« L’absurdité de la décision de la BCEAO » (Economiste)

La BCEAO est préoccupée davantage par le maintien de la valeur externe du franc CFA, c’est-à-dire la parité fixe avec l’Euro. C’est la conviction de l’économiste Demba Moussa Dembélé dans un entretien à venir avec Seneweb.

Selon lui, la BCEAO a une politique monétaire qui est calquée sur celle de la Banque centrale européenne (BCE). « Leur objectif n’est pas de promouvoir la croissance mais de maintenir l’inflation à un taux de 2 à 3%. Le taux directeur de la BCE a été porté à 4% le jeudi 14 septembre. Et le mouvement de hausse n’est pas exclu dans les mois à venir », soutient-il.

En fait, précise-t-il, le souci de la BCE, au-delà d’une volonté de ramener l’inflation à 2%, consiste surtout de faire attention au mouvement de capitaux entre la zone euro et les Etats-Unis où la Réserve fédérale (la Banque centrale) a également entrepris une politique de hausse de taux d’intérêt pour juguler l’inflation.

« Toute hausse de taux aux Etats-Unis tend à attirer les capitaux. Et la BCE ne voudrait pas que cela se fasse au détriment de la zone euro ».

Pourtant, si l’on en croit l’économiste Demba Moussa Dembélé, la BCEAO devrait avoir d’autres priorités dans ce contexte morose au sein des pays de l’UEMOA.

Notamment « une politique monétaire pour stimuler les taux de croissance et la recherche du plein-emploi ». Une telle orientation aurait pour conséquence, d’après lui, à opter pour un faible taux directeur qui encouragerait les investissements.

Malheureusement, regrette-t-il, la BCEAO fait autrement. « Elle suit aveuglément la BCE dans le ciblage de l’inflation. L’absurdité de la décision de la BCEAO, dont le taux directeur a été porté à 3,25%, pas loin de celui de la BCE, intervient au moment où la BCEAO prévoit une baisse de la croissance dans l’UEMOA ».

L’économiste rappelle que le chômage et la pauvreté constituent le lot de presque tous les pays membres. Pour lui, il y a donc ‘’erreur’’ si l’on sait que sur les 8 pays membres de l’UEMOA, 7 sont classés, pays moins avancés (PMA), c’est-à-dire parmi les pays les plus pauvres du monde, selon les Nations-Unies !

« Cette politique monétaire absurde est l’une des raisons qui expliquent le combat contre le franc CFA et pour la souveraineté monétaire », conclut-il dans un entretien avec Seneweb qui paraîtra lundi prochain.

seneweb

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