détaillée du jugement.

Le jugement concernant le PDP était encore attendu mais le parti d’opposition devrait également être débouté. Les requérants ont néanmoins encore la possibilité de faire appel auprès de la Cour suprême, selon les avocats.

La sécurité a été renforcée autour de cette juridiction dans la capitale nigériane – la police et les forces de défense bouclaient l’accès au bâtiment avec des barrages routiers.

Aucun tribunal n’a annulé une élection présidentielle depuis le retour du Nigeria à la démocratie après le régime militaire en 1999.

Retards dans le décompte des voix
Dans un premier jugement plus tôt mercredi, les cinq juges ont invalidé la requête d’un petit parti d’opposition (Allied Peoples Movement) qui demandait l’annulation du scrutin.

Près de 25 millions de Nigérians ont voté fin février lors d’un scrutin qui s’est globalement déroulé dans le calme, mais qui a été entaché par des retards dans le décompte des voix et d’importantes défaillances dans le transfert électronique des résultats, conduisant des électeurs et l’opposition à dénoncer des « fraudes massives ».

À l’issue du scrutin dans le pays le plus peuplé d’Afrique, le candidat du Congrès des progressistes (APC) et ex-gouverneur de Lagos, Bola Ahmed Tinubu, 71 ans, a été déclaré vainqueur avec 37 % des suffrages. Il occupe officiellement sa fonction depuis mai.

Il a devancé l’ancien vice-président du PDP Atiku Abubakar (29 %) et le candidat travailliste Peter Obi (25 %). L’émergence de cet outsider, favori de la jeunesse, face aux deux principales formations politiques a constitué une première dans l’histoire démocratique du Nigeria.

« Confiance dans le système judiciaire »
Par le passé, les élections au Nigeria ont souvent été entachées par des allégations de fraude et des contestations en justice.

Certains électeurs et les partis d’opposition affirment que les défaillances du système lors du téléchargement des résultats ont permis la manipulation des bulletins de vote et des disparités dans les résultats des comptages manuels dans les bureaux de vote.

Les observateurs internationaux, notamment ceux de l’Union européenne, ont également relevé des problèmes logistiques majeurs, des électeurs privés de leurs droits et un manque de transparence. La commission électorale a, elle, fustigé des accusations « infondées et irresponsables » de l’opposition.

Le gouvernement du président Tinubu a affiché sa confiance ces derniers jours. « Parce qu’il a confiance dans le système judiciaire, il croit que le mandat que les Nigérians lui ont librement confié lors de l’élection restera valable », a déclaré cette semaine Ajuri Ngelale, porte-parole de la présidence sur Channels TV. « Il n’est pas inquiet, simplement parce qu’il sait qu’il a gagné l’élection », a-t-il ajouté.

Bola Tinubu doit se rendre au sommet du G20 à New Delhi le week-end prochain, une démarche qui s’inscrit dans l’éventualité d’une candidature du Nigeria pour devenir membre de cette organisation, a annoncé dimanche la présidence.

AFP

You may like