Climat : la compensation carbone n’est pas efficace, voici pourquoi

Censés compenser les émissions de carbone d’une activité humaine par la plantation d’arbres, les crédits carbone n’ont pas l’efficacité promise, démontre une étude parue dans Science. Retour sur près d’un quart de siècle de débats sur le rôle du puits terrestre de CO2 qui se prolongeront lors de la COP28 à Dubaï en décembre 2023.

Un forfait constaté longtemps après que le voleur est parti avec la caisse. C’est un peu l’impression que donne la lecture des résultats de 26 projets de reforestation et de protection des forêts donnant lieu à des « crédits carbone » permettant de compenser les émissions de gaz à effet de serre d’une entreprise ou d’un particulier souhaitant effacer le CO2 généré par un voyage en avion.

Les chercheurs de l’université d’Amsterdam (Pays-Bas) et de Cambridge (Royaume-Uni) ont regardé de près l’évolution de ces projets au Pérou, en Bolivie, en République démocratique du Congo, Tanzanie, Zambie et Cambodge et surtout comparé l’évolution de ces placettes forestières avec des zones voisines n’ayant pas bénéficié de ces financements issus d’un marché volontaire sous l’égide de la démarche « réduction des émissions provenant du déboisement ou de la dégradation des forêts » (REDD+ selon l’acronyme anglais).

Les résultats qui viennent d’être publiés dans Science montrent que les calculs de stockage de tonnes de carbone par les arbres faits il y a 20 ans ne se sont révélés exacts nulle part, à l’exception d’un site péruvien. Sur quatre sites, il y a bien eu des espaces préservés mais dans des proportions bien moindres que promises.

Au Pérou et en Colombie, 1266 hectares par an ont été réellement sauvés alors que les crédits carbone délivrés portaient sur 3661 hectares au Pérou et 2550 hectares en Colombie. En Afrique, 30 hectares par an ont été sauvés pour 2700 hectares promis. La différence entre l’évaluation d’origine et le résultat, ce sont des sommes d’argent versées en vain par des entreprises ou des particuliers voulant rendre leur consommation d’énergie fossile neutre et qui ont donc été trompés.

« Est-ce que vous devez acheter ces compensations carbone bon marché quand vous prenez l’avion ? se demande ainsi Julia Jones, professeur des sciences de la conservation à l’Université de Bangor (Royaume-Uni) qui a écrit un commentaire de l’étude à laquelle elle n’a pas participé. Malheureusement, il n’y a actuellement que peu de preuves que de le faire rend votre voyage neutre en carbone.

Si vous voulez contribuer à la lutte contre le changement climatique, peut-être la seule vraie solution est de ne pas prendre l’avion ».

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