Côte d’Ivoire : le RHDP se place comme favori de la présidentielle

Ivory Coast President Alassane Ouattara waves at the meeting of the ruling coalition party RHDP organized to nominate him to stand for a third term in October's election in Abidjan, Ivory Coast August 22, 2020. REUTERS/Luc Gnago

Vainqueur dans une large majorité de régions et de communes face à une opposition pourtant unie, le parti au pouvoir en Côte d’Ivoire assoit sa domination électorale et se place comme le grand favori de la présidentielle de 2025.

Vainqueur dans une large majorité de régions et de communes face à une opposition pourtant unie, le parti au pouvoir en Côte d’Ivoire assoit sa domination électorale et se place comme le grand favori de la présidentielle de 2025.

Le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) du président Alassane Ouattara l’a emporté dans plus de 60% des communes et 80% des régions, laissant seulement des miettes aux formations d’opposition, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI).

« Le RHDP est la seule formation politique à avoir une forte capacité de mobilisation, grâce à ça ils peuvent construire une déferlante pour 2025 », décrypte pour l’AFP le sociologue et fondateur du centre de réflexion Indigo Côte d’Ivoire, Severin Yao Kouame.

Mais une fois la victoire célébrée, une question devrait rapidement agiter le parti au pouvoir : qui sera le candidat pour la présidentielle de 2025 ? Le président Ouattara, au pouvoir depuis 2011, laisse planer le doute sur ses intentions pour briguer un quatrième mandat et la liste de ses potentiels successeurs s’allonge.

Un homme semble sortir particulièrement renforcé du scrutin local : le président de l’Assemblée nationale Adama Bictogo qui s’est imposé à Yopougon, grand quartier populaire d’Abidjan qui fut longtemps un bastion de Laurent Ggagbo, l’ex-président devenu opposant.

Le Premier ministre, Patrick Achi, dont le nom revient parmi les successeurs, a également assuré sa réélection à la tête de la région de la Mé (sud).

Enfin deux autres personnalités parfois citées, le ministre de la Défense et frère du chef de l’État, Téné Birahima Ouattara, ainsi que le directeur de cabinet du président, Fidèle Sarassoro, ont été élus dans leurs bastions du nord avec plus de 95% des voix.

Orphelin de son président, l’ancien chef d’État Henri Konan Bédié (1993-1999), décédé le 1er août, le PDCI sort de cette élection comme le premier parti d’opposition. Il s’impose seul dans trois régions et 22 communes, et garde quelques localités importantes comme la capitale Yamoussoukro, ou les quartiers abidjanais de Cocody, Port-Bouët et du Plateau.

Son alliance avec le PPA-CI lui permet même d’ajouter une région et dix communes. Mais les résultats restent décevants et pour se remettre en ordre de marche, le parti devra rapidement solder la question de la succession de M. Bédié.

« Beaucoup d’ambitions avaient commencé à naître de son vivant, elles reviendront une fois le moment du deuil passé. C’est une période d’incertitude pour la cohésion du mouvement qui s’ouvre », juge William Assanvo, chercheur à l’Institut d’études de sécurité (ISS).

De retour en Côte d’Ivoire depuis 2021, après avoir été acquitté par la justice internationale de crimes contre l’humanité, Laurent Gbagbo n’a pas transformé son premier essai électoral. S’il ne se présentait pas lui-même – radié des listes électorales il n’a même pas pu voter samedi -, son jeune parti le PPA-CI s’était allié au PDCI dans de nombreuses localités en espérant bousculer le RHDP.

Seul, le parti ne s’impose que dans deux municipalités et la plupart de ses cadres ont été battus. « La figure de Gbagbo ne fédère plus comme avant, lorsqu’il était le vecteur d’une certaine demande sociale », pointe M. Kouame.

Après les législatives de 2021, c’est la deuxième fois consécutive que la Côte d’Ivoire, à l’histoire récente marquée par les violences électorales, tient des élections dans le calme. Si des retards d’ouverture des bureaux et quelques altercations ont été signalés dans certaines localités, aucun blessé grave ou mort n’a été à déplorer.

« C’est un test réussi, mais la faible participation citoyenne à la vie politique pour des scrutins importants (entre 36 et 44% selon le scrutin) interpelle », tempère William Assanvo. En 2020, lors de la présidentielle, 85 personnes avaient été tuées dans des affrontements et en 2010-2011 une grave crise post-électorale avait fait plus de 3 000 morts.

euronews

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