Emmanuel Macron continue de miser sur les CNR pour transformer l’action publique

Le chef de l’Etat a annoncé ce jeudi, lors d’une session plénière du Conseil national de la refondation (CNR), vouloir multiplier localement cet objet dans l’éducation et la santé. Trois nouveaux CNR thématiques vont être lancés, dont un sur les émeutes et un autre sur la santé mentale.

Lui-même n’est pas réputé pour sa culture du compromis, bien qu’il ait fait le grand débat national, lancé les conventions citoyennes, promulgué « l’initiative politique de Saint-Denis » en cette rentrée et, il y a un an, le Conseil national de la refondation (CNR).

Mais, privé de majorité absolue, Emmanuel Macron n’en démord pas, assure l’Elysée ce jeudi à l’issue de la troisième session plénière du CNR – objet censé aboutir à des consensus nationaux avec les forces politiques, syndicales, économiques, associatives, etc. -, il veut « renforcer la culture de compromis dans un pays qui en manque sévèrement ».

Les CNR, notamment thématiques et territoriaux, sont pour lui l’un des instruments qui pourrait l’y aider. Les réunions qu’il a lancées à Saint-Denis avec les chefs de parti aussi, veut-il croire.

« Sortir des habitudes et des corporatismes »
Après un an d’existence, largement « sous les radars », avait reconnu l’Elysée avant cette troisième session plénière, Emmanuel Macron a dit ce jeudi vouloir « généraliser », sur la base du volontariat, les CNR locaux dans l’éducation et la santé, qui ont à ce stade abouti au plus grand nombre de projets.

Le chef de l’Etat y voit l’opportunité de remplacer « autant que possible » la norme par l’initiative, dans l’éducation, la santé, la petite enfance, le grand âge. Bref, permettre des dérogations et promouvoir les expérimentations dans les « services publics du quotidien », « sortir des habitudes et des corporatismes […] créer un esprit de coresponsabilité entre Etat, collectivités et société civile », défend l’Elysée – une antienne macroniste – pour « une action publique plus réactive et plus déconcentrée », explique l’Elysée.

Un effort devrait être fait dans les CNR territoriaux sur l’éducation pour mieux associer les élus locaux. Un point essentiel étant donné les compétences des collectivités en la matière.

Répondre aux émeutes
Quant aux CNR thématiques – jeunesse, numérique etc. -, qui se sont achevés au printemps, les suites de deux d’entre eux – le logement et le « bien vieillir » – ont suscité beaucoup de discussions pour ne pas dire de la colère et de vives déceptions. Aussi, les travaux devraient venir « enrichir » la proposition de loi sur le « bien vieillir » – dont l’examen au Parlement avait été suspendu – s’est engagé Emmanuel Macron. Un projet de loi logement doit aussi être présenté dans les prochaines semaines, s’inspirant lui aussi des travaux du CNR, en évitant, a glissé un conseiller, « de sortir avec des cataplasmes de dépenses publiques ».

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Alors qu’aucune réponse en profondeur n’a été faite après les émeutes, il a été décidé de créer un CNR thématique sur les émeutes avec l’Etat, les collectivités et la société civile. Il doit être piloté par la Première ministre, Elisabeth Borne. Un autre doit l’être également sur la santé mentale. Et un troisième va se poursuivre sur le « modèle productif et social » et le « travail ».

Un « cadre de référence »
En dépit des boycotts des sessions plénières par les oppositions et une partie des syndicats, les participants ont, eux, souhaité continuer. Une nouvelle session doit avoir lieu en fin d’année ou début 2024 pour un suivi des travaux. Mais aussi afin de travailler sur un « cadre de référence » en matière de justice sociale, de climat, de biodiversité, de croissance et de finances publiques, auquel elles devront se conformer.

Pas sûr que cela lève les doutes des oppositions et des syndicats sur le CNR, mais le chef de l’Etat continue de miser sur les CNR locaux pour tenter d’en faire son plan de relance des services publics du quotidien.

lesechos

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