Le gingembre est efficace contre l’inflammation : voici les preuves

Le gingembre est un favori des adeptes de remèdes naturels… et avec raison ! Une récente étude a démontré qu’il est bel et bien efficace pour combattre l’inflammation, une voie prometteuse dans le traitement des maladies auto-immunes telles que le lupus et la polyarthrite rhumatoïde.

« J’ai beaucoup de patients qui me parlent de traitements naturels et de suppléments. Mais en tant que professionnelle de la santé, c’est difficile [d’aborder ces sujets] parce qu’il manque de données rigoureuses pour en justifier l’usage  », nous raconte la médecin Kristen Demoruelle, professeure à l’école de médecine de l’Université du Colorado (États-Unis) et co-autrice d’une étude parue dans la revue JCL Insight. C’est d’ailleurs ce qui l’a poussée à étudier ce remède de grand-mère. L’équipe de recherche a ainsi découvert le mécanisme biologique derrière les propriétés anti-inflammatoires du gingembre longtemps soupçonnées : il calme l’activité des neutrophiles.

Le neutrophile, le Spider-Man des globules blancs
Les neutrophiles sont des globules blancs très abondants dans le corps humain et constituent la première ligne de défense contre les infections. Leur rôle dans le système immunitaire est de capturer et d’éliminer les pathogènes. Pour ce faire, ils agissent à la manière de Spider-Man : en expulsant une sorte de filet semblable à une toile d’araignée sur leurs victimes. Une fois pris au piège, les pathogènes se désintègrent sous l’effet des substances antimicrobiennes contenues dans le « filet ». Cette action des neutrophiles, appelée la nétose, stimule la réponse inflammatoire.

Bien que l’inflammation soit nécessaire pour combattre les infections, elle peut devenir problématique si elle se déclenche trop souvent ou en absence de réels pathogènes. C’est ce qui se produit avec les maladies auto-immunes : le système immunitaire d’un individu s’attaque à ses propres cellules. Ce qui engendre de sévères conséquences, comme la dégradation des organes dans le cas du lupus, une maladie auto-immune rare qui touche environ 30.000 personnes en France.

« On sait que les neutrophiles sont hyperactifs et déclenchent la nétose de manière excessive dans plusieurs maladies auto-immunes, comme la polyarthrite rhumatoïde [une maladie qui touche 1% de la population adulte et cause des douleurs et des gonflements aux articulations, ndlr], le lupus, le syndrome des anticorps antiphospholipides [un trouble rare qui cause des caillots sanguins et des complications de grossesse, ndlr], et même le Covid long », explique Kristen Demoruelle.

De l’espoir pour les maladies auto-immunes
Dans une étude précédente, des chercheurs avaient noté qu’une injection de gingérol, la principale molécule active du gingembre, pouvait inhiber l’hyperactivité des neutrophiles chez les souris. Maintenant, les scientifiques voulaient aller plus loin et vérifier si l’extrait de gingembre pouvait avoir le même effet chez l’humain, et en l’administrant par voie orale.

Pour tester leur hypothèse, les chercheurs ont induit une hyperactivité des neutrophiles dans les échantillons de sang provenant d’individus en bonne santé. Puis, ils ont reproduit l’expérience chez ces mêmes individus après leur avoir donné un supplément de gingembre chaque jour pendant une semaine. Résultat : les neutrophiles n’arrivaient plus à déclencher la nétose de manière aussi effrénée quand les volontaires étaient supplémentés en gingembre.

« La prochaine étape sera de tester l’effet des suppléments de gingembre chez des patients atteints de maladies auto-immunes où les neutrophiles sont hyperactifs », indique Kristen Demoruelle, optimiste pour la suite des recherches. Car actuellement, les médicaments disponibles pour les maladies auto-immunes graves agissent en affaiblissant le système immunitaire de manière générale, ce qui vient avec des effets secondaires importants.

À l’inverse, un traitement ciblant l’activité des neutrophiles permettrait d’avoir une stratégie personnalisée selon les patients.

On ne peut pas encore affirmer que le gingembre est un traitement efficace contre les maladies auto-immunes, précise la docteure, mais il représente déjà une voie intéressante pour les patients qui souhaiteraient complémenter leur médication de produits naturels. « Le gingembre est « safe » et habituellement bien toléré, puis notre étude montre qu’il inhibe un mécanisme spécifique de l’inflammation, alors je trouve que c’est très raisonnable de l’essayer », conclut Kristen Demoruelle.

sciencesetavenir

You may like