Des sauveteurs indiens recherchent une centaine de personnes portées disparues dans une vallée du nord-est de l’Inde, à la suite de crues subites provoquées par le débordement d’un lac glaciaire himalayen ayant fait au moins 14 morts, ont indiqué jeudi les autorités.
« Le nombre de vies humaines perdues est de 14 jusqu’à présent, et le nombre de disparus est de 102 », a déclaré Prabhakar Rai, directeur de l’autorité de gestion des catastrophes de l’État du Sikkim.
Parmi les disparus figurent 22 soldats, a indiqué l’armée. Un vingt-troisième a pu être secouru.
L’armée s’efforce de rétablir les connexions téléphoniques et de fournir « une aide médicale aux touristes et aux habitants bloqués », a-t-elle indiqué dans un communiqué.
La zone touchée, une région montagneuse et isolée de l’Himalaya, se trouve près de la frontière avec le Népal et la Chine.
Le lac Lhonak, qui a débordé mercredi, entraînant d’importantes destructions dans une vallée en aval, est situé au pied d’un glacier proche du Kangchenjunga, le troisième plus haut sommet du monde.
– 25 camps déployés –
Un véritable mur d’eau s’est déversé dans une rivière déjà gonflée par les pluies de mousson. Les eaux ont détérioré un barrage et emporté des maisons et des ponts entre autres « sérieuses destructions », a déclaré le gouvernement du Sikkim.
Les équipes de secours s’efforcent de venir en aide aux populations victimes de ces inondations, les communications étant coupées dans de vastes zones. Elles ont déployé 25 camps destinés à ceux qui ont perdu ou dû quitter leurs habitations.
Des dégâts considérables s’étendent à plus de 120 kilomètres en aval, les routes de la région sont « gravement » endommagées et 14 ponts ont été détruits, selon les autorités.
« Les inondations ont semé la destruction dans quatre districts de l’Etat, emportant des gens, des routes et des ponts », a indiqué à l’AFP Himangsu Tiwary, un porte-parole de l’armée.
Le Premier ministre indien Narendra Modi a promis « tout le soutien possible » aux populations affectées.
Selon des images satellite publiées par l’Organisation de recherche spatiale indienne, le lac Lhonak a rétréci des deux tiers, perdant une superficie d’eau d’environ 105 hectares, l’équivalent de 150 terrains de football.
Les inondations et les glissements de terrain sont relativement fréquents en Inde et y causent de nombreux dégâts, notamment pendant la mousson, de juin à septembre. Mais, en octobre, la mousson est d’habitude quasiment terminée.
– « Situation catastrophique » –
Les inondations provoquées par les débordements de lacs glaciaires, souvent accompagnées de chutes de roches, sont plus fréquentes à mesure que les températures mondiales augmentent et que la fonte des glaces s’accentue.
« Des précipitations intenses ont conduit à cette situation catastrophique au Sikkim », a expliqué Miriam Jackson, une scientifique spécialisée dans la surveillance des glaces dans les régions de l’Himalaya.
« Nous observons que la fréquence de ces événements extrêmes augmente à mesure que le climat continue de se réchauffer et nous entraîne en territoire inconnu », a ajouté Mme Jackson, dans un communiqué du Centre international pour le développement intégré des montagnes (ICIMOD).
La température moyenne à la surface de la Terre a augmenté de près de 1,2 degré Celsius depuis l’époque préindustrielle, mais les régions de haute montagne du monde entier se sont réchauffées à un rythme deux fois plus rapide, selon les climatologues.
Selon les experts, le changement climatique a augmenté l’intensité des tempêtes tropicales, avec notamment des pluies plus abondantes, provoquant de soudaines inondations.
La fonte des glaciers himalayens accroît également le volume des cours d’eau tandis que les constructions non réglementées dans les zones sujettes aux inondations peuvent exposer les populations locales à des catastrophes.
Entre 2011 et 2020, les glaciers de l’Himalaya ont fondu 65% plus vite que dans la décennie précédente, selon un rapport publié en juin par l’ICIMOD.
Si l’on se fonde sur les trajectoires d’émissions actuelles, les glaciers pourraient perdre jusqu’à 80% de leur volume actuel d’ici à la fin du siècle, a estimé cette organisation intergouvernementale dont le siège est au Népal.
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