Démission de l’émissaire des Nations unies au Soudan, Volker Perthes

Près de cinq mois après le début du conflit au Soudan, l’émissaire de l’ONU dans ce pays, Volker Perthes, a présenté, mercredi, sa démission au Secrétaire général des Nations unies. Ce dernier l’a acceptée. Le gouvernement soudanais avait menacé de demander le départ de la mission politique de l’ONU au Soudan si Volker Perthes restait à son poste.

L’émissaire de l’ONU au Soudan, l’Allemand Volker Perthes – devenu la bête noire de l’armée soudanaise qui réclamait son limogeage –, a annoncé mercredi 13 septembre avoir remis sa démission, mettant en garde contre le risque de « guerre civile » dans ce pays ravagé par un conflit armé depuis plusieurs mois.

« Je remercie le secrétaire général (de l’ONU, Antonio Guterres) pour cette opportunité et pour la confiance qu’il m’a accordée, mais je lui ai demandé de me relever de cette fonction », a déclaré Volker Perthes devant le Conseil de sécurité, sans donner de raisons à son départ.

Interrogé pour savoir s’il avait accepté cette démission, Antonio Guterres a répondu devant des journalistes : « Oui. Il avait de bonnes raisons de démissionner et je dois respecter sa volonté et accepter sa démission ».

Volker Perthes a livré un rapport accablant au Conseil, renvoyant dos à dos les deux parties au conflit, l’armée soudanaise et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

« Ce qui a commencé comme un conflit entre deux formations militaires pourrait se transformer en une véritable guerre civile », a-t-il répété. Et de souligner : « Les combats ne montrent aucun signe d’apaisement et aucune des deux parties ne semble proche d’une victoire militaire décisive ».

Au moins 40 personnes ont encore été tuées mercredi à Nyala, chef-lieu du Darfour-Sud, dans des raids aériens de l’armée, ont indiqué à l’AFP une source médicale et des témoins.

Washington déplore le départ de Volker Perthes
Volker Perthes était l’émissaire de l’ONU au Soudan depuis deux ans et demi, et à la tête de la mission de l’ONU, la Minuats, créée en juin 2020 pour soutenir la transition démocratique au Soudan après la chute, l’année précédente, d’Omar el-Béchir.

Le général Abdel Fattah al-Burhane avait réclamé son limogeage en juin dernier, lui faisant porter la responsabilité de la guerre qui a éclaté mi-avril avec les paramilitaires du général Mohamed Hamdane Daglo.

Le gouvernement soudanais avait menacé de demander le départ de la mission politique de l’ONU au Soudan si Volker Perthes restait à son poste.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a prolongé début juin de seulement six mois la mission politique des Nations unies au Soudan.

Intervenant lors du débat, l’ambassadrice des États-Unis, Linda Thomas-Greenfield, a dit « regretter » son départ et jugé les menaces du Soudan « inacceptables ». « Aucun pays ne devrait être autorisé à menacer la capacité de ce Conseil à poursuivre ses responsabilités en matière de paix et sécurité », a-t-elle dit.

Dans son rapport, Volker Perthes appelle « à faire comprendre aux belligérants qu’ils ne peuvent agir en toute impunité et qu’ils devront répondre des crimes commis ». « Les responsabilités ne font guère de doute », a-t-il ajouté en dénonçant « les bombardements aériens aveugles » menés par l’armée soudanaise.

« La plupart des violences sexuelles, des pillages et des meurtres ont lieu dans les zones contrôlées par les FSR », a-t-il encore constaté, tandis que « les deux parties arrêtent, détiennent et même torturent arbitrairement des civils, et des exécutions extrajudiciaires ont été signalées ».

Selon des chiffres qu’il a cités, quelque 5 000 personnes ont été tuées depuis le début du conflit le 15 avril et plus de 12 000 personnes ont été blessées, des chiffres selon lui bien en deçà de la réalité.

Les multiples tentatives internationales de médiation du conflit ont jusqu’ici échoué à établir une trêve durable. Les combats, qui ont fait près de cinq millions de déplacés et de réfugiés, ont aggravé la crise humanitaire dans le pays, l’un des plus pauvres au monde.

france24

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