Etats-Unis : Plainte du régulateur de la concurrence contre Amazon, accusé de nuire aux consommateurs

WASHINGTON- Le régulateur américain de la concurrence a déposé mardi une plainte contre Amazon attendue de longue date, alors que le gouvernement entend rompre le monopole des grands groupes technologiques, et demandé à la justice d’envisager de contraindre le géant du commerce en ligne à vendre des actifs pour arrêter de nuire aux consommateurs.

Cette démarche intervient alors que s’est ouvert plus tôt ce mois-ci à Washington un procès fédéral contre Google, accusé d’avoir contourné les règles en matière de concurrence afin de s’assurer un quasi-monopole sur les recherches en ligne.

Amazon, dont le titre à Wall Street s’est replié de 2,7%, a décrit cette plainte comme malavisée, estimant que cela engendrerait pour ses clients des prix plus élevés et des délais de livraison moins rapides.

Depuis des années, des élus, entreprises et consommateurs américains reprochent à Amazon et d’autres géants technologiques d’abuser de leur position dominante s’agissant des publicités, des ventes et des recherches en ligne, pour faire chasse gardée des aspects les plus lucratifs d’internet.

La plainte annoncée mardi par la Commission fédérale du commerce (FTC), à laquelle se sont joints les procureurs généraux de dix-sept Etats américains, fait suite à quatre années d’enquête. Elle a été déposée devant un tribunal fédéral de Seattle, où se trouve le siège d’Amazon.

Dans un communiqué, la FTC a déclaré que « les agissements d’Amazon lui permettent d’empêcher rivaux et vendeurs de baisser les prix, de dégrader la qualité pour les consommateurs, de faire surpayer les vendeurs, d’étouffer l’innovation et d’empêcher les concurrents de rivaliser de manière équitable avec Amazon ».

Elle a demandé au tribunal de considérer toute mesure « préliminaire ou permanente » nécessaire pour rétablir une concurrence équitable, notamment la possibilité de contraindre Amazon à se séparer d’un ou plusieurs actifs.

Le principal avocat d’Amazon a déclaré que les pratiques dénoncées par la FTC ont « aidé à favoriser la concurrence et l’innovation à travers l’industrie du commerce de détail ».

David Zapolsky a ajouté que ces pratiques ont permis « une sélection élargie, des prix plus bas et des livraisons plus rapides pour les clients d’Amazon ainsi que de meilleures opportunités pour les nombreux commerces qui vendent » leurs produits via la plateforme Amazon.

« POUVOIR MONOPOLISTIQUE »

Selon la FTC, le géant du commerce en ligne sanctionne les vendeurs dont les prix sont inférieurs à ceux pratiqués par Amazon en rendant leurs produits difficiles à trouver sur la plateforme pour les consommateurs.

Amazon est aussi accusé de privilégier la mise en avant de ses propres produits plutôt que ceux de rivaux.

La présidente de la FTC a reproché à Amazon d’user de tactiques illégales pour écarter toute entreprise faisant de l’ombre à son monopole.

« Amazon exploite désormais ce pouvoir monopolistique pour nuire à ses clients, à la fois les dizaines de millions de familles qui font leurs achats sur la plateforme et les centaines de milliers de vendeurs qui utilisent Amazon pour les atteindre », a déclaré Lina Khan.

Quand elle était étudiante en droit à l’université de Yale, Lina Khan avait écrit sur la domination d’Amazon dans le secteur du commerce en ligne. Devenue par la suite assistante parlementaire, elle a contribué au rapport d’une commission de la Chambre des représentants prônant en 2020 une régulation plus sévère des quatre géants technologiques, dits les Gafa – Google, Amazon, Facebook et Apple.

S’attaquer au monopole des Gafa est l’une des rares questions sur lesquels s’accordent les élus démocrates et républicains du Congrès.

Durant le mandat président du républicain Donald Trump, le département fédéral de la Justice et la FTC ont ouvert des enquêtes sur ces quatre géants technologiques.

Deux procédures en justice ont été engagées par le département contre Google – l’une sous l’administration Trump, l’autre depuis que le démocrate Joe Biden est arrivé à la Maison blanche, en janvier 2021.

reuters

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