Le gouvernement de Joe Biden a annoncé mardi lancer des poursuites, accompagnées de sanctions économiques, contre un réseau chinois accusé de participer à la fabrication de drogues, notamment de fentanyl, un opiacé très puissant à l’origine de dizaines de milliers d’overdoses chaque année aux États-Unis.
Les poursuites, qui portent sur huit chefs d’accusation, visent plusieurs entreprises chinoises « et leurs employés », accusés de participer à la production de fentanyl et de méthamphétamines, a précisé le département américain de la Justice dans un communiqué.
« Nous savons que la chaîne mondiale d’approvisionnement de fentanyl, qui aboutit à la mort d’Américains, commence le plus souvent avec des entreprises de produits chimiques en Chine », a accusé Merrick Garland, secrétaire de la Justice, lors d’une conférence de presse.
Il s’agit de la seconde série de poursuites lancée par les États-Unis à l’encontre d’entreprises et de citoyens chinois, accusés d’avoir participé au trafic de composants nécessaires à la production de fentanyl, assurée désormais majoritairement par les cartels de narcotrafiquants mexicains, surtout ceux de Sinaloa et de Jalisco.
Le procureur général a insisté que la « nécessité » que Pékin bloque le « flux non contrôlé » de ces composants.
Le secrétaire d’État Antony Blinken et M. Garland se rendront par ailleurs mercredi pour « rencontrer nos homologues et discuter des menaces les plus urgentes pour nos deux pays », a-t-il ajouté, précisant que « réduire le pouvoir de nuisance des cartels et la production et trafic de fentanyl seront en haut de la liste».
Dans le détail, les poursuites concernent « huit entreprises chinoises et 12 citoyens, qui tentent d’exporter vers les États-Unis des litres et des litres de précurseurs nécessaires à la production de fentanyl, méthamphétamines et autres drogues mortelles », a précisé la secrétaire adjointe à la Justice Lisa Monaco.
Des sanctions économiques ont également été annoncées par le département du Trésor visant 28 personnes et entités, en Chine, mais également au Canada, selon un communiqué du Bureau de contrôle des avoirs étrangers.
« À partir d’aujourd’hui, ces individus et entités, situés en Chine et au Canada, ne peuvent plus utiliser le système financier américain et il est interdit à tous les citoyens et résidents américains d’effectuer des transactions avec eux », a déclaré Wally Adeyemo, secrétaire adjoint au Trésor, lors de la même conférence de presse.
Crise de santé publique
Le sujet des opiacés est l’un des nombreux éléments de tension politique entre Washington et Pékin. Il a notamment été abordé par la secrétaire au Commerce Gina Raimondo lors de sa visite en Chine fin août.
De mars 2022 à mars 2023, les États-Unis ont dénombré 110 000 décès liés à des surdoses ou des overdoses, dont les deux tiers dues à la consommation de fentanyl, selon les Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC).
Chez les adolescents, les morts par overdose ont bondi de 94 % de 2019 à 2020, d’après les CDC, qui attribuent notamment ce phénomène à la plus grande « disponibilité du fentanyl de synthèse produit illégalement ».
La lutte contre le fentanyl figure parmi les priorités de la Maison-Blanche. Ce puissant opioïde de synthèse est jusqu’à 50 fois plus puissant que l’héroïne.
Wally Adeyemo a précisé que le Trésor avait « identifié et bloqué plus d’une douzaine de portefeuilles de monnaies virtuelles associés » aux personnes poursuivies. Ils « ont reçu des millions de dollars de fonds sur des centaines de dépôts, [illustrant] la portée et l’ampleur de l’opération ».
Il a précisé avoir demandé à « élargir » les personnes ciblées par les sanctions, « pour inclure les amis, les membres de la famille et les affiliés des criminels qui bénéficient de la vente de ces drogues. Si vous bénéficiez des produits de cette activité illicite, nous allons nous attaquer à vos biens ».
Le sujet de la drogue en général figure également parmi les sujets de campagne en vue de l’élection présidentielle de novembre 2024.
Plusieurs candidats républicains ont ainsi promis, s’ils étaient élus, d’utiliser l’armée pour des frappes contre les cartels de la drogue au Mexique.
L’administration Biden a annoncé fin août plus de 450 millions de dollars de financements supplémentaires pour lutter contre la crise des overdoses aux États-Unis.
impact