Marine Le Pen dit être « la candidate naturelle » de son camp pour 2027

Marine Le Pen, qui se disait jusque-là en privé « candidate tant qu’elle n’avait pas décidé de ne pas l’être », a clarifié ses ambitions pour 2027 sur le plateau de TF1, lundi 18 septembre.

« Je suis la candidate naturelle de mon camp » en 2027 : en annonçant, ou presque, son concours à la prochaine présidentielle, Marine Le Pen a voulu clarifier, lundi 18 septembre, la répartition des rôles avec Jordan Bardella, dont elle entend faire son Premier ministre en cas de victoire.

La sortie de la leader d’extrême droite au 20 heures de TF1 n’est certes pas une surprise : jusqu’alors, elle se contentait en privé d’user d’une formulation alambiquée, se disant « candidate tant qu’(elle) n’avait pas décidé de ne pas l’être ».

Mais elle ambitionne de mettre un terme aux spéculations, rumeurs et pronostics, parfois même à l’intérieur du Rassemblement national, nourris par la popularité – sondages à l’appui – de son jeune poulain qui lui a succédé à la tête du parti l’année dernière et qui conduira à nouveau la liste RN aux Européennes de juin prochain.

Jordan Bardella, le « cyborg » de Marine Le Pen
Pourrait-elle également passer son tour en 2027 ? Lundi soir, la triple candidate malheureuse à l’Elysée a répondu : « A priori non, pour l’instant, tant que je n’en ai pas décidé autrement ». Avant d’assurer : « Je suis la candidate naturelle de mon camp à la présidentielle ».

« Volonté de complémentarité » pour 2027
L’intervention parachève par ailleurs une clarification des rôles entamée ce week-end, à l’occasion des universités d’été du Rassemblement national : interrogés par plusieurs journalistes sur une rumeur qui prêtait à Marine Le Pen l’intention de nommer Jordan Bardella à Matignon en cas de victoire en 2027, les deux intéressés s’étaient d’abord contentés de ne pas démentir, sourire en coin.

« Oui, Jordan Bardella fera un très bon Premier ministre », avait ensuite estimé samedi soir Marine Le Pen face à une caméra de France 5, dans une séquence diffusée lundi.

« Il y a une volonté de complémentarité dans la perspective de 2027 », expliquaient ces dernières semaines des personnalités du RN, tandis que Jordan Bardella affirme une forme d’indépendance, loin du chaperonnage de 2019 lorsque, âgé de 23 ans, il avait déjà été propulsé aux Européennes, mais sous la coupe de Marine Le Pen.

Désormais, celui qui fait de son arrivée en tête au scrutin de juin un jalon essentiel de la conquête du pouvoir, s’autorise à bousculer la doxa lepéniste, en proposant par exemple un nouveau clivage entre « puissance » et « forces de renoncement », lorsque la fille de Jean-Marie Le Pen avait théorisé l’affrontement entre « mondialistes » et « nationaux », ou « bloc populaire » et « bloc élitaire », tout en refusant la dualité « droite » contre « gauche ».

Un affront ? « Non, tout se superpose », jurent les caciques de l’ex-Front national, selon qui le « duo » exécute une partition écrite de concert, « même si chacun peut parfois improviser, car ils sont tous les deux virtuoses ».

La tentative d’élargissement de Bardella
Et si Jordan Bardella lance des appels du pied à la droite, appelant en privé ses troupes à « refaire l’UMP », quitte à adapter son discours pour mieux séduire les petits patrons, Marine Le Pen voit d’un bon œil cette tentative d’élargissement. D’autant plus qu’elle est n’entame pas sa base électorale, davantage populaire.

Difficile, dès lors, de trouver de véritables détracteurs de Jordan Bardella au sein des cadres du RN.

« Déclaration des droits des Nations » : ce qui se niche derrière la dernière trouvaille de Marine Le Pen
La stratégie de le présenter comme le futur Premier ministre de la présidente Le Pen a en revanche fait hausser les sourcils de certains d’entre eux, flairant le piège : en insistant jusqu’alors sur « le manque d’expérience » et « la jeunesse » de l’eurodéputé pour justifier de son impossibilité à concourir en 2027, les marinistes ont donné des armes à leurs adversaires politiques pour délégitimer ce ticket, craignent-ils.

« Le Pen, c’est la meilleure », balaie un fidèle, et « de toute façon, on a toujours trois coups d’avance ».

AFP

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