Soins dentaires : les Français ont-ils encore la possibilité de se soigner librement ?

La baisse annoncée des remboursements dentaires à l’automne 2023 augmentera mécaniquement, pour de nombreux patients, les difficultés d’accès à des soins dentaires, pourtant déjà pénalisés. La liberté de soins, garantie en France par le Code de la Santé, est-elle menacée de restrictions supplémentaires ? Quelques éléments de réponse avec Nicolas Pineau, fondateur d’Eurodentaire.

Quel constat faites-vous de la situation actuelle en France pour les soins dentaires ?

Naturellement, la santé est une préoccupation majeure des Français. Notre système de santé est globalement performant, mais on peut déplorer que les soins dentaires en soient le parent pauvre. En effet, les postes de renoncement y sont nombreux, à commencer par ce tout ce qui passe pour « soin de confort ». Peu ou pas remboursés, nombre de traitements restent inaccessibles pour une partie de la population. Je songe ici aux implants dentaires, à certaines prothèses, etc.

La réforme « 100 % santé » de 2021 permettait une réduction des frais de santé et facilitait ainsi l’accès à certains traitements. Seulement, avec cette baisse du remboursement annoncée pour l’automne 2023, le risque est grand de revenir sur des acquis durement gagnés. Conséquence immédiate : une restriction supplémentaire de la liberté médicale.

En quoi la liberté médicale relève-t-elle des libertés fondamentales ?

Le droit à l’accès aux soins et la liberté du choix de son praticien sont des principes fondamentaux en santé. Mais cette liberté médicale trouve des freins considérables avec les tarifs pratiqués, les déserts médicaux ou encore les délais d’attente.

Avec la hausse prévisible du reste à charge, on peut craindre que la liberté médicale du patient se restreigne encore davantage, ce qui appelle à trouver de nouvelles solutions en faveur du patient.

Quelles sont les singularités des soins dentaires ?

La protection sociale est progressivement devenue universelle, en France, pour couvrir tous les individus.

Mais le cas des soins dentaires (et, dans une moindre mesure, ceux de l’audiologie ou d’optique) est un peu particulier. Non seulement, le reste à charge est le plus élevé parmi tous les postes de santé, mais le désengagement de l’assurance maladie au profit des mutuelles est une tendance marquée depuis plusieurs décennies qui change la donne.

Les organismes complémentaires sont de plus en plus sollicités dans le financement des soins, alors même que ce n’était pas spécialement leur rôle initial. Le déficit structurel de l’assurance maladie contraint, certes, à de difficiles décisions, mais c’est souvent le patient qui trinque à la fin.

Qu’en disent les principaux concernés ? Comment les Français jugent-ils l’accès aux soins dentaires ? Pensent-ils que leur liberté médicale est menacée ? Quelles solutions alternatives proposer pour rétablir un équilibre ? Voici quelques questions que nous avons souhaité leur poser…

Vous avez réalisé une enquête nationale avec un institut de sondage. Pourriez-vous nous en indiquer les objectifs ?       

En tant que plateforme de réservation et d’organisation de traitement en Europe, nous sommes tenus de suivre les grandes tendances, afin de confirmer l’intérêt de notre offre alternative.

Si les soins dentaires en Europe constituent un droit pour tout citoyen du territoire, il est malheureusement méconnu ou caricaturé.

Nous avons donc mené une grande enquête nationale avec un institut de sondage de premier ordre pour connaître les préoccupations des Français et savoir comment y répondre. L’objectif est d’évaluer la perception qu’ils ont de l’accès aux soins et de leurs droits en termes de liberté ou de mobilité médicale. L’analyse est en cours et les résultats seront publiés très prochainement.

Outre vos activités commerciales, on a le sentiment, à vous entendre, que vous accomplissez une sorte de devoir…

Nous avons la chance à Eurodentaire de faire un métier qui a du sens. Concrètement, nous avons permis, ces 15 dernières années, à plusieurs milliers de personnes de se soigner au sein d’un pays de l’Union européenne. C’est un travail valorisant, mais difficile, car il exige à la fois une attention constante et une organisation irréprochable.

L’Europe offre un cadre réglementaire qui permet de se soigner dans des conditions comparables à celles de son pays d’origine. À notre niveau, nous participons donc à la liberté médicale (choix du praticien et du lieu de traitement). Et nous en sommes fiers. S’il est une conviction que nous défendons, c’est que les actes médicaux qui transforment des vies ne peuvent être perçus comme de simples soins de confort et que l’accès au traitement est un droit inaliénable.

topsante

You may like