Le film de Cédric Kahn revient sur une période méconnue de l’histoire de France et sur un personnage original. Un long-métrage brut, physique et captivant, en salles le 27 septembre.
Tout se passe dans un tribunal et une cellule attenante qui sert de salle d’attente pour un prisonnier pas comme les autres : Pierre Goldman, militant d’extrême gauche. Condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée, dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes, il reconnaît les braquages et nie les meurtres.
L’homme a le verbe haut, la réplique aisée. Il est aussi un homme blessé, ses plaies sont béantes. Nous sommes en novembre 1975, le deuxième procès de Pierre Goldman s’ouvre. L’accusé est combattif, parfois hargneux.
Au nom des siens
La peur d’un énième procès filmé s’estompe vite. On entre vite dans un film brut, physique, sans effets spéciaux. Ni musique, ni pathos. Le film Le procès Goldman, qui sort mercredi 27 septembre, s’adresse plus au cerveau qu’à l’affect. Le jeu d’acteur est dense, intense. Arieh Worthalter incarne un Pierre Goldman tout de colère rentrée, à la limite de la rupture.
Le réalisateur Cédric Kahn dit avoir découvert le personnage il y a une quinzaine d’années, en lisant son livre Souvenirs obscurs d’un Juif polonais né en France (Points). Personnage, car Pierre Goldman porte une histoire et des rêves. Fils de résistants juifs d’origine polonaise, guérillero lui-même au Venezuela avant de revenir en France et devenir braqueur. Antiraciste féroce, il a toujours nourri un complexe vis-à-vis de ses parents, des héros pour qui il nourrit une admiration illimitée et à qui il a voulu rassembler, sans jamais y parvenir selon lui.
« Je suis innocent parce que je suis innocent »
Un complexe qu’il dira à la Cour. La scène où il s’adresse à son père dans le tribunal est très poignante. Tout comme il répètera sa phrase comme un leitmotiv : « je suis innocent parce que je suis innocent ». Innocent ou coupable ? Cédric Kahn réussit le pari de tenir en haleine son public. La tension ne retombe jamais.
La mise en scène épurée, minimaliste, participe à la dramatisation du procès. Le public est invité à prendre la place du jury. La plaidoirie de Georges Kiejman, décédé quelques jours avant la première du film à la Quinzaine des cinéastes du Festival de Cannes en mai dernier, est saisissante de vérité.
L’enjeu : éviter la peine de mort à son client caractériel. L’acteur Arthur Harari a su incarner le célèbre avocat, jusqu’à dans sa gestuelle. Le film Le procès Goldman , porté par des acteurs « investis », est un théâtre captivant qui a su restituer une période tumultueuse à travers un huis-clos nerveux, fébrile.
Synopsis : En novembre 1975, débute le deuxième procès de Pierre Goldman, militant d’extrême gauche, condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée, dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes. Il clame son innocence dans cette dernière affaire et devient en quelques semaines l’icône de la gauche intellectuelle. Georges Kiejman, jeune avocat, assure sa défense. Mais très vite, leurs rapports se tendent.
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