Mustafa Suleyman, co-fondateur de DeepMind, envisage un avenir où les chatbots feront bien plus que converser. Pour lui, l’intelligence artificielle va devenir interactive, capable d’accomplir des tâches complexes en collaborant avec d’autres logiciels et individus.
Mustafa Suleyman a quitté DeepMind pour rejoindre Google, où il a dirigé une équipe travaillant sur les politiques relatives à l’intelligence artificielle. En 2022, il fonde Inflection, une entreprise déjà richement dotée avec un financement de 1,5 milliard de dollars provenant de Microsoft, Nvidia, Bill Gates et Reid Hoffman, fondateur de LinkedIn. Inflection a lancé un bot rival de ChatGPT appelé Pi, qui se distingue par sa politesse et sa bienveillance.
Une IA qui prend les choses en main
« Si vous commencez à vous plaindre que les immigrants dans votre communauté vous prennent vos emplois, Pi ne va pas vous réprimander ni vous faire la morale », illustre-t-il dans une interview à Technology Review. « Pi va s’informer, être bienveillant et essayer de comprendre d’où cela vient, tout en vous encourageant doucement à faire preuve d’empathie ».
L’entrepreneur britannique imagine désormais une nouvelle phase de l’intelligence artificielle qui serait interactive, c’est-à-dire capable de prendre des mesures proactives pour accomplir des tâches. « Au lieu de simplement cliquer sur des boutons et taper [sur votre clavier], vous allez parler à votre IA », détaille-t-il.
« Et ces IA seront capables de prendre les choses en main. Vous leur donnerez simplement un objectif général et de haut niveau, et elles utiliseront tous les outils dont elles disposent pour agir en conséquence. Elles parleront à d’autres personnes, dialogueront avec d’autres IA. C’est ce que nous allons faire avec Pi ».
Il précise que les humains resteront toujours aux commandes, en fixant des limites que l’IA ne pourra franchir. Selon Suleyman, la mise en place de réglementations adaptées à ces nouvelles technologies est tout à fait réalisable, citant comme exemple les cadres de réglementation existants dans l’espace numérique.
Malgré son optimisme concernant la réglementation des technologies d’IA, le scepticisme reste de mise chez de nombreux experts et observateurs. Les questions d’autonomie et de contrôle des machines sont particulièrement délicates, tout comme le rôle des institutions nationales et internationales dans l’établissement de nouvelles normes.
L’entrepreneur, à qui certains reprocheront son « techno-optimisme » qui peut s’apparenter à de la naïveté, est un fervent défenseur de l’IA en tant que force positive dans le monde. « Nous sommes obsédés par cette question de l’optimisme et du pessimisme, mais c’est une manière complètement biaisée de voir les choses », affirme-t-il.
« Je ne veux être ni l’un ni l’autre. Je veux regarder en face les avantages et les menaces [de l’IA]. Nous pouvons très clairement voir qu’à chaque progression dans l’échelle de ces grands modèles linguistiques, ils deviennent plus contrôlables ».
Technology Review