La production de fer et d’acier est responsable, à elle seule, de 7 % environ des émissions de dioxyde de carbone (CO2) mondiales. C’est beaucoup. Mais des chercheurs avancent que moderniser les usines sidérurgiques permettrait d’améliorer cette empreinte. De manière spectaculaire !
En 2021, des chercheurs de l’université du Colorado (États-Unis) montraient qu’en modernisant ne serait-ce que 5 % des centrales qui produisent de l’électricité à partir de charbon dans le monde, nous pourrions sérieusement réduire les émissions de dioxyde de carbone (CO2) du secteur. Une bonne nouvelle. Qui tarde toutefois à se concrétiser.
Mais aujourd’hui, des chercheurs de l’University College London (Royaume-Uni) publient dans la revue Nature, une étude porteuse d’espoir pour la décarbonation d’un autre secteur. Celui de la sidérurgie. Parce que produire du fer et de l’acier coûte cher en carbone. La sidérurgie compte pour jusqu’à 7 % des émissions mondiales de CO2. D’autant qu’en 2019 encore, les trois quarts des usines dans le monde étaient alimentées par du charbon, toujours cette même énergie fossile connue pour émettre des quantités considérables de CO2 lors de sa combustion.
Vous êtes 24.000 à me suivre ! 🥳
Si vous êtes dans la moyenne 🇫🇷, votre empreinte carbone totale est donc d’environ 250.000 tonnes d’équivalent CO2 par an.
C’est beaucoup ?
Oui pour 🌍🌏, mais ça n’est que 12 jours de fonctionnement de l’aciérie Arcelor Mittal à Fos-sur-mer. pic.twitter.com/vz9E9XKyXo
— laydgeur (@laydgeur) October 2, 2021
De combien les usines de sidérurgie pourraient-elles faire baisser leurs émissions de CO2 ?
Les chercheurs ont étudié près de 5 000 usines de sidérurgie dans le monde. Leurs caractéristiques techniques, leur emplacement, leurs technologies de traitement, leurs détails de fonctionnement, leur statut et leur âge. Pour évaluer les gains en émissions de CO2 que nous pouvons espérer grâce à des opérations de modernisation de ces installations de production de fer et d’acier. Et les chiffres donnent le tournis !
Pour comprendre, il faut savoir que les usines de sidérurgie sont généralement rénovées tous les 15 à 30 ans — selon les techniques employées et les âges desdites usines — pour prolonger leur durée de vie. Ces opérations coûtent cher et prennent du temps. Alors pourquoi ne pas en profiter pour intégrer aux usines, à ces moments-là, des technologies à faibles émissions. Les chercheurs se sont posés la question.
Et si tout le monde jouait le jeu, les chercheurs assurent que les émissions du secteur pourraient être réduites de 58,7 gigatonnes (Gt) d’ici 2050. C’est l’équivalent de deux années d’émissions mondiales nettes de carbone. L’étude montre même que si les opérations de modernisation étaient avancées de seulement cinq années, le gain serait de l’ordre de 69,6 Gt !
top 10 steel-producing companies in the world:
1. ArcelorMittal
2. China Baowu Steel Group
3. Nippon Steel Corporation
4. Hesteel Group
5. POSCO (Pohang Iron and Steel Company)
6. JFE Holdings
7. Shagang Group
8. Ansteel Group
9. Shougang Group
10. Tata Steel
— Top Statistics (@top_statsglobal) September 18, 2023
Des usines de sidérurgie à moderniser en priorité
Ainsi, en modernisant les usines existantes et en améliorant la collecte et le recyclage de leurs déchets, le secteur de la sidérurgie peut réduire considérablement ses émissions de carbone. S’attaquer aux moyens de production basés sur un type de haut fourneau à oxygène permettrait déjà d’obtenir 74 % des réductions d’émissions de CO2 annoncées pour l’ensemble du secteur. Car ces usines-là produisent environ 63 % de l’acier mondial.
Les chercheurs soulignent tout de même que le secteur de la sidérurgie est caractérisé par une complexité et une variété importantes de méthodes de production. Ainsi, de manière générale, chaque usine devra planifier les détails de ses opérations de décarbonation en fonction de ses spécificités.
Les chercheurs notent par ailleurs que les cinq usines sidérurgiques qui émettent le plus de CO2 contribuent, à elles seules, à hauteur de 7 % aux émissions totales de l’industrie sidérurgique mondiale. Alors même qu’elles ne représentent que 0,1 % du nombre des usines. Elles sont essentiellement localisées en Chine. Et les chercheurs estiment que commencer par moderniser ces usines-là pour réduire leurs émissions de CO2 démontrerait la faisabilité de ce type d’opérations sur d’autres usines semblables.
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