Les séparatistes du Haut-Karabakh rendent les armes et négocient leur retrait

A truck of the Russian peacekeepers drives through the border from the Azeri side past Armenian police forces near Kornidzor on September 22, 2023. (Photo by ALAIN JOCARD / AFP)

La défaite face à l’Azerbaïdjan est actée et la suite des opérations se déroule sous un étroit contrôle exercé par la Russie. Sur place, la situation de la population est préoccupante

Après la lourde défaite militaire que leur a infligée l’Azerbaïdjan, les séparatistes du Haut-Karabakh négocient samedi avec Bakou le retrait de leurs troupes et la poursuite de leur dépôt des armes. Ils avaient déjà capitulé et conclu un cessez-le-feu mercredi, après l’offensive éclair de l’armée azerbaïdjanaise. Sur le terrain, la population de cette région à majorité arménienne angoisse pour son avenir.

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Cette enclave montagneuse, qui avait été rattachée en 1921 par le pouvoir soviétique au territoire azerbaïdjanais, avait été par le passé le théâtre de deux guerres entre les anciennes républiques soviétiques que sont l’Azerbaïdjan et l’Arménie: l’une de 1988 à 1994 (30 000 morts) et l’autre à l’automne 2020 (6500 morts).

«Conformément aux accords de cessation des hostilités, les formations armées du Karabakh ont commencé à remettre» leurs armes «sous le contrôle des forces russes de maintien de la paix», a fait savoir vendredi le Ministère russe de la défense. Six blindés, plus de 800 armes légères et environ 5000 munitions ont pour l’instant été rendus, a précisé le contingent de la paix russe.

Les pourparlers des autorités du Haut-Karabakh avec la partie azerbaïdjanaise entamés jeudi «sous les auspices des soldats de maintien de la paix russes» doivent permettre d’«organiser le processus de retrait des troupes et assurer le retour dans leurs foyers des citoyens déplacés par l’agression militaire», selon les séparatistes. Les parties discutent également de «la procédure d’entrée et de sortie des citoyens» de cette région, ont-ils ajouté. Le tout à un moment où des milliers de civils restent confrontés à une situation d’urgence humanitaire, dans la «capitale» Stepanakert, encerclée par les soldats azerbaïdjanais, disent les autorités locales.

«On espère des évacuations pour bientôt»
Originaire de cette ville, Yana Avanessian, une enseignante en droit âgée de 29 ans assure, comme bien d’autres Arméniens réussissant tant bien que mal à contacter leurs proches que la situation sur place est «horrible». «On espère des évacuations pour bientôt, notamment des gens dont les habitations ont été détruites», confie à l’AFP la jeune femme, au milieu d’un petit groupe de personnes comme elle rongées par l’inquiétude présentes au poste de contrôle arménien de Kornidzor.

«Ça fait trois jours et trois nuits que j’attends. Je dors dans la voiture», raconte à cet égard Garik Zakarian, qui habitait jusqu’en décembre dernier dans le village d’Eghtsahog, presque à portée de main, de l’autre côté de la vallée, et où des amis, sa belle-mère et son beau-frère vivent toujours. Et chacun s’écarte docilement quand passent des voitures remplies de soldats arméniens ou des convois de la force russe d’interposition, les seuls autorisés à poursuivre leur route.

Petite lueur d’espoir
Un correspondant de l’AFP a pour sa part constaté que Stepanakert était privée d’électricité et de carburant. Ses habitants, qui ne peuvent pas retrouver leurs proches disparus faute de listes des morts et des blessés, manquent par ailleurs de nourriture et de médicaments. Les troupes azerbaïdjanaises «sont partout autour de Stepanakert, elles sont à la périphérie», a quant à elle affirmé à l’AFP une porte-parole des autorités locales, Armine Hayrapetian, disant que des gens se terraient «dans les caves».

Petite lueur d’espoir, d’après un conseiller du président azerbaïdjanais Ilham Aliev, Bakou a promis au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) d’envoyer de l’aide et de prendre en charge les soldats séparatistes blessés, avec des ambulances autorisées à se rendre à partir de l’Arménie au Haut-Karabakh.

L’opération militaire azerbaïdjanaise, qui s’est achevée en 24 heures mercredi à la mi-journée, a fait au moins 200 morts et 400 blessés, d’après les séparatistes arméniens. Et la victoire remportée par Bakou nourrit les craintes d’un départ de nombre des 120 000 habitants de la région, même si l’Arménie a promis qu’aucune évacuation de masse n’était prévue. Elle s’est néanmoins dite prête à accueillir «40 000 familles» de réfugiés.

Pachinian sous pression
Accusé de passivité face à l’Azerbaïdjan, le premier ministre arménien Nikol Pachinian a reconnu vendredi que «la situation» restait «tendue». Mais «il y a un espoir de dynamique positive», a ajouté le chef du gouvernement, pour qui le cessez-le-feu est «globalement» respecté.

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Des personnes hostiles à Nikol Pachinian manifestent tous les jours à Erevan, la capitale de l’Arménie, pour protester contre la gestion de la crise par l’exécutif. Plusieurs dirigeants de l’opposition ont de leur côté fait connaître leur intention d’ouvrir au parlement une procédure de destitution à l’encontre du chef du gouvernement. Selon la police arménienne, 98 manifestants ont été arrêtés vendredi, tandis que le premier ministre appelle au calme et à emprunter «le chemin» de la paix, bien que ce ne soit «pas facile».

tv5monde

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