Au Maroc, le dernier bilan officiel, toujours provisoire, du séisme qui a ravagé, le soir du vendredi 8 septembre, le sud du pays, fait état d’au moins 2 122 morts et d’au moins 2 421 personnes blessées. Le cabinet royal a décrété, samedi, trois jours de deuil national. L’épicentre a été enregistré dans la province d’Al-Haouz, à une cinquantaine de kilomètres de Marrakech. Reportage à Moulay Brahim.
Mosquées fissurées, maisons écroulées, murs d’enceinte en terre détruits. Plus nous avançons, plus les destructions sont importantes. À cinquante kilomètres à vol d’oiseau de l’épicentre du séisme, pas un village n’est épargné.
Notamment celui de Tinzert, 400 habitants, 21 morts. Perchée en haut d’une montagne, cette petite cité pleure encore ses disparus. Sur une bande de 100 mètres de large, les maisons ont été littéralement soufflées, totalement détruites, comme si une immense vague avait balayé la zone.
Dans une odeur de mort, celle des têtes de bétail restées bloquées, il ne reste qu’un amas de pierre, de bois, un camion recouvert de gravats et ces images, celles d’un homme, un ancien qui récupère comme il le peut un tapis et quelques vêtements. Les larmes, les cris d’un enfant inconsolable lorsqu’il découvre l’état de son village.
Reste qu’au coeur de ce chaos, la solidarité est bien là, lorsqu’un camion arrive dans ce cul-de-sac et que des bénévoles distribuent des vivres, de l’eau, des couvertures, des bâches et des mots, ceux du réconfort, ceux qui tentent d’apaiser une douleur encore extrêmement vive dans tous les villages où nous sommes passés.
« Ça fait pleurer et ça fait mal au cœur »
À Moulay Brahim, une cité construite à flanc de montagne sur les contreforts de l’Atlas, des bâtiments se sont écroulés, ils sont transformés en tas de béton et de pierres. Beaucoup de maisons sont lézardées, fissurées et menacent de tomber aussi. Comme celle de la famille Ait Dahman, dont a façade est désormais un trou béant.
Devant les anciens, le regard perdu, les enfants tentent de s’amuser. Omar, 35 ans, est dévasté, traumatisé par le séisme.
Malheureusement, le cas est catastrophique. Les maisons sont gravement touchées. Pour les gens, il y a des décès, des nuits dures avec beaucoup de douleur. Ça fait pleurer et ça fait mal au cœur. Ça fait donc plus que pleurer. Les larmes ne sont pas le symbole de tristesse… ça fait mal au cœur, c’est tout.
Malgré les difficultés, certaines familles ont décidé de rester, d’autres sont déjà descendues dans la vallée.
Pour arriver jusqu’à Moulay Brahim, il faut rouler au pas, passer entre les pierres, parfois de plusieurs tonnes, tombées sur la route que les engins de chantier du génie civil et de l’armée dégagent mètre après mètre.
Permettre le passage des véhicules de secours, des ambulances escortées par des motards de la gendarmerie : voilà la priorité des autorités qui cherchent à accéder désormais aux lieux les plus reculés frappés par le séisme.
RFI