Joe Biden a prédit dimanche « le début d’une ère de coopération encore plus grande » avec le Vietnam, et s’il s’est défendu de vouloir « isoler » la Chine, il n’en a pas moins égratigné au passage la grande puissance rivale.
Joe Biden s’est rendu à Hanoï sur la lancée du sommet du G20 à New Delhi, et avec le même objectif : affirmer la puissance américaine en Asie aux portes de la Chine.
Il a annoncé avoir conclu un « partenariat stratégique étendu » entre les deux pays, le plus haut degré de proximité diplomatique possible, lors d’une rencontre avec le chef du parti communiste au pouvoir, Nguyen Phu Trong.
« Nous approfondissons notre coopération dans le domaine des technologies émergentes essentielles, notamment en ce qui concerne la mise en place d’une chaîne d’approvisionnement en semi-conducteurs plus résistante », a déclaré Joe Biden.
Les deux pays ont conclu en la matière un vaste partenariat, afin de « développer » les capacités du Vietnam « au bénéfice de l’industrie américaine », selon un communiqué.
Les États-Unis, dans ce texte, vantent « la capacité [du pays du Sud-Est asiatique] à jouer un rôle essentiel pour monter des chaînes d’approvisionnement de semi-conducteurs robustes ». En d’autres termes : moins dépendantes de la Chine.
L’accord se veut gagnant-gagnant. Il doit permettre aux États-Unis, que Joe Biden veut réindustrialiser à grande vitesse, de garantir des approvisionnements de composants électroniques essentiels.
Et le partenariat fait espérer au Vietnam des ressources pour résoudre le problème de saturation de ses capacités de production.
Le président américain, au moment où les relations avec Pékin restent extrêmement tendues, a affirmé lors d’une conférence de presse qu’il ne voulait « pas contenir la Chine », comme le lui reproche le géant asiatique.
Joe Biden, engagé dans une intense activité diplomatique en Asie, a ajouté : « Il ne s’agit pas d’isoler la Chine ». « Nous ne cherchons pas à faire du mal à la Chine. Vraiment. Tout le monde a intérêt à ce que la Chine aille bien », a-t-il insisté.
Il n’en a pas moins accusé Pékin de « changer certaines règles du jeu sur le commerce et dans d’autres domaines ».
L’action Apple a tangué récemment en Bourse à la suite d’informations selon lesquelles la Chine a interdit l’usage de l’iPhone dans certaines administrations et entreprises d’État.
Chômage « accablant »
Le président américain a repris un refrain désormais fréquent sur les « difficultés » économiques de la Chine, en déclarant que son homologue Xi Jinping avait « vraiment beaucoup à faire », par exemple face au chômage « accablant » des jeunes.
Joe Biden a dit, sans plus de précision, avoir « rencontré » le premier ministre chinois Li Qiang lors du sommet du G20 à New Delhi, et assuré que leur échange n’avait « pas été conflictuel ». Xi Jinping n’a pas fait le déplacement en Inde, mais le président américain a répété qu’il espérait le rencontrer.
Le démocrate de 80 ans fait le pari que face aux problèmes de la Chine, l’Amérique, avec sa robuste santé économique, a une carte à jouer auprès des pays asiatiques, notamment au Vietnam. Tout en veillant à ne pas être perçu comme prenant parti pour Washington ou Pékin, Hanoï veut affermir sa position face à la Chine, sur fond de rivalités maritimes et territoriales.
Lundi, Joe Biden rencontrera le président Vo Van Thuong et le premier ministre Pham Minh Chinh. Il a aussi prévu de se recueillir à Hanoï devant le monument consacré à John McCain, ancien héros américain de guerre décédé, qui avait contribué à reconstruire les liens entre les deux pays.
Lors de cette visite, le président américain devra jongler entre les intérêts stratégiques et la défense des droits humains, dans laquelle le Vietnam affiche un bilan désastreux.
Les opposants sont victimes d’intimidations, de harcèlement et d’emprisonnement à l’issue de procès inéquitables, et des cas de torture ont été signalés, selon l’organisation Human Rights Watch.
Les militants redoutent que le président américain, malgré ses grands discours sur la défense de la démocratie dans le monde, ne s’étende pas sur le sujet.
Lors de sa conférence de presse à Hanoï, Joe Biden a assuré qu’il évoquait la question des droits humains « avec chaque personne rencontrée ».
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