Tendinites de l’épaule liées à l’âge : trop de chirurgies inutiles, alerte la HAS

La Haute autorité de santé a publié de nouvelles recommandations dans la prise en charge des tendinites dégénératives de l’épaule visant à limiter la chirurgie encore trop souvent proposée dans ce cas. Un rappel puisque des recommandations semblables sur l’inutilité de la chirurgie dans le cas des tendinopathies de l’épaule non traumatiques et liées à l’âge avaient déjà été faites par le passé.

Les mauvaises pratiques sont tenaces. Fréquentes, douloureuses et parfois très handicapantes au quotidien, les douleurs de l’épaule sont le plus souvent liées à des maladies musculaires, celles d’un groupe appelé la coiffe des rotateurs, un ensemble de muscles et de tendons jouant un rôle crucial dans la mobilité et la stabilité de l’épaule (lire l’encadré ci-dessous).

Le recours à la chirurgie pour les tendinites de l’épaule est trop fréquent

Or, cette zone peut, en raison de différentes causes, se fragiliser et se détériorer. Traumatismes, infections, mais aussi lente dégénérescence liée à l’âge sont les causes les plus fréquentes. Or, la prise en charge de ces tendinopathies, celles dites non rompues et non traumatiques, demeure souvent inadaptée, le recours à la chirurgie étant trop fréquent.

Des données de l’Assurance Maladie datant de 2014 avaient déjà rapporté par le passé, et malgré des recommandations préalables des autorités de santé, que 25% des patients étaient opérés sans avoir reçu, au préalable, le traitement médical lui tout à fait adapté et suffisant dans ce cas. 

Malheureusement, ces mauvaises pratiques sont décidément bien ancrées, comme le démontre une récente étude menée par la Haute autorité de santé (HAS) qui s’est autosaisie de la problématique. C’est la raison pour laquelle l’institution vient à nouveau (la troisième fois en 20 ans) de publier de nouvelles recommandations.

Qu’est-ce que la coiffe des rotateurs ?

La coiffe des rotateurs est le nom donné à un ensemble des muscles s’attachant sur la tête de l’humérus et la recouvrant à la manière d’une coiffe. Ces muscles sont au nombre de quatre. Il s’agit du muscle supra-épineux, de l’infra-épineux, du petit rond et du sous-scapulaire. Tous sont fixés sur l’os par l’intermédiaire de tendons qui sont fréquemment le siège de pathologies inflammatoires dites tendinopathies. Les deux causes les plus fréquentes sont les traumatismes (sujets jeunes) et la dégénérescence liée à l’âge.

Une prise en charge incomplète et non conforme aux bonnes pratiques

L’état des lieux demeure en effet toujours préoccupant. Une récente étude, menée cette fois en 2022 auprès de 3400 patients opérés de plus de 40 ans, a démontré que dans les 18 mois précédant le passage au bloc opératoire, la prise en charge des patients souffrant de tendinopathie non rompue et non traumatique était pour le moins incomplète et non conforme aux bonnes pratiques. 

Seul un patient opéré sur trois avait eu au moins une séance de kinésithérapie, un sur deux au moins une infiltration et 36 % de patients n’avaient, avant le passage entre les mains des chirurgiens, eu ni IRM ni arthroscanner (un examen permettant de voir précisément les tendons, ligaments, et le cartilage).

D’où le rappel suivant aux spécialistes un peu trop empressés : le traitement de l’épaule douloureuse demeure avant tout « médico-fonctionnel » c’est-à-dire qu’il n’est absolument pas chirurgical mais médical. Il repose ainsi uniquement sur la prise de médicaments antalgiques (par voie orale ou injectables sous forme d’infiltrations locales), sur la kinésithérapie et les conseils de prévention, individuelle et professionnelle.

L’acide hyaluronique et le plasma riche en plaquettes n’ont pas démontré leur efficacité

Dans cette troisième version de ses recommandations, la Haute autorité de santé en profite pour rappeler que les injections d’acide hyaluronique ou de plasma riche en plaquettes n’ont pas démontré leur efficacité. Tout en espérant que ce rappel à l’ordre sera suivi « d’une diminution du recours à la chirurgie, et d’une amélioration de la prise en charge médico-fonctionnelle », la HAS prévient les spécialistes que leurs pratiques seront à nouveau évaluées en 2026, afin de déterminer si cette fois-ci, le message est enfin bien passé.

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