À Marseille, le pape achève son voyage consacré aux migrants par une messe géante

Le pape François a conclu son voyage consacré aux migrants par une messe géante au stade Vélodrome de Marseille devant plusieurs dizaines de milliers de personnes, y compris Emmanuel Macron, dont la présence a été critiquée à gauche comme à l’extrême droite. Dans son homélie, il a dénoncé le « tragique rejet de la vie humaine, qui est aujourd’hui refusée à nombre de personnes qui émigrent », martelant une dernière fois ce message d’accueil des migrants.

Accueilli en rock-star, le pape François a conclu, samedi 23 septembre, par une messe géante au stade Vélodrome de Marseille une visite dans la deuxième ville de France, avant de regagner le Vatican dans la soirée de dimanche. Une messe donnée devant plusieurs dizaines de milliers de personnes, dont le chef de l’État, Emmanuel Macron.

« Bonjour Marseille, bonjour la France ! » : c’est par ces mots, en français, que le pape François a ouvert l’événement.

Il est arrivé dans le stade vers 16 h, après avoir remonté l’avenue du Prado en papamobile sous un soleil éclatant, salué par la foule agitant des drapeaux français, de Marseille ou du Vatican, tandis que retentissaient quelques « Vive le pape, bienvenue à Marseille ! ».

Après avoir fait le tour de la pelouse, toujours dans sa papamobile, François, qui prononcera l’homélie, a pris place sur la vaste scène installée dans le virage nord, ornée d’une statue de la Vierge et dominée d’une croix de huit mètres de haut.

À son arrivée, un gigantesque « tifo » a été déployé par les supporters de l’OM, représentant le buste du souverain pontife à côté de la « Bonne Mère », la Basilique Notre-Dame-de-La-Garde. Derrière cette banderole, déroulée depuis le toit du virage sud, les milliers de spectateurs habillés de chasubles ont d’abord dessiné une croix bleue sur fond blanc, le drapeau de Marseille, avant d’y inscrire un immense « Merci » en lettres jaunes composées à partir de feuilles dorée.

« Peur et indifférence »
Un écho à ses déclarations de vendredi, quand il avait fustigé dès son arrivée la « peur » et « l’indifférence » face au sort de ceux qui cherchent à traverser la Méditerranée, fuyant la guerre, ou cherchant un avenir meilleur face à la misère ou aux bouleversements climatiques.

Des propos forts dans un contexte d’hostilité croissante en Europe envers les candidats à l’exil et alors même qu’une nouvelle vague d’arrivées sur l’île italienne de Lampedusa a mis à l’épreuve la solidarité de l’Union européenne.

Le pape s’exprimait devant de nombreux responsables français et des institutions européennes, dont le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui avait affirmé mardi que son pays n’accueillerait pas de migrants venus de Lampedusa, tandis que la droite et l’extrême droite fustigeaient une « submersion migratoire ».

Le souverain pontife a aussi plaidé pour une « intégration » des migrants plutôt qu’une « assimilation », qui « compromet l’avenir » en « provoquant hostilité et intolérance ».

Après avoir loué vendredi ceux qui secourent les migrants en mer, lors d’une cérémonie à l’emblématique basilique Notre-Dame-de-la-Garde, il a reçu samedi en audience des responsables de l’ONG SOS Méditerranée, basée à Marseille, qui affrète un bateau de secours.

La présence d’Emmanuel Macron critiquée
Avant le début de l’office, plusieurs artistes avaient défilé sur scène : le groupe chrétien de pop-louange Glorious, l’humoriste Gad Elmaleh, le chanteur Grégoire… tandis que les olas se succédaient dans les gradins.

Parmi les invités de marque, la présidente de la BCE Christine Lagarde, le patron LR de la région Paca Renaud Muselier, la présidente LR du département Martine Vassal.

La présence d’Emmanuel Macron a été critiquée par des élus de gauche au nom du respect de la laïcité, tandis que certains élus d’extrême droite ont préféré boycotter cette messe en raison du discours du pape sur les migrants.

Pour cette messe géante, où près de 60 000 personnes ont envahi les tribunes, un dispositif de sécurité « hors norme » a été déployé, mobilisant 6 000 membres des forces de l’ordre et un millier d’agents de sécurité privés.

Dans la foule, des chrétiens de différentes confessions sont présents mais aussi quelques musulmans, et beaucoup de familles et de jeunes.

« C’est un honneur de venir, je trouve que c’est important aujourd’hui dans une communauté multiculturelle et multicultuelle de pouvoir tendre la main à ses frères sans être forcément que catholique », expliquait à l’AFP Cécile Pivert, 57 ans, venue de Salon de Provence.

« Calme, paix »
En fin de matinée, le pape s’est entretenu pendant une demi-heure avec Emmanuel Macron, dont le gouvernement doit prochainement présenter une nouvelle loi sur l’immigration, où la question de la régularisation des travailleurs sans-papiers fait débat. Il s’agissait de la quatrième rencontre entre les deux hommes, qui entretiennent des relations cordiales et se tutoient.

Selon la présidence française, les deux hommes ont notamment évoqué ces deux sujets lors de leur entretien, avec « une vraie volonté conjointe de lutter » contre les passeurs « et d’apporter des solutions humaines ». Par contre, ils ne sont pas entrés dans le détail du texte sur la fin de vie, qui pourrait aller jusqu’à inclure une « aide active à mourir ».

Ce voyage, le premier d’un souverain pontife à Marseille en près de 500 ans, semble avoir suscité un engouement moins fort qu’attendu, notamment sur le parcours en papamobile en route pour la messe, où la foule semblait nettement moindre que les 100 000 personnes attendues, même si aucun chiffre officiel ne sera disponible.

« Le pape me remplit de calme, de paix. Quand il parle, il me fait ressentir quelque chose d’énorme », témoignait Sandra Vélez, Colombienne de 53 ans installée en France, accompagnée par sa fille et son fils.

Ovationné par une foule debout, le pape a conclu la messe en la cathédrale du Vélodrome en appelant, en français, à lui apporter du soutien : « N’oubliez pas de prier pour moi, c’est un travail pas facile », a-t-il lancé, après avoir évoqué, en italien, les 86 victimes de l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice.

Le souverain pontife a quitté Marseille en avion à 19 h 30 après un bref entretien, dans un salon de l’aéroport, avec le président français Emmanuel Macron.

AFP

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