Les chefs de parti étaient invités chez la Première ministre Elisabeth Borne ce lundi pour débattre des solutions pour une transition écologique « juste » et non « punitive ». Emmanuel Macron fera ensuite plusieurs annonces, le 25 septembre.
A quoi ressemblera la France en 2030 si le pays veut atteindre son objectif de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030 par rapport à 1990 ? Le plan, présenté aux partis à Matignon ce lundi, avait été exposé dans ses grandes lignes en juillet. Mais les annonces finales ne seront connues que le 25 septembre, et dévoilées par Emmanuel Macron.
Le but de cette planification écologique : faire baisser les émissions de gaz à effet de serre de la France de 403,8 millions de tonnes de CO2 équivalent en 2022 à 270 millions en 2030, selon le secrétariat général à la planification écologique, piloté par Antoine Pellion.
• Energies et industries
C’est le plus gros potentiel de réduction selon le gouvernement. La part totale des énergies renouvelables dans l’ensemble de la production électrique devra passer de 26 % à 34 % d’ici 2030. L’énergie solaire devra être multipliée par trois, l’éolien offshore par près de quatre, tandis que l’éolien terrestre devra progresser de plus 55 %. Le biogaz devra passer de 8 térawattheures en 2020 à 50 en 2030.
Les usines sidérurgiques d’acier, de ciment ou d’autres industries primaires devront fortement réduire leurs émissions, notamment par le captage de CO2, une technologie encore embryonnaire.
Qu’est-ce que la planification écologique ?
Les 50 sites les plus émetteurs hors raffinage devront ainsi passer de 43 millions de tonnes de CO2 équivalent émis en 2022 à 25, et le reste de l’industrie de 33 à 20. Les objectifs de réduction des émissions des activités de raffinage, particulièrement polluantes, ne sont pas précisés.
Le tertiaire devra aussi apprendre à se passer de fioul (plus de 80 % de baisse demandée) et de gaz (environ -40 %) via ses chaudières. Le gouvernement envisageait d’interdire l’installation de chaudières à gaz neuves, mais une fronde du secteur semble l’avoir fait reculer, à l’image d’un débat qui s’est aussi produit en Allemagne cet été.
• Des efforts dans les transports… sauf dans l’aérien
Le gouvernement prévoit que 66 % des voitures neuves vendues en 2030 soient électriques, contre 15 % aujourd’hui (en 2035, selon une loi européenne, ce sera 100 %). Faisant passer la proportion de voitures électriques en circulation de 1 à 15 %.
Le gouvernement table sur une explosion du covoiturage, source énorme d’économies : alors que le nombre de trajets covoiturés par jour est aujourd’hui de 21 000, il devra passer à 196 000 en 2030.
Le nombre de pistes cyclables devra atteindre 150 000 kilomètres en 2030 contre 61 000 à fin 2023, tandis que les parts des voyages effectués en train et en transports en commun urbains devront également croître, de 20 milliards de kilomètres par voyageur pour le premier et de 15 milliards pour le second.
Le gouvernement reconnaît que le trafic aérien ne pourra guère qu’être maîtrisé : en métropole, il passera de 237 milliards de passagers kilomètres transportés en 2019 à 265 en 2030 (une hausse un peu moindre qu’entre 2015 et 2019).
• Accélérer la rénovation des bâtiments
Les émissions annuelles domestiques du secteur du bâtiment vont devoir être réduites de plus de moitié, avec deux grands leviers.
Le Conseil de Planification écologique rejoindra-t-il le cimetière des bidules macroniens ?
D’une part, le gouvernement espère voir décupler le nombre de rénovations globales de logements via MaPrimeRenov (prime permettant de financer les travaux d’isolation, de chauffage, de ventilation ou d’audit énergétique d’une habitation), jusqu’à 900 000 par an en 2030.
D’ici 2030, le gouvernement souhaite parvenir « à supprimer 75 % des chaudières au fioul », et « baisser d’environ 20 % les chaudières au gaz (hors pompes à chaleur hybrides) ».
• Dans l’agriculture, plus de légumineuses et de bio
Le secrétariat table sur 21 % de surfaces en bio pour les grandes cultures en 2030 contre 6 % aujourd’hui, et sur une réduction de 30 % de la consommation d’azote minéral, principal ingrédient des fertilisants de synthèse et gros émetteur de gaz à effet de serre.
Les autres leviers que le gouvernement compte actionner sont ceux de la réduction du nombre de tracteurs fonctionnant au gazole et de l’augmentation (par deux) des cultures de légumineuses.
Le plan gouvernemental ne fixe aucun objectif de réduction de consommation de viande, mais relève une « baisse tendancielle » des cheptels bovins (les rots des vaches contiennent du méthane, puissant gaz à effet de serre) estimée à 12 % d’ici 2030.
L’Obs