Compétitivité de la ferme France, gazole non routier, planification écologique: le président du premier syndicat agricole FNSEA, Arnaud Rousseau, s’est entretenu «près d’1h30» jeudi soir avec le président Emmanuel Macron. «Je lui ai fait part de la situation de l’agriculture, où on constatait un décalage entre la volonté politique de la souveraineté alimentaire et la réalité des chiffres de la production», a indiqué Arnaud Rousseau à l’issue de l’entretien.
«En élevage comme en végétal, on décroche très fort depuis trois ans. On a besoin d’un certain nombre d’indicateurs. Il faut qu’on ait des instruments de mesure, qu’on va coconstruire avec les équipes du président de la République, pour voir comment cela évolue (…) On a convenu de se voir deux fois par an», a-t-il indiqué. «Tous les sujets» ont été abordés, et en premier lieu celui de la suppression de la détaxe sur le gazole pour les agriculteurs, annoncée dans la matinée par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire.
«J’ai expliqué (au président) qu’à ce stade, on n’avait pas de solution alternative, qu’on n’avait pas de tels moyens de compétitivité qui permettent une mutation rapide et violente, et que si on ne refusait pas d’en discuter, il n’était pas question que cette niche disparaisse, que c’était pour nous un casus belli», a rapporté Arnaud Rousseau. «On a notre part à prendre pour la décarbonation, mais ce que qui a été entendu dans l’esprit des paysans, c’est +la niche doit disparaître+. Cela nécessite que ce soit très largement nuancé et que ce soit comblé», a-t-il ajouté, précisant avoir eu «le sentiment» que le chef de l’État l’avait «entendu» sur cette question.
Le soutien au GNR agricole coûte 1,3 milliard d’euros par an aux finances publiques, selon Bercy. Le patron de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles a également plaidé pour «plus de cohérence», regrettant les «injonctions paradoxales» aux agriculteurs à qui «on demande de produire plus de biomasse» tout en renonçant à 4% de terres (non productives, en jachère), ou de planter des haies avec des «contraintes normatives telles que même ceux qui veulent le faire y renoncent». Hervé Rousseau a précisé que le président avait «beaucoup écouté», «pris des notes», été «sensible à la question du renouvellement des générations», et l’avait «challengé sur les sujets de biodiversité, de production, de biomasse».
AFP