Chaque semaine, le Dr Jean-Marc Sène, médecin du sport, présente sa chronique sport dans Priorité Santé. Aujourd’hui, il nous explique comment l’activité physique au quotidien permet de diminuer le risque de développer de nombreux cancers, mais aussi son rôle dans la prise en charge de la maladie.
On sait maintenant que l’activité physique diminue l’apparition d’un grand nombre de cancers, Voici l’efficacité de l’activité physique, pratiquée régulièrement, pour prévenir différents cancers, selon l’ANSES et l’OMS :
- _Le cancer du côlon : réduction des risques de 25%
- _Le cancer du sein : réduction des risques de 10-27%
- _Le cancer de l’endomètre : réduction des risques de 20%
- _Le cancer du poumon : réduction des risques de 20%
- _Le cancer de la vessie : réduction des risques de 15%
- _Le cancer de l’œsophage : réduction des risques de 21%
- _Le cancer du rein : réduction des risques de 12%
L’exercice physique contribue aussi à limiter la prise de poids, autre facteur de risque de cancers. Elle diminue aussi de près de moitié le risque de récidive pour certains cancers (sein, côlon et prostate).
Lorsque la maladie est là, est-ce également bénéfique de faire de l’activité physique ?
Oui, lorsque la maladie est présente, l’activité physique est aussi efficace ! En effet, elle améliore les capacités fonctionnelles, la qualité de vie et la qualité du sommeil des patients atteints d’un cancer, et cela pour tous les types de cancers.
L’activité physique diminue les effets secondaires des traitements et atténue leur toxicité, avec une amélioration de leurs effets à moyen et long terme. Contrairement à certaines idées reçues, cela ne vous fatiguera pas plus et c’est même une solution efficace pour lutter contre la fatigue, si l’activité est adaptée à vos besoins et à votre état.
De plus, la pratique d’une activité en groupe permet de rencontrer des gens et de lutter contre l’isolement. Le plaisir de découvrir un nouveau sport, d’apprendre de nouvelles techniques est également source de bonheur. Et puis commencer et pratiquer une discipline nécessite un engagement… Tenir cet engagement, se fixer des objectifs à sa portée, peut faire renaître la confiance et l’estime de soi.
Enfin, plus généralement, une activité qui plait peut permettre de se réconcilier avec votre corps, de se le réapproprier, de lui faire du bien après les traitements subis, de retrouver son tonus et sa souplesse.
Quel type d’activité physique peut-on pratiquer et à quelle fréquence lorsqu’on est atteint d’un cancer ?
Idéalement, il faut pratiquer des exercices d’intensité faible à modérée. Rappelons qu’une activité d’intensité modérée se définit par la sensation suivante : « tout en transpirant un peu et en étant légèrement essoufflé, on est encore capable de parler. »
Chaque séance devrait durer au moins 20-30 min d’activité continue ou par intermittence par période de 5-10 min. Vous pouvez compléter vos 30 minutes d’activité quotidienne par une heure d’exercice plus soutenu le week-end. Près de 2/3 des adultes atteignent ces recommandations, en majorité des hommes. Depuis 10 ans, le niveau d’activité physique a en effet diminué chez les femmes.
Mais surtout il est important de pratiquer régulièrement, c’est à dire au moins 3 à 5 fois par semaine et si possible quotidiennement.
Les activités conseillées sont :
- _La marche à pied
- _Le vélo
- _La gymnastique douce
- _La relaxation
- _Le tai-chi
- _Le yoga,
- _La natation
Penser à intégrer des sessions de renforcement musculaire doux sans oublier 7 à 10 min de stretching avant et après chaque séance.
Si vous avez peur de vous lancer, certaines structures proposent des activités sportives destinées aux personnes atteintes ou ayant été atteintes d’un cancer. Ces activités vous permettront de pratiquer une activité sportive adaptée en toute sécurité, grâce à un encadrement de professionnels, en compagnie d’autres personnes ayant eu des parcours similaires au vôtre. Demander des renseignements à votre médecin ou aux associations de patients qui sauront vous aiguiller.
Lorsqu’on est atteint d’un cancer, est-ce qu’il y a des précautions particulières à prendre ou des activités qui sont déconseillées ?
Mis à part quelques cas particuliers, il y a peu de limitations finalement à la pratique sportive, mais demandez toujours conseil à votre médecin avant de reprendre le sport après la fin de votre traitement.
Ainsi, si vous avez subi un geste chirurgical fragilisant les parois de l’abdomen, comme une ablation du colon par exemple, les exercices intenses pourraient être déconseillés. Une rééducation visant à renforcer vos muscles abdominaux sera nécessaire avant de pratiquer des sports plus physiques (musculation, sports de combat, tennis, etc.).
Sachez également que certains traitements ou cancers réduisent la capacité respiratoire : les sports d’altitude et la plongée sous-marine sont alors déconseillés. Si vous souffrez d’un cancer ou de métastases à localisations osseuses, on pourra volontiers vous proposer de pratiquer la natation.
Et puis d’une manière plus générale, demandez l’avis de votre médecin si vous avez des traitements augmentant le risque hémorragique ou infectieux, des plaies ou cicatrices en cours d’évolution.
rfi