Carburant à prix coûtant : qu’est-ce que vous allez vraiment y gagner ?

Après le flop de la vente à perte, Emmanuel Macron entend contraindre les distributeurs à vendre du carburant à prix coûtant. Les réactions se multiplient du côté de la filière et les automobilistes n’y gagneront pas tant que ça non plus. Explications.

Le carburant, l’un des sujets les plus brûlants du moment. Surtout quand il touche de plein fouet le pouvoir d’achat des Français et que le gouvernement tente tant bien que mal de gérer la hausse des prix à la pompe, le litre d’essence frôlant désormais les deux euros. Sur TF1 et France 2 dimanche soir, Emmanuel Macron a renoncé à l’idée d’encourager la vente à perte de carburant : “la menace de baisser le seuil de vente à perte a été brandie.

Elle ne sera pas dans le texte de mercredi (NDLR : en Conseil des ministres). On la garde comme menace”. Nous savons également que la Première ministre rassemble tous les acteurs de la filière mercredi, pour leur demander “de faire du prix coûtant”.

Il y a effectivement une nuance entre les deux notions. Le procédé de vendre à perte vise à écouler un produit à un prix inférieur à son prix d’achat. C’est pourtant illégal pour des questions légitimes de concurrence. On rappelle qu’Elisabeth Borne a voulu faire une exception aux carburants à la mi-septembre pour pratiquer la vente à perte de façon “temporaire” et “exceptionnelle”, soit sur six mois.

Pour ce qui est de la vente à prix coûtant, il s’agit d’une pratique autorisée qui permet de vendre un produit sans réaliser de marge. Plusieurs enseignes de la grande distribution font ainsi ponctuellement quelques efforts en mettant en place des opérations commerciales de ce genre comme Intermarché ou Casino.

Le consommateur gagne que deux centimes au mieux
La première méthode a donc été mise de côté par le gouvernement, qui souhaite désormais que les distributeurs vendent leur litre de diesel ou d’essence à prix coûtant, autrement dit, que personne ne fasse de bénéfice. Quelques enseignes et la majorité des stations-services indépendantes continuent de monter au créneau, mais qu’est-ce que le consommateur gagne dans tout ça, si la mesure était réellement généralisée et appliquée ?

Contacté par nos soins, Olivier Gantois, président de l’Ufip Énergies et Mobilités, et porte-parole des pétroliers en France, affirme toutefois que le gain pour les automobilistes sera vraiment minime. “La marge nette des distributeurs, c’est-à-dire leur bénéfice, est de l’ordre de 1 centime par litre. Donc quand on parle de prix coûtant on parle logiquement de baisse de prix de 1 centime par litre, voire au maximum 2 centimes pour les grosses stations-services, et rien du tout pour les plus petites.

Nous ne sommes pas du tout à l’échelle du problème si on regarde la hausse des prix des carburants cet été qui a été de l’ordre de 15 centimes…”. Le représentant insiste : ”je ne sais pas ce que le gouvernement imagine, mais il n’y a encore aucune décision concertée et générale pour l’instant.

Et, si un distributeur décide de faire du prix coûtant, le prix à la pompe va baisser au mieux de quelques centimes, mais ce ne sera pas perceptible pour les automobilistes parce qu’il suffit que la semaine suivante le prix du brut monte, ça peut gommer la baisse qui vient d’être appliquée, et ainsi de suite”. La réponse n’est donc pas du tout positive car finalement, le consommateur ne va constater aucun changement…

yahoo

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