Méconnus, les troubles de l’oreille interne dits vestibulaires représentent le troisième motif de consultation en France. La seconde édition de la semaine nationale qui leur est consacrée (17 au 23 septembre 2023) se propose d’informer le public des solutions de prise en charge. Exemple avec une application mobile gratuite entièrement dédiée aux vertiges.
L’appli dédiée aux vertiges est une initiative marseillaise
Une excellente occasion pour la communauté multi-disciplinaire du vertige (ORL, kinésithérapeutes vestibulaires, chercheurs en neurosciences…) de se mobiliser pour mieux informer les patients des solutions de prise en charge. Car si ce fréquent symptôme – une sensation erronée de mouvement quand le corps reste lui immobile – représente le troisième motif de consultation en médecine générale et concerne près de 300.000 personnes en France, ses différents modes de rééducation demeurent méconnus.
Cette seconde édition est en fait un évènement qui s’inscrit en écho à la « Balance Awareness Week », organisée Outre-Atlantique depuis 1997 et au même moment mi-septembre par l’Association Américaine des troubles vestibulaires (VeDA)
En pratique dans l’Hexagone, « plus d’une centaine de manifestations seront proposées par les ORL, les kinésithérapeutes vestibulaires et les chercheurs dans les hôpitaux (CHU), cabinets libéraux et universités », précise Christian Chabbert, du Laboratoire de neurosciences cognitives (LNC) du CNRS et d’Aix-Marseille Université, fondateur du Groupe de recherche Vertige (GDRV), un groupe fédératif national regroupant scientifiques, cliniciens et industriels impliqués dans la recherche sur les vertiges.
L’affiche dédiée aux patients qui doit être affichée dans les pharmacies et cabinets de médecins généralistes.
Exemple ici avec une initiative marseillaise, soit le développement d’une application mobile entièrement dédiée dite APO vertiges. « Le problème majeur avec les vertiges, c’est le caractère très aléatoire des symptômes, rappelle sa co-conceptrice, le Dr Maya Elzière, chef de clinique, responsable de la consultation vertiges à l’hôpital Européen (Marseille).
En effet, une fois la crise passée, les signes (sensation de rotation, perte d’équilibre, nausées, etc.) s’estompent et le patient, souvent très choqué, parfois refoule, a du mal à décrire avec précision ce qui s’est vraiment passé. De plus, même si la crise se reproduit, il n’est pas toujours simple pour lui de décrire son déroulement précis.
Des points communs dans la survenue des crises entre migraines et vertiges
Pendant longtemps, l’ORL marseillaise a eu l’idée de remettre à ses patients lors d’une première consultation une simple photocopie A4 d’un calendrier standard sur un an et de leur demander de tenir sur cette feuille un agenda des crises (date, durée, intensité, signes d’accompagnement, contexte…). « Cela m’a permis parfois d’y voir plus clair mais le plus souvent, ces documents étaient finalement peu lisibles et difficiles à décrypter, sauf par le patient lui-même« , signale-t-elle.
C’est alors qu’elle a eu une autre idée. Etant elle-même atteinte de migraine et ayant découvert une application APO Migraine permettant de décrire ses crises, elle a prévu de la décliner pour les vertiges qui partagent de nombreux points communs avec les migraines dans leur mode de survenue.
Elle a alors contacté Apo Tech Care, la société ayant développé l’outil et deux ans de travail ont été nécessaires pour adapter à la problématique des vertiges et avec les questions à remplir par le patient. Depuis, une première version de l’application a été développée et est d’ores et déjà disponible gratuitement sur Apple Store et Android.
« APO pour Assistant Personnel Obstiné à vous aider, précise Céline Féron, cofondatrice d’Apo Tech Care, est une application qui aide les patients à prendre le contrôle de leur pathologie tout en collaborant avec leur médecin. Sans tomber dans l’hypervigilance, l’objectif est de rendre aisément les patients actifs de leur pathologie, en trente secondes les données peuvent être stockées« . Pour mieux s’adapter aux besoins des patients vertigineux, elles ont toutes deux organisé avec une dizaine de malades des ateliers pour confronter leurs attentes à celles des médecins.
Afin de garantir l’indépendance financière de son projet et poursuivre le développement de l’application, le Dr Elzière, avec le soutien de ses proches, a crée une association, E-patient, dont le but est de collecter des dons auprès du public pour permettre des améliorations comme la transmission directe des données aux médecins, la traduction en plusieurs langues des questionnaires. APO devrait aussi bientôt être déclinée dans d’autres affections chroniques (eczéma, spondylarthrite, dermatite atopique, pelade…) et même le Covid long.
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