La Russie produit plus de missiles qu’avant le début de la guerre en Ukraine

Moscou utilise ses services de renseignement pour acheter des composants essentiels à son industrie militaire. La production militaire russe serait maintenant sept fois supérieure à celle de l’Occident.

Les sanctions économiques n’ont pas affaibli le complexe militaro-industriel russe, bien au contraire. Le New York Times a dévoilé que des responsables du Pentagone mais aussi des experts militaires européens et ukrainiens avait estimé que Moscou avait surmonté les restrictions et les embargos imposés par l’Occident lui permettant d’augmenter sa production de missiles bien au-delà de son niveau d’avant-guerre.

Cette montée en puissance industrielle rendra l’Ukraine particulièrement vulnérable à une intensification des attaques russes sur son sol dans les mois à venir.

Plus précisément, les hauts gradés du Pentagone pensent que les industriels russes ont été contraints de réduire considérablement la fabrication de missiles et d’autres armes pendant les six premiers mois de l’offensive de Moscou sur Kiev. Cependant à la fin de l’année 2022, la production militaire de Moscou est repartie à la hausse à une vitesse exponentielle et dépasse maintenant de loin son niveau initial.

Toujours selon les officiers américains, le gouvernement de Vladimir Poutine a passé outre les contrôles américains à l’exportation en utilisant ses services de renseignement et son ministère de la Défense pour gérer des réseaux illicites qui font passer en contrebande des composants clefs en Russie.

Le Pentagone estime qu’après le début de la guerre, Moscou a rétabli le commerce de composants essentiels pour son industrie militaire en les faisant transiter par des pays comme l’Arménie et la Turquie. Les régulateurs américains et européens ont tenté de collaborer pour freiner l’exportation de puces vers la Russie, mais ont eu du mal à empêcher le flux de passer par des pays ayant des liens avec le gouvernement russe.

Moscou produit deux millions d’obus d’artillerie par an
Déjà en octobre 2022, les États-Unis ont réuni des responsables internationaux à Washington dans le but de renforcer les sanctions contre l’économie russe. À l’époque, les responsables américains ont déclaré qu’ils pensaient que les sanctions et les contrôles des exportations fonctionnaient en partie parce qu’ils dissuadaient les pays d’envoyer des micropuces, des circuits imprimés, des processeurs informatiques et d’autres composants nécessaires à la fabrication d’armes guidées, ainsi que des composants nécessaires à la fabrication de moteurs diesel, d’hélicoptères et de chars d’assaut.

Cependant les autorités russes se sont rapidement adaptées en remodelant l’économie du pays pour se concentrer sur la production de défense. Grâce aux revenus tirés des prix élevés de l’énergie, les services de sécurité et le ministère de la Défense russes ont pu faire entrer en contrebande la microélectronique et d’autres matériaux occidentaux nécessaires à la fabrication de missiles de croisière et d’autres armes guidées avec précision.

En conséquence, la production militaire s’est non seulement redressée, mais elle a même bondi. Un haut responsable du Pentagone a déclaré au New York Times qu’avant la guerre Moscou fabriquait 100 chars par an, maintenant elle en produit plus de 200.

De plus, Washington estime que la Russie est en passe de fabriquer deux millions d’obus d’artillerie par an, soit le double de ce qui était initialement prévu par les services de renseignement occidentaux. Grâce à cette poussée, la Russie produit désormais plus de munitions que les États-Unis et l’Europe réunis. Kusti Salm, haut fonctionnaire du ministère estonien de la Défense, estime que la production actuelle de munitions des industriels russes est sept fois supérieure à celle de l’Occident.

Les responsables américains ont confié au New York Times qu’ils pouvaient ralentir, mais pas empêcher la Russie de faire passer en contrebande les pièces nécessaires à la production de missiles et qu’il n’était pas réaliste de penser que Moscou ne réagirait pas aux restrictions imposées par les États-Unis. “Même si les sanctions ont eu un impact réel, le gouvernement russe ne s’est pas contenté de lever les bras au ciel et de dire : Vous nous avez eus, nous abandonnons la guerre », a conclu au quotidien, Matthew S. Axelrod, secrétaire adjoint du département du commerce chargé de l’application de la législation sur les exportations.

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