Au moins cinq personnes ont été tuées et des dizaines portées disparues, dont 23 soldats, dans de fortes crues survenues au fond d’une vallée de l’Himalaya, dans le nord-est de l’Inde, ont annoncé mercredi les autorités.
Ce bilan a été fourni par le gouvernement de l’Etat du Sikkim, selon lequel trois corps ont été retrouvés et plus de douze civils sont portés disparus.
« A cause de soudaines précipitations au lac Lhonak, dans le nord de l’Etat de Sikkim, la Tista -une rivière- est brusquement sortie de son lit (…) 23 soldats sont portés disparus » et des véhicules ont été submergés, ont de leur côté déploré les forces armées dans un communiqué. « Des recherches sont en cours ».
Les services d’urgence s’efforcent de venir en aide aux sinistrés, a dit le chef du gouvernement du Sikkim, Prem Singh Tamang, exhortant la population à « rester vigilante ».
Le Premier ministre indien Narendra Modi a pour sa part affirmé qu’il « assurait tout le soutien possible » aux personnes affectées.
La zone touchée, une région montagneuse et isolée de l’Himalaya, se trouve près de la frontière avec le Népal et la Chine. Le lac Lhonak est situé au pied d’un glacier proche du Kangchenjunga, le troisième plus haut sommet du monde.
En raison d’un barrage en amont qui avait récemment libéré de l’eau, le niveau de la Tista était de 4,5 mètres plus élevé que la normale, a souligné l’armée indienne.
– Ponts détruits –
Six ponts ont été détruits et la route nationale qui relie le Sikkim au reste de l’Inde a été sérieusement endommagée, a raconté le responsable de la gestion des catastrophes de cet État, Prabhakar Rai.
Une vidéo diffusée par un porte-parole de l’armée montre un torrent de couleur brune se déverser dans une vallée plantée de forêts, passant sur des routes et emportant des lignes électriques sur son passage.
Sur d’autres images partagées par les militaires, on voit des immeubles submergés jusqu’au premier étage dans une ville avec la pointe d’une petite grue de chantier qui émerge de l’eau.
« Des précipitations intenses ont conduit à cette situation catastrophique au Sikkim, où la pluie a déclenché une inondation par débordement d’un lac glaciaire, endommagé un barrage et causé des pertes en vies humaines », a expliqué Miriam Jackson, une scientifique spécialisée dans la surveillance des glaces dans les régions de l’Himalaya.
« Nous observons que la fréquence de ces événements extrêmes augmente à mesure que le climat continue de se réchauffer et nous entraîne en territoire inconnu », a ajouté Mme Jackson, dans un communiqué du Centre international pour le développement intégré des montagnes (ICIMOD).
Une partie du territoire du Sikkim est revendiquée par Pékin. « Une confrontation mineure », selon New Delhi, avait eu lieu en janvier 2021 entre soldats indiens et chinois sur le col de Naku La qui relie le Sikkim à la région du Tibet.
Des dizaines de milliers de soldats indiens et chinois sont positionnés de part et d’autre de la longue frontière litigieuse entre l’Inde et la Chine.
Le dernier conflit ouvert d’ampleur entre les deux pays les plus peuplés du monde remonte à la guerre-éclair de 1962, qui avait vu les troupes indiennes être rapidement battues par l’armée chinoise.
– « Rester vigilants »-
Dans l’État voisin du Bengale occidental, des personnes ont été évacuées des districts de Kalimpong, Darjeeling et Jalpaiguri vers des endroits plus sûrs.
Les inondations et les glissements de terrains sont relativement fréquents en Inde et y causent de nombreux dégâts, notamment pendant la mousson, de juin à septembre. Mais, en octobre, la mousson est d’habitude quasiment terminée.
Selon les experts, le changement climatique a augmenté l’intensité des tempêtes tropicales, avec notamment des pluies plus abondantes, provoquant de soudaines inondations.
La fonte des glaciers himalayens accroît également le volume des cours d’eau tandis que les constructions non réglementées dans les zones sujettes aux inondations peuvent exposer les populations locales à des catastrophes.
Entre 2011 et 2020, les glaciers de l’Himalaya ont fondu 65% plus vite que dans la décennie précédente, selon un rapport publié en juin par l’ICIMOD.
Si l’on se fonde sur les trajectoires d’émissions actuelles, les glaciers pourraient perdre jusqu’à 80% de leur volume actuel d’ici à la fin du siècle, a estimé cette organisation intergouvernementale dont le siège est au Népal.
AFP