Trois militants écologistes cambodgiens, chaînes aux poignets et aux chevilles, ont protesté vendredi contre la décision d’un tribunal de leur interdire de voyager en Suède pour y recevoir un prix pour leur action.
« S’il vous plaît, laissez-nous aller en Suède, nous devons récupérer notre prix. Le peuple cambodgien nous soutient », a déclaré Phuon Keoraksmey lors de la manifestation à Phnom Penh, suivie par une poignée d’autres activistes, sous la pluie.
La jeune femme âgée de 22 ans fait partie des trois personnes attendues fin novembre à Stockholm pour recevoir le prix Right Livelihood, considéré comme un prix Nobel alternatif, au nom de l’ONG locale Mother Nature Cambodia.
L’association a été récompensée « pour son travail aux côtés des communautés locales pour préserver la nature et les moyens de subsistance », dans un contexte de répression de la société civile, a indiqué Right Livelihood.
Un tribunal cambodgien a condamné en mai 2021 les trois militants à des peines d’emprisonnement allant de 18 à 20 mois pour avoir organisé une marche pacifique pour sauver un lac de Phnom Penh menacé par un projet immobilier.
Ils ont été libérés quelques mois plus tard, mais ils restent soumis à un contrôle judiciaire de trois ans qui les empêche de quitter le pays.
Leur demande de voyager en Suède a été rejetée lundi par un tribunal de Phnom Penh.
Right Livelihood a demandé « un réexamen de la décision » de justice, dans un communiqué paru mardi sur son site.
Des activistes écologistes ont subi des menaces des autorités cambodgiennes ces dernières années, leur combat pour protéger l’environnement se heurtant parfois aux projets initiés à tout va pour développer l’un des pays les plus pauvres d’Asie.
D’autres membres de Mother Nature Cambodia, créé en 2012, ont été ciblés par des actions en justice, dont son fondateur espagnol Alejandro Gonzalez-Davidson qui a été expulsé en 2015 après des critiques sur la politique de barrages hydroélectriques dans la région du Mékong.
Sciences et Avenir