C’est un nouveau scandale d’abus sexuels au sein de l’Église, qui concerne cette fois la Suisse. Des chercheurs affirment avoir découvert plus de 1 000 victimes d’abus depuis les années 1950. « Effrayant et bouleversant », selon les mots de l’Église catholique suisse, qui a elle-même mandaté les universitaires pour faire la lumière sur les dérives au sein de ses rangs. Et il ne s’agit là que de la « pointe de l’iceberg », préviennent les enquêteurs.
Des victimes ont été répertoriées dans tous les diocèses du pays, des hommes en majorité. Dans les trois quarts des cas, il s’agit de mineurs. Le rapport évoque même des cas de nourrissons abusés. Cela pouvait se passer n’importe où : pendant les confessions, les services ou dans les nombreux internats gérés par les ecclésiastiques en Suisse, surtout au siècle dernier.
L’abbé Nicolas Betticher, qui a demandé au pape d’enquêter sur plusieurs cas suspects, se félicite de voir la vérité éclater enfin : « J’ai reçu, depuis que ma lettre au Saint-Père a été publiée, beaucoup d’appels téléphoniques de victimes qui me disent : « Merci de faire quelque chose, mais, je n’ai pas la force d’annoncer ce que j’ai subi. » Donc, il y a là un immense désarroi. »
Pendant très longtemps, la seule réponse des autorités était de couvrir les prêtres abuseurs, voire de les transférer loin de leurs victimes, comme ça a pu être fait en France notamment. « Il est évident que nous avons tous failli au niveau l’Église. L’Église universelle, pourquoi ? Parce que nous avons la même structure partout. On ne peut plus maintenir le concept qu’un évêque soit à la fois le père spirituel, le juge suprême, le responsable de l’exécutif, et en même temps celui qui fait les lois », poursuit l’abbé Nicolas Betticher.
L’Église suisse reconnaît son échec à protéger les victimes et promet des réformes. Les chercheurs, eux, vont continuer d’enquêter. En attendant, peut-être, des suites judiciaires.
RFI