Au Gabon, le fils aîné d’Ali Bongo écroué pour « corruption active »

Trois semaines après le putsch qui a renversé l’ancien président du Gabon Ali Bongo, son fils aîné, Noureddin Bongo Valentin, et plusieurs proches de son cabinet ont été mis en examen et écroués pour « corruption active » et non pour « haute trahison », comme l’avait annoncé précédemment, le parquet de Libreville.

Coup de filet dans le clan Bongo. Le fils aîné ainsi que des proches du cabinet de l’ancien président gabonais Ali Bongo Ondimba ont été mis en examen et incarcérés pour « corruption active », trois semaines après le coup d’État qui a renversé le dirigeant déchu.

Le procureur de Libreville, André-Patrick Roponat, a annoncé, mercredi 20 septembre, à l’AFP, que Noureddin Bongo Valentin, le fils aîné d’Ali Bongo, Jessye Ella Ekogha, l’ancien porte-parole de la présidence, ainsi que quatre autres personnes ont « été mises en examen mardi et placées en détention provisoire ». Quelques heures auparavant, le parquet avait également retenu le chef d’inculpation de « haute trahison », avant de le supprimer.

Le 30 août, moins d’une heure après l’annonce en pleine nuit de la réélection d’Ali Bongo, au pouvoir depuis 2009 et accusé de fraudes massives, les militaires, menés par le général Brice Oligui Nguema, l’ont renversé, accusant notamment son régime de « détournements massifs » de fonds publics.

Ali Bongo, « libre de ses mouvements »
Le jour même du coup d’État, les militaires avaient arrêté l’un des fils du chef de l’État déchu, ainsi que cinq autres jeunes hauts responsables du cabinet de l’ex-président et de son épouse Sylvia Bongo Valentin. Les perquisitions à leurs domiciles, retransmises abondamment par la télévision d’État, les montraient aux pieds de malles, valises et sacs débordants de liasses de billets de banque.

Sylvia Bongo Valentin est en résidence surveillée à Libreville « pour sa protection », selon la présidence. « Nous n’avons aucune nouvelle de Mme Valentin qui est maintenue au secret en dehors de tout cadre légal. Cette situation est injustifiable et incompatible avec un État de droit. Nous avons déposé plainte contre les responsables de ce qui apparaît comme une prise d’otage », a déclaré, mercredi, à l’AFP, l’un de ses avocats à Paris, Me François Zimeray.

Ali Bongo, d’abord placé en résidence surveillée à Libreville, la capitale du Gabon est « libre de ses mouvements » et peut « se rendre à l’étranger », avait annoncé le général Oligui le 6 septembre.

Enquête sur les « biens mal acquis »
Le 13 septembre, le général Brice Oligui Nguema, désigné président de transition, a annoncé une commission d’enquête sur les marchés publics pour traquer les « fraudes ».

Après le putsch, l’ancien aide de camp d’Omar Bongo – ancien président du Gabon et qui avait dirigé le pays d’une main de fer pendant plus de 40 ans –, avait immédiatement sommé les patrons pratiquant la « surfacturation » contre des rétrocommissions versées aux hauts responsables du pouvoir déchu de « stopper ces manœuvres » dans les passations de marchés publics, lors d’un discours menaçant devant 200 à 300 chefs d’entreprise gabonaises « convoqués » à la présidence.

Quelques jours plus tard, il tançait publiquement des centaines de hauts fonctionnaires et cadres du secteur public : « Venez de vous-même restituer les fonds détournés sous 48 heures sinon nous viendrons vous chercher et vous verrez la différence », avait-il déclaré.

À la suite d’une plainte d’ONG en 2007, des juges anticorruption parisiens se sont penchés sur des soupçons de détournements de fonds publics ayant permis notamment à la famille Bongo d’acquérir un patrimoine considérable en France.

Plusieurs membres de la famille Bongo, d’Omar, le défunt père, à Ali, le fils, en passant par d’autres proches, notamment sa fille Pascaline, sont suspectés d’avoir bénéficié d’un important patrimoine immobilier « frauduleusement » acquis et évalué par la justice « à 85 millions d’euros ».

Neuf enfants d’Omar Bongo sont mis en examen en France, notamment pour recel de détournement de fonds publics dans le cadre de l’enquête sur les « biens mal acquis ».

Le Gabon, dirigé par la famille Bongo depuis 1967, où Ali Bongo avait succédé à son père Omar à sa mort en 2009, est souvent dénoncé pour l’ampleur de la corruption qui s’y pratique. Le pays est classé 136e sur 180 pour la perception de la corruption par Transparency International (2022).

AFP

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