Malgré l’irruption in extremis de Jean-Christophe Rufin dans la course, c’est l’ancien rédacteur en chef de Jeune Afrique qui a été choisi pour prendre la suite d’Hélène Carrère d’Encausse.
Ils étaient deux candidats, Amin Maalouf et Jean-Christophe Rufin. C’est le premier, qui partait favori, qui l’a emporté ce jeudi 28 septembre, devenant secrétaire perpétuel de l’Académie française, poste auquel il succède à Hélène Carrère d’Encausse, décédée le 5 août dernier. Il a été élu au terme d’un scrutin à huis clos, lors duquel les trente-cinq membres de la célèbre institution ont voté.
Rédacteur en chef de Jeune Afrique
Le secrétaire perpétuel est celui qui dirige cette institution chargée de défendre et promouvoir la langue française. Seulement 32 personnes ont assuré cette fonction depuis 1634 et le poste était vacant depuis la disparition de l’historienne française d’origine géorgienne, qui l’avait occupé à partir de 1999.
Cette dernière n’avait pas à proprement désigné de dauphin, mais le Franco-Libanais Amin Maalouf, 74 ans, Prix Goncourt 1993 pour Le Rocher de Tanios et ancien rédacteur en chef de Jeune Afrique, paraissait son successeur le plus naturel.
Très impliqué dans les activités de l’institution où il est entré en 2011, il était le seul candidat jusqu’à la date butoir, lundi 25 septembre, lorsque Jean-Christophe Rufin s’est soudain lancé dans la bataille. L’ancien diplomate de 71 ans, Prix Goncourt 2001 pour Rouge Brésil, avait beaucoup hésité avant de participer à la course.
Il avait même laissé croire un temps qu’il y avait renoncé. Mais l’auteur de L‘Abyssin trouvait frustrant qu’une institution qui se targue d’être de plus en plus moderne passe à côté de cet exercice de démocratie. « C’est la Corée du Nord », déclarait-il, cité samedi par M Le mag, du quotidien Le Monde.
Élu académicien en 2008, il s’était dit ravi d’accueillir un homme dont il disait : « J’ai parfois l’impression que nos rêves ont fait de nous plus que des amis. Des frères. » « Vous êtes un homme d’une exquise politesse et qui manifeste en toute occasion beaucoup d’égards pour ceux à qui il s’adresse », louait-il Amin Maalouf lors de sa réception à l’Académie, en 2012.
Au menu, les finances
Le nouveau secrétaire perpétuel est délesté dans l’immédiat d’une tâche à laquelle Hélène Carrère d’Encausse a consacré beaucoup d’énergie : achever la neuvième édition du Dictionnaire de l’Académie, quasi terminée. Deux autres questions pressantes occuperont Amin Maalouf.
D’abord, les finances. L’Académie française, tout comme les autres branches de l’Institut de France, est dans une situation économique délicate, elle qui vit du produit de ses actifs, de dons et de legs. En 2021, la Cour des comptes l’exhortait à rénover rapidement la Coupole, située quai de Conti, à Paris, en raison du risque d’incendie.
Cela reste à faire. Et la tentative du chancelier de l’Institut, Xavier Darcos, pour que les Académies perdent en autonomie ce qu’elles gagneraient en cohérence de gestion, a fait long feu, face à l’hostilité d’Hélène Carrère d’Encausse.
Ensuite, l’attractivité. Rajeunir et féminiser la Compagnie, actuellement composée de vingt-huit hommes et sept femmes, est un objectif de longue date, très difficile à atteindre cependant.
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