L’élu du New Jersey, qui dirige la très importante Commission des affaires étrangères, est poursuivi pour corruption. Il conteste les accusations. Mais une juteuse perquisition a été réalisée à son domicile.
Le sénateur démocrate Bob Menendez, à la tête de la très puissante Commission des affaires étrangères, est poursuivi pour corruption, a annoncé vendredi le procureur fédéral de New York. Il s’agit de la deuxième inculpation de l’élu du New Jersey en moins de dix ans,
Selon le procureur Damian Williams, le sénateur a accepté entre 2018 et 2022 des «centaines de milliers de dollars» de pots-de-vin de la part de trois habitants du New Jersey, «utilisant son pouvoir et son influence pour protéger et enrichir ces hommes d’affaires et soutenir le gouvernement égyptien». Son épouse Nadine Menendez est également poursuivie.
Liasses fourrées dans les poches et trois kilos d’or
Le FBI a trouvé lors d’une perquisition au domicile du couple «des liasses de billets fourrées dans les poches de sa veste», trois kilos de «lingots d’or» et une voiture de luxe – autant d’éléments «qui faisaient partie de la fraude», a détaillé le procureur.
Le sénateur a vivement contesté les accusations. «Cela fait des années que des acteurs en coulisses tentent de me faire taire et de m’enterrer politiquement», a-t-il dénoncé dans un communiqué. Il a annoncé temporairement se mettre en retrait de son poste de chef de la Commission des affaires étrangères du Sénat. Une décision saluée par le chef des démocrates Chuck Schumer, qui a souligné que «Bob Menendez a le droit à un procès équitable».
Mais des appels à sa démission ont fusé, y compris au sein de son propre camp. «Ce sont de graves accusations qui impliquent la sécurité nationale et l’intégrité de notre système judiciaire criminel (…). C’est pourquoi j’appelle à sa démission immédiate», a déclaré dans un communiqué le gouverneur démocrate du New Jersey, Phil Murphy.
Dans un nouveau communiqué plus tard vendredi, Robert Menendez a rejeté ces appels croissants. «Je compte continuer à me battre pour les gens du New Jersey, a-t-il déclaré. Il ne m’échappe pas à quel point certains sont prompts à juger un Latino et à le pousser vers la sortie. Je n’irai nulle part», a ajouté le sénateur.
Déjà mis en examen pour corruption en 2015
Robert Menendez, 69 ans, d’origine cubaine et né à New York, est un vieux routier de la politique à Washington. Elu démocrate pour le New Jersey à la Chambre des représentants entre 1993 et 2006, puis au Sénat, il est une des voix les plus influentes sur les sujets diplomatiques dans la capitale américaine.
Mais l’élu a déjà eu maille à partir avec la justice fédérale. Fait très rare pour un sénateur, il avait été mis en examen pour corruption en 2015, mais son procès avait été annulé en 2017, faute d’un verdict unanime des jurés. L’année suivante, le Ministère de la justice – sous la présidence du républicain Donald Trump – avait demandé à un juge d’abandonner toutes les poursuites pour corruption visant Robert Menendez.
Il était accusé d’avoir utilisé sa fonction pour défendre les intérêts d’un riche ami ophtalmologue, homme d’affaires et donateur de Floride, Salomon Melgen, en échange de cadeaux et de financements de campagne.
letemps