Luc Besson en pleine opération de réhabilitation, de « Paris-Match » à « Quelle époque »

En promotion de son nouveau film, « Dogman », le réalisateur Luc Besson, accusé par plusieurs femmes de comportements sexuels inappropriés, se présente comme la victime de cette affaire.

Un couple qui a « tenu bon grâce à l’amour », des enfants qui ont « beaucoup souffert », un homme « traîné dans la boue ». En tournée promotionnelle pour son nouveau film (un drame), le réalisateur Luc Besson est revenu à plusieurs reprises, yeux rouges et dans le vague, sur les accusations portées à son encontre par neuf femmes ayant relaté dans Médiapart des viols ou des comportements sexuels inappropriés.

Reçu sur le plateau de « Quelle époque » par Léa Salamé, ce samedi 23 septembre, Luc Besson s’est ainsi largement exprimé sur les répercussions qu’ont eu sur lui « l’affaire » déclenchée par le dépôt, en 2018, d’une plainte pour viol par la comédienne Sand Van Roy. « Combien d’heures vous avez été entendu ? » « Un peu plus de 9 heures, sur une chaise », a témoigné le réalisateur, avant de dérouler, comme l’a formulé l’autrice féministe et conseillère de Paris Alice Coffin, « toute la panoplie de défense des agresseurs ».

« Je pense que j’étais une bonne target [cible, NDLR] » a-t-il notamment assuré, remettant en cause le travail d’enquête des journalistes ayant publié les témoignages des femmes le mettant en cause. « Pour moi, c’est pas vraiment des journalistes », a-t-il balayé, accusant de mensonge les « jeunes femmes » qui ont témoigné de son comportement. « Comment vous avez vécu ces 5 années ? Est-ce que vous vous êtes senti lâché ? (…) Est-ce que vous vous êtes senti comme un paria ? », lui a aussi demandé Léa Salamé, avant que la conversation ne repasse sur un ton badin. Rires du public, applaudissements, rien de ceci n’a existé.

« Très démuni »

L’opération de réhabilitation avait débuté, à la toute fin du mois d’août, au tout début de la Mostra de Venise où le réalisateur avait été convié, par la publication par « Paris-Match » d’une série de photos sur lesquelles Luc Besson apparaît en famille sur le tapis rouge de la Mostra de Venise pour la présentation de son nouveau film.

Dans un long entretien, il déclarait s’être trouvé « très démuni » face à ces accusations, estimant même, dans un renversement acrobatique de la réalité des plaintes, avoir été accusé parce qu’il était célèbre (« comme si être un homme avec un peu de pouvoir faisait de moi obligatoirement un assassin »). Et de jouer, là aussi, la carte de la famille blessée.

« Virginie s’est retrouvée humiliée et insultée publiquement. La vraie victime, c’est elle. »

L’affaire avait débuté en mai 2018, en pleine vague #MeToo de dénonciation des violences sexuelles, avec le dépôt par Sand Van Roy d’une plainte pour viol après un rendez-vous dans un palace parisien. Neuf femmes avaient ensuite témoigné de comportements sexuels inappropriés. Deux ont effectué des signalements auprès de la justice, pour des faits prescrits – toutes n’ont pas été entendues par la police, contrairement à ce qui a été dit par Luc Besson sur le plateau de « Quelle époque » samedi soir.

En juin 2023, la cour de cassation a rejeté le pourvoi formé par Sand Van Roy, qui contestait le non-lieu rendu en faveur du cinéaste. Les avocats de Sand Van Roy ont dénoncé des procédures « bâclées » et fustigé « l’absence d’une véritable instruction contradictoire et loyale ». « Je continue les procédures en cours et je vais saisir la Cour européenne des droits de l’homme », avait-elle alors déclaré.

Ce dimanche, après l’émission, la comédienne a préféré garder le silence. Elle a porté plainte en Belgique, son pays, et souhaite que la justice puisse sereinement faire son travail.

L’Obs

 

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